Sur la période 2018-2020, l’encours de la dette publique a connu une progression continue de 18,7% en moyenne annuelle, passant de 3.366 milliards FCFA à fin décembre 2018 à 4.746,8 milliards FCFA au 31 décembre 2020. Ces informations ressortent du document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2022-2024, adopté par l’Assemblée nationale le 22 juin 2021. Le ratio « encours de la dette publique rapporté au PIB » est passé de 37,7% en 2018 à 46,9% en 2020.
S’agissant de l’encours de la dette extérieure, il est passé de 1.909,6 milliards FCFA en 2018 à 2.433,4 milliards FCFA en fin d’année 2020, soit une progression moyenne de 12,8%. L’encours de la dette extérieure représente 51,26% de l’encours total de la dette publique en 2020.
Quant à la dette intérieure, l’encours est passé de 1.456,4 milliards FCFA à fin décembre 2018 à 2.313,4 milliards FCFA en 2020, soit une progression de 25,8% en moyenne annuelle entre 2018 et 2020. L’augmentation de la dette intérieure en 2020 s’explique principalement par l’émission des bons et obligations du Trésor qui représentent 80,5% de son encours. En ce qui concerne le service de la dette publique, il s’est établi à 627,5 milliards FCFA en fin 2020, contre 345,1 milliards FCFA au 31 décembre 2019, soit une hausse de 81,8%. Comparé à son niveau de 2020, le service de la dette publique en 2018 est ressorti à 256,0 milliards FCFA, affichant une augmentation de 145,1%.
Le service de la dette intérieure est passé de 177,9 milliards FCFA en 2018 à 264,6 milliards FCFA en 2019 pour s’afficher à 542,6 milliards FCFA en 2020. Cette hausse est la résultante du recours de plus en plus accru ces dernières années au financement domestique pour la réalisation de projets et programmes de développement dans le cadre de la mise en œuvre du PNDES. Le service de la dette extérieure s’est situé à 84,9 milliards FCFA en 2020, contre 80,5 milliards FCFA en 2019 (+5,5%) et 78,1 milliards FCFA en 2018 (+8,7%). En outre, l’annulation de 6 mois du service de la dette consentie par le FMI et le moratoire de mai à décembre 2020 accordé par les pays participant à l’initiative G20, en réponse aux effets néfastes de la COVID-19, ont contribué à l’allègement du poids du service de la dette extérieure.
Le DPBEP 2022-2024 projette les perspectives des finances publiques en 2021.
En matière de dette publique, les prévisions de l’encours de la dette à fin 2021 se situent à 5.029,9 milliards FCFA, contre 4.746,8 milliards FCFA à fin 2020, soit une progression de 6,0%. Il se composerait de 2.390,8 milliards FCFA de dette extérieure (en baisse de 1,8% par rapport à 2020) et de 2.639,1 milliards FCFA de dette intérieure (en hausse 14,1% par rapport à 2020). Le taux d’endettement se situerait à 46,5% à fin 2021, contre 46,9% en 2020.
Le service de la dette publique se situerait à 923,4 milliards FCFA à fin 2021, contre 627,5 milliards FCFA à fin 2020, soit un accroissement de 295,9 milliards FCFA (+47,2%). Il sera dominé par le service de la dette intérieure qui sera de 771,2 milliards FCFA, soit 83,5% du service de la dette. Le service de la dette bénéficierait de la poursuite de l’initiative de suspension de service de la dette par certains pays membres du G20, au cours du premier semestre de 2021.
Des projections sur la période 2022-2024, l’encours de la dette publique passe à 5.507,5 milliards FCFA en 2022 pour atteindre 6.465,1 milliards FCFA en 2024, soit une croissance moyenne de 8,3% l’an. En 2022, l’encours s’accroîtrait de 9,5% par rapport à son niveau de 2021 qui était de 5.029,9 milliards FCFA. Les perspectives de nouveaux financements (intérieurs et extérieurs) sur la période 2021-2024 expliquent cette croissance progressive. Sur la période de projection, le taux d’endettement public moyen serait de 47,8%.
En ce qui concerne la dette intérieure, le plan d’émission de titres pour l’année 2021 a été reconduit sur la période 2022-2024. Ce plan prévoit des émissions de bons du Trésor de 300 milliards FCFA par an, dont 60,0 milliards FCFA remboursables dans l’année d’émission et des émissions d’obligations de 910,0 milliards FCFA par an. Le remboursement des bons du Trésor dont l’échéance déborde l’année de leur émission induira des besoins supplémentaires de 325 milliards FCFA durant toute la période de 2022-2024.
Pour ce qui est de la dette extérieure, des tirages sur des conventions de prêts déjà signées sont prévus pour un montant global de 418,3 milliards FCFA sur la période de projection, soit 104,6 milliards FCFA en moyenne par an.
Synthèse de Elie KABORE
Encadré
Risques sur les capacités futures du Burkina Faso à faire face à ses engagements
Le DPBEP 2022-2024 s’inquiète du rythme d’évolution de la dette publique. Des risques pèsent sur les capacités du Burkina Faso à faire face à ses engagements. Le risque de surendettement pourrait apparaitre au niveau de la dette intérieure au vu de son rythme de croissance. La part des intérêts de la dette intérieure dans le service de la dette totale est très importante (31,5 % entre 2011 et 2020 et 18,9% entre 2021-2024). Les coûts élevés du portefeuille des titres publics dont les taux d’intérêt se situent entre 5% et 7% occasionnent des charges futures de la dette. Enfin, le Burkina Faso est aussi exposé au risque de change pour la dette extérieure parce qu’une forte proportion du portefeuille de la dette est libellée en devises étrangères, ce qui expose le stock de la dette à la volatilité des taux de change.