Le 27 juillet 2021, s’est tenu dans la salle de conférences du Conseil régional, l’atelier régional d’information et de sensibilisation sur le Projet d’appui à l’inclusion financière et l’accès au financement des petites et moyennes entreprises (PAIF-PME) pour le Plateau central. Comme dans les régions précédentes, la question de la sécurité des transactions financières a occupé une place de choix dans les échanges, amenant ainsi des techniciens chargés des systèmes d’information des structures bénéficiaires à donner plus de détails sur les dispositions prises pour assurer la sécurité des plateformes de transactions financières numériques.
L’un des volets importants de l’intervention du PAIF-PME est l’augmentation de l’utilisation des comptes de transaction à travers, notamment, la numérisation des paiements du gouvernement et la transformation numérique des institutions de microfinance. Selon les explications de Roger Ouédraogo, spécialiste du suivi-évaluation du projet, « l’utilisation des comptes de transaction, c’est faciliter l’accès aux services financiers à travers les canaux classiques (comptes bancaires, comptes dans les IMF) mais aussi à travers les nouvelles technologies de l’information, notamment, l’utilisation du téléphone pour accéder aux services financiers. Nous allons mettre en place des plateformes pour faciliter tout ce travail. Donc, il y a un travail qui est fait avec les FinTech qui sont des entreprises travaillant à mettre en place des logiciels pour faciliter le travail des services de téléphonie mobile. »
L’utilisation de ces nouveaux moyens prônée par le projet a suscité quelques appréhensions auprès des participants qui les ont exprimées lors des échanges qui ont suivi les communications à Ziniaré. Cependant, ces appréhensions somme toute compréhensibles ne devraient pas, selon les experts en systèmes d’information, bloquer les utilisateurs. Pour Vital Djigma, Directeur du système d’information de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), « c’est normal d’avoir des appréhensions dans ces différentes plateformes qui offrent des solutions de paiement numérique. Mais je voudrais rassurer que lors de l’élaboration des termes de référence, un des points essentiels c’est de tenir compte de ces aspects pour poser des bases de sécurité en mettant en place des outils de sécurité qui soient proactifs pour pouvoir arrêter éventuellement des tentatives d’intrusion, ou après éventuellement s’il y en a, pouvoir résoudre très rapidement le problème. »
Noël Bado, Directeur du système d’information de la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO), est du même avis : « Les participants ont raison de s’inquiéter, parce que la sécurité est très préoccupante de nos jours, surtout avec la question de la cybercriminalité. Il faut dire que c’est une question importante dans le dispositif mis en place, parce qu’il y a deux niveaux qu’il faut distinguer : il y a le dispositif technique qui permet de se mettre à l’abri des attaques, et il y a le volet sensibilisation, parce que la sécurité peut commencer par l’utilisateur lui-même. »
Bien qu’ils comprennent les craintes du public et prônent la prudence, les spécialistes décrivent un ensemble de précautions sécuritaires qui garantissent à toutes les plateformes actuelles une sécurité optimale et hautement fiable, avec une veille permanente. Ainsi, Vital Djigma affirme : « Les informaticiens que nous sommes prenons en compte les risques, à travers des outils de sécurité, en respectant bien sûr la stratégie nationale en matière de cyber- sécurité mise en place. »
Là encore, c’est le même son de cloche chez Noël Bado qui détaille le mécanisme mis en place au niveau national pour prémunir le pays d’éventuels cybercriminels : « Côté dispositif au niveau national, l’Etat a mis en place des infrastructures qui font de la veille sur la cybercriminalité. Il faut être toujours sur ses gardes. Il y a l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information qui appuie toutes les structures par des audits pour identifier leurs difficultés et leur proposer des solutions et des formations en vue de mieux outiller les techniciens à mettre en place de bons mécanismes.». Les techniciens et experts travaillent constamment à garantir une sécurité de rigueur aux systèmes et plateformes de transaction, mais les usagers ont aussi une part de responsabilité dans la sécurisation de leurs comptes. Ce sont eux qui, par méconnaissance du système, pourraient offrir des facilités et des vulnérabilités qui pourraient compromettre leur sécurité. Ce risque est pris en compte par le projet qui devrait accompagner le processus de digitalisation d’une éducation financière pour permettre aux usagers de bien utiliser les technologies mises à leur disposition. « A travers la sensibilisation qui est prise en compte dans le projet, nous expliquons à l’utilisateur quels sont les risques qu’il y a dans la digitalisation. Nous lui disons ce qu’il ne faut pas faire pour ne pas créer des failles », ainsi martelait Noël Bado de la CARFO qui, pour conclure, affirme avec forte conviction que « dans tous les cas, toutes les dispositions sont prises pour sécuriser au mieux les transactions au niveau de ces plateformes. »
Au-delà des questions sécuritaires liées au volet 1 du Projet, des échanges fructueux ont porté aussi sur l’accès aux crédits des agriculteurs et des femmes surtout, les questions environnementales des projets à financer dans le cadre du PAIF-PME et la compétition des plans d’affaires qui sera organisée dans les mois à venir. Enfin, les points focaux du mécanisme de gestion des plaintes ont été installés tout comme dans les autres régions déjà visitées. Ces derniers bénéficieront de renforcements de leurs capacités pour les outiller à traiter éventuellement des plaintes qui pourraient naître de l’intervention du Projet au niveau du Plateau central.o
JB
Encadré
Présentation du Projet
L’environnement des services financiers numériques connait à ce jour, un essor considérable au Burkina Faso. Dominé par des PME et des microentreprises, le secteur privé du pays opère en grande partie dans l’informel. Toute chose qui comporte de multiples inconvénients.
En effet, le manque de garanties, le faible niveau de couverture géographique des points de services, l’asymétrie d’informations, la forte incidence de l’informalité des PME et d’autres facteurs cruciaux limitent leur accès au crédit. Pour le cas particulier du secteur agricole, l’accès au crédit est principalement entravé par la vulnérabilité dudit secteur aux risques climatiques.
Ainsi, de nombreuses personnes, notamment, les femmes, les populations pauvres et rurales, restent exclues du secteur financier formel malgré les efforts considérables déployés au cours des trois dernières années pour accroître l’accès aux services financiers.
L’adoption croissante de la monnaie mobile par les particuliers et les PME observée récemment révèle l’existence d’un important potentiel pour une inclusion financière plus large au Burkina Faso.
C’est pourquoi, des réflexions sont en cours au niveau des autorités monétaires de l’UEMOA pour mettre en place une règlementation appropriée en matière de protection du client, étant donné que la monnaie mobile présente des risques supplémentaires pour les clients, en particulier, ceux qui ont une faible capacité financière.
Le projet de stratégie nationale d’inclusion financière met ainsi en exergue la nécessité d’établir des mécanismes de protection des consommateurs de services financiers.
C’est dans cette perspective que le Projet d’appui à l’inclusion financière et l’accès au financement des petites et moyennes entreprises a été créé suivant l’Arrêté N°2019-00276 MINEFID/SG/DGESS du 27 juin 2019 pour proposer une réponse efficace à ces préoccupations.
Source : https://paif.bf/presentation-du-projet/