Dakola. La ville frontalière entre le Burkina Faso et le Ghana abrite un bureau des Douanes. C’est là que l’Inspecteur principal Marc Bama assure depuis le 1er avril 2020, la mission de chef de bureau. En cette matinée du 20 janvier 2021, une équipe de L’Economiste du Faso a décidé de prendre le pouls dans ce poste des Douanes inauguré en avril 2003. A Dakola, on prend la pleine mesure du caractère économique de ce poste des Douanes. Le flux commercial entre le Burkina Faso et le Ghana est définitivement établi et bat son plein.
A tout point de vue, le site réunit les conditions pour permettre aux agents des Douanes d’être opérationnels et efficaces. L’aire de stationnement y est assez vaste, et il y a peu ou pas de risques d’encombrement.
Renseignement pris, nous nous dirigeons vers le bureau du chef des Douanes. Dans la salle d’attente, il nous faut prendre patience, ici, les transitaires sont prioritaires. Il faut travailler vite et bien afin de faciliter le départ des camions stationnés dans la cour pour leur destination finale. Au bout de 10 minutes, c’est notre tour d’être reçu par le patron des douaniers de Dakola.
L’Inspecteur principal Marc Bama est un homme sollicité. Durant notre entretien avec le chef de bureau, son bureau sera tour à tour assailli par les collaborateurs, transitaires et autres personnels. Malgré toute cette agitation autour de lui et dans le bureau, l’interview se déroule sans encombre, preuve d’un professionnalisme à toute épreuve.
« Notre principale activité est le transit »
Le poste des Douanes de Dakola, nous apprend-il, est un bureau secondaire de transit.
« Notre principale activité est le transit », explique l’Inspecteur principal Bama. Que doit-on comprendre par poste de transit ? Dans le langage douanier, le transit est une procédure dans laquelle les marchandises peuvent circuler sous le contrôle de la Douane entre le bureau des Douanes de départ et le bureau des Douanes de la destination finale.
« Nous avons un dédouanement d’une valeur limitée. Cela signifie que nous ne pouvons dédouaner que les marchandises dont la valeur est inférieure à 1,300 millions F CFA. Tout ce qui vient et qui dépasse notre compétence (la valeur fixée), on les dirige vers les bureaux intérieurs », poursuit le chef de bureau.
Concrètement, quand la marchandise arrive au niveau du poste des Douanes de Dakola, suivant sa valeur, les vérificateurs traitent le dossier. Si le produit rentre dans les compétences du poste douanier, le dédouanement est effectué. Dans le cas contraire, le transitaire monte la déclaration d’importation et c’est sur cette base que le dossier est traité et envoyé dans les autres bureaux pour le dédouanement définitif.
Cette marchandise est quelquefois escortée jusqu’à destination. Au niveau de la Douane, l’escorte est une pratique très ancienne qui sécurise la marchandise. Avec le flux de trafic entre les deux frontières, ce système a été amélioré afin de répondre aux attentes du moment. Selon Bama Marc, par jour, on peut avoir 50 véhicules qui quittent pour Ouagadougou, il est donc difficile d’affecter un agent par camion ». Face à ce dilemme, l’Administration centrale des Douanes a décidé de moderniser cette procédure par la mise en œuvre d’un système de suivi électronique du transit (voir Encadré).
Ainsi, une fois la déclaration d’importation traitée par le transitaire, le dossier du vérificateur est envoyé au Cotrack (géré par Cotecna). « Ils sont chargés du positionnement GPS, de la mise des scellés électroniques, à savoir les balises et câbles de sécurité. Ainsi, le bureau de suivi et de transit peut, sur cette base, suivre en temps réel les marchandises de transit jusqu’à leur destination finale », nous a-t-il expliqué.
Des couacs malgré tout
C’est après les procédures administratives douanières au niveau de Dakola que la balise est mise en place et que démarre le suivi du véhicule. Le centre de contrôle est chargé du suivi du véhicule en temps réel et de la gestion des alertes. Une fois le véhicule au poste d’arrivée, il faut accomplir les procédures administratives douanières, procéder à la vérification du rapport de voyage avant l’enlèvement de la balise. Dans la pratique, les choses sont un peu plus compliquées que cela. Selon le chef de bureau de Dakola, la principale difficulté rencontrée via cette procédure concerne les véhicules communément appelés France au revoir. « On met les balises, mais la plupart des importateurs déposent les véhicules dans les parcs, en attendant le dédouanement. D’autres déposent chez eux à la maison, avec l’acquis en attendant de dédouaner, alors que sur les documents, ils ont entre deux ou trois jours pour se présenter en Douane. Ce qui fait que pour cette année, nous avons déjà près de 500 véhicules dont les acquis ne sont pas apurés ».
En plus de cela, il évoque le fait que certains bureaux des Douanes ne soient pas encore informatisés. « Ce qui fait qu’ils ont du mal à apurer nos documents émis électroniquement ». Autres difficultés, certains fraudeurs, bien malins, disparaissent avec les balises. « Ils peuvent enlever la balise du véhicule et l’installer sur des motos et quelques temps après, nous retrouvons cette balise à Ouagarinter », confie-t-il dépité. Il propose ainsi de rendre le système plus performant en permettant, par exemple, le suivi satellite du véhicule jusqu’au poste d’arrivée.
NK
Encadré
La solution COTRACK (Cotecna Tracking) en bref
COTRACK est un outil personnalisé, c’est-à-dire, conçu suivant les besoins de la Douane, pour la surveillance du transit. Cette mise en œuvre du suivi électronique du transit vise, entre autres :
– la sécurisation et la facilitation des échanges commerciaux ;
– le renforcement des capacités de l’administration douanière en matière de gestion des opérations de transit (contrôle du respect des obligations telles que l’itinéraire, les délais et la destination) ;
– la protection et l’utilisation rationnelle des Ressources humaines disponibles (suppression de l’escorte physique) ;
– la lutte contre la fraude (déversements frauduleux, « faux transit ») ;
– l’optimisation du recouvrement des recettes douanières ;
– un meilleur suivi de la rotation des moyens de transports ;
– le gain de temps, dans la mesure où il ne sera plus nécessaire d’attendre la mise à disposition d’un agent d’escorte.o