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Situation nationale: sortir des sentiers battus

Il y a lieu de donner des gages d’assurance à ce peuple dont l’espoir s’érode. (DR)

Au regard de la dégradation de la situation sécuritaire marquée par l’attaque de Solhan au Sahel, qui a occasionné officiellement 132 morts, et l’embuscade contre un convoi de la Police nationale qui a fait onze tués sur l’axe Barsalogo-Foubé, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a annoncé un certain nombre de mesures.

Lors de son adresse à la Nation, le 27 juin 2021, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a dit prendre la mesure de la dégradation de la situation sécuritaire. Alors que tout le monde s’attendait à ce qu’il annonce directement des décisions fortes contre le péril terroriste, il a appelé à l’union sacrée des Burkinabè et promis de revoir un certain nombre de choses.

« Au regard des enjeux liés à la situation sécuritaire d’ensemble, j’ai décidé, en ma qualité de chef suprême des armées, de prendre toutes les mesures idoines qu’exige la circonstance pour :rétablir la confiance avec notre peuple, dans le secteur de la sécurité ; adapter notre stratégie aux nouvelles réalités du terrain, en revoyant la doctrine d’emploi des volontaires pour la défense de la patrie, et en améliorant la rapidité d’intervention pour les opérations aériennes et terrestres menées par nos troupes », a-t-il énuméré. Il a évoqué également la nécessité de consolider l’efficacité, l’unité et la cohésion du commandement, dans le respect de la discipline militaire et de renforcer la collaboration entre les populations, les Forces de défense et de sécurité et les volontaires pour la défense de la patrie, pour une meilleure défense populaire de notre pays et de maintenir un niveau de prise en charge des personnes déplacées internes, pour qu’elles puissent vivre dignement, en attendant leur retour dans leurs zones d’origine.

Dans le contexte d’une situation exceptionnelle, l’on s’attendait à des mesures exceptionnelles hic et nunc. Mais hélas, le chef de l’Etat est resté fidèle à son style traditionnel de procéder. On annonce les décisions, les décrets suivent et on met en œuvre. En de pareilles circonstances, le temps est compté et il sied d’agir avec promptitude pour affronter les difficultés. Ne dit-on pas qu’aux grands maux les grands remèdes ? Le péril sécuritaire est plus que prégnant. Il faut aller au-delà des discours pour proposer des solutions idoines contre ce fléau qui plombe toutes les initiatives de développement.

L’unité nationale à laquelle le président du Faso exhorte ses concitoyens ne sera effective que lorsqu’il va donner des gages de sortir des sentiers battus pour proposer quelque chose qui rassure. Une certaine opinion soutient que le chef de l’Etat est mal entouré et que sa seule bonne volonté ne peut suffire à résoudre les problèmes auxquels le pays fait face. Il y a donc la nécessité de changer de style non seulement dans la prise de décision, mais aussi dans le choix des hommes.

Pour y arriver, il est impératif d’opérer des choix judicieux. Il est primordial pour le président du Faso de tenir compte du contexte dans lequel il est arrivé au pouvoir. C’est à la suite d’une insurrection populaire où des citoyens ont osé affronter à mains nues les armes du régime déchu pour que cesse le règne de l’arbitraire. Dans sa marche vers sa quête de justice et d’égalité, le peuple s’est forgé une certaine opinion et une certaine conscience citoyenne. Face à une population de plus en plus exigeante et regardante sur la gestion des affaires publiques, il serait logique que les premières autorités en tiennent compte dans leurs responsabilités. D’une part, le choix des hommes pour assumer certaines fonctions doit privilégier les critères de compétences et de probité.

Comme on le dit trivialement, « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Au-delà des accointances politiques et relationnelles, il serait hasardeux de promouvoir des hommes à des niveaux de responsabilités dont ils n’ont pas la pleine mesure des enjeux. En opérant des choix objectifs, on a la chance de promouvoir une gouvernance vertueuse et de célébrer l’excellence.

D’autre part, les décisions inhérentes à la vie de la Nation doivent être prises avec tact, rigueur et intelligence. Inutile de proposer des solutions palliatives qui ne résolvent que de façon superficielle les problèmes. Dans cette guerre contre le terrorisme, tout en reconnaissant les multiples sacrifices consentis, il conviendrait de muscler davantage la riposte contre ces hordes de barbares qui tentent inexorablement d’imposer leur agenda au pays du Sahel. L’on a assez tergiversé avec ces groupes terroristes qui sapent notre vivre ensemble. On a désormais un commandant en chef, incarné par le président du Faso lui-même. Il incarne donc le changement attendu dans la gestion de la crise sécuritaire. Le président est désormais en première ligne et l’erreur n’est plus permise. Un peuple qui perd espoir est un peuple en colère. C’est une nécessité que de poser des actes qui participent à réhabiliter cette confiance lézardée avec les autorités. Les discours sans les actes ne seront qu’un coup d’épée dans l’eau. Le président du Faso a eu la présence d’esprit de prendre langue avec le peuple dans ces moments de délitement du brin de résilience qui lui reste. Il serait encore plus conséquent que les jours à venir, l’on sente les lignes bouger dans le sens de redonner espoir. Rien n’est encore perdu, il suffit de s’autoriser ce sursaut patriotique salutaire.o

Jérôme HAYIMI

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