La 3e édition des rencontres du marché des titres publics s’est achevée le 22 janvier dernier à la satisfaction des organisateurs et des participants qui ensemble, ont relevé le défi de cette édition virtuelle, imposée par la flambée des cas de Covid-19 dans la région. Pendant trois jours, les participants sont restés scotchés à leurs tablettes, ordinateurs et portables pour ne rien rater des échanges qui ont porté cette année sur « La gestion collective et des investisseurs institutionnels : deux leviers pour mobiliser l’épargne et renforcer la résilience du MTP ». Le Directeur général de l’Agence Umoa-Titres, Adrien Diouf, a reconnu après coup, qu’il avait des appréhensions au départ par rapport au format virtuel mis en place dans l’urgence. Mais au vu des résultats, il s’est dit soulagé, parce que « le défi technique a été relevé malgré quelques couacs, les panelistes étaient ponctuels ».
Quant aux échanges, il estime que les 3e REMTP ont donné lieu à « un dialogue de haut niveau autour des problématiques du marché de la dette souveraine, qui s’est tenu au cours de ces trois journées et nous a permis d’avoir un aperçu des perspectives économiques des Etats pour 2021, ainsi que leur stratégie de financement et des programmes d’émissions de titres publics sur 2021 ».
En termes de perspectives, l’Agence Umoa-Titres envisage la dynamisation du marché secondaire des titres, une convention de marché sera proposée aux acteurs pour avancer sur la mise en place de cette plateforme qui évoluera, à terme, vers une plateforme de transaction, selon le Directeur général, Adrien Diouf. L’élargissement de la base investisseurs est dans les objectifs de l’Agence qui a consacré le panel N° 2 : « Elargissement de la base des investisseurs : comment atteindre les gestionnaires institutionnels?». Les caisses de dépôts et de consignation (CDC), à l’image de celle du Bénin qui a partagé son expérience, les assurances, les caisses de sécurité sociale…une plus forte présence de ces acteurs sur le marché des titres permettrait de proposer des ressources longues, de plus en plus demandées par les Etats membres.
Adrien Diouf a également annoncé la création d’une association des acteurs du marché des titres publics.
Le Burkina Faso était de la partie lors du Focus pays 3 du 21 janvier, à travers le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique, Santére Sanou, et le Directeur général des études et de la planification du ministère de l’Economie, des Finances et du Développement, Docteur Larba Issa Kobyagba. Ce dernier a présenté les perspectives économiques du Burkina sur 2021-2023. Le taux de croissance est projeté entre 5,2 et 6,9% impulsé par le secteur secondaire et tertiaire. Les recettes d’exportation sont concentrées entre 5 produits (l’or non monétaire, le coton égrené, les graines et fruits oléagineux, les cuirs et peaux préparés et les animaux vivants pour l’alimentation) qui représentent 95 % des recettes. Ces recettes soutiennent, certes, la croissance économique mais restent exposées à la volatilité des prix des matières premières. Pour le DGEP, les exportations sont une source importante de devises et de revenus et attirent des investissements étrangers, mais en élargissant la base des exportations avec de nouveaux produits, le pays s’inscrirait dans la transformation structurelle de son économie, améliorerait les performances de ses exportations et les revenus des acteurs et attirerait plus d’investisseurs étrangers. A tire d’exemple, il a cité le secteur de l’élevage, le sésame, la noix de cajou, le karité qui sont des produits à forts potentiels à l’export, appelés filières porteuses dans le cadre du référentiel national de développement.
Pour financer son programme de développement, le Burkina a présenté sa stratégie d’endettement à moyen terme. Elle repose sur le recours au marché financier régional. Le maintien au recours des ressources concessionnelles, un emprunt de ressources non concessionnelles libellées en euros/ sur le marché des titres publics. Pour 2021, le pays est à la recherche de 1210 milliards FCFA, soit 34, 7% en bons de Trésor et 65,2% en obligations de Trésor. o
FW
Encadré
Exportation : l’or écrase tout
Les quatre focus pays ont permis aux 8 Etats membres (deux par focus) de présenter aux investisseurs les perspectives économiques pour 2021 et en rapport avec le thème soumis, de donner leur lecture et les actions en vue avant de présenter leur programme de levée de fonds sur le marché de titres. Le Burkina est intervenu sur le thème de la diversification de la base de ses exportations. Le constat fait par la DGEP révèle que depuis 2003, les recettes d’exportations sont concentrées autour de cinq produits, avec l’omniprésence de l’or. Sa contribution est passée de 2,80 en 2003 à 70,20 en 2019, alors que la contribution du coton fait le mouvement inverse. De 64,40 en 2003, la contribution du produit est tombée à 11, 70%. Sur la même période, on constate également une forte régression de la contribution des produits de l’élevage qui chute de 13,70 à 1,50%. Pour le Burkina Faso, il s’agit d’allier diversification et renforcement de la base des exportations pour soutenir sa croissance. o
FW