La Covid-19 a mis à rude épreuve la résilience des économies du pays. Selon les données de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso, près de 94% des entreprises ont été affectées par la pandémie. Cette enquête a enregistré une baisse d’environ 86,9% du chiffre d’affaires journalier des entreprises enquêtées (CCI-BF, 2020). « Dans cette tendance, cela correspondrait en moyenne à une perte d’environ 13,6% du chiffre d’affaires mensuel prévisionnel de 2020 des entreprises, si la maladie devait perdurer dans le temps », mentionne le document.
Dans cette morosité économique, un secteur pourtant tire son épingle du jeu. Il s’agit de celui des assurances burkinabè. Ces dernières ont fait preuve de résilience face à l’impact de la pandémie, en mettant en œuvre des Plans de continuité d’activités (PCA).
La production globale du secteur des assurances est en progression de 14% en 2020. Et pour la première fois, cette production passe la barre mythique des 100 milliards FCFA, pour se situer à 108 milliards FCFA. Il s’agit, toutefois, de chiffres provisoires. Selon les données que L’Economiste du Faso a pu recueillir, la production de la branche vie s’élève à +47 milliards FCFA et celle de la branche IARD ou non vie à +62 milliards FCFA.
Une bonne santé de ce secteur qui confirme la progression entamée depuis 2019. Selon les statistiques issues du rapport 2019 de l’Association professionnelle des sociétés d’assurances du Burkina (APSAB), rendu public en mi-février 2021, ce sont les sociétés Non-Vie qui réalisent le gros chiffre d’affaires. En 2019, elles affichaient une progression de 11,29% par rapport à l’année précédente. La croissance en 2020 en assurance vie est de16%, contre 14% en assurance non vie.
Augmentation de part de marché de l’assurance vie
Entre 2015 et 2020, en termes de part de marché, les assurances vie ont gagné plus de 10 points en pourcentage, en passant de 33% à 43%. Ainsi, la dynamique observée dans les assurances vie depuis plusieurs années reste maintenue. Cela dénote de la tendance de plus en plus grande que les populations accordent aux assurances. Pour 2019, le chiffre d’affaires des 7 sociétés d’assurances vie ont progressé de 23,05% pour se situer à 40,19 milliards FCFA. Dans les détails, la répartition du chiffre d’affaires par grande branche Vie montre que cette forte croissance provient des branches assurances-Vie collectives et acceptation-Vie qui enregistrent respectivement 28,53 % et 132,05% de croissance en 2019. Dans le même temps, la branche assurances-Vie individuelles connait une croissance de 17,05%.o
NK
Encadré
Sur la question de l’Impôt sur les revenus des capitaux mobiliers (IRCM), voici le point de vue du rapport
«Les assurances vie pourraient jouer un rôle encore plus important, si le Burkina adoptait des conditions fiscales favorables, notamment, sur la question de l’Impôt sur les revenus des capitaux mobiliers (IRCM). Sur l’IRCM même, les pays dans lesquels l’assurance vie est très développée les conditions sont plus favorables que celles du Burkina Faso.
Pour exemple, le Maroc et la France, avec des taux de pénétration de l’assurance respectivement de 3,7% et 9% en 2019, sont des marchés pour lesquels le secteur des assurances est quasi exonéré de ce type d’impôt. En rappel, au Burkina Faso, le taux de pénétration de l’assurance, qui est le ratio chiffre d’affaires du secteur sur le PIB, n’est que de 1,17% à peine en 2019.
Par ailleurs, dans la plupart des pays de l’espace UEMOA et de la zone CIMA, les intérêts crédités dans les provisions mathématiques des contrats, les rachats partiels et totaux de contrats, les contrats à terme et les participations bénéficiaires ne sont pas soumis à l’IRCM, car cela constitue un facteur décourageant l’épargne longue dont l’Etat ou les autres acteurs du secteur privé ont besoin lors des Appels publics à l’épargne.
L’exonération des provisions mathématiques des contrats d’assurances sur la vie, des rachats partiels et totaux des contrats, des contrats à terme et des participations bénéficiaires de l’IRCM devraient stimuler la production de la branche et sa part de marché représentera plus de 50% d’ici 2025, qui est l’un des indicateurs caractéristiques des marchés d’assurances matures. Et cela permettra à l’Etat de disposer davantage de ressources longues pour ses besoins de financement ».o