Economie

Retard dans l’exécution des marchés publics: Un taux annuel de 11%

Le Directeur exécutif du CIFOEB, Youssouf Ouattara, exhorte l’Etat burkinabè à revoir sa copie en améliorant la passation du secteur des marchés publics. (Ph. DR)

Après avoir observé pendant 5 ans la transparence et l’efficacité dans le processus de la passation et l’exécution des marchés publics du président réélu, Roch Marc Christian Kaboré, le Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB) dit avoir constaté plusieurs anomalies. Lesquelles font perdre beaucoup d’argent au  budget de l’Etat. Il s’agit, entre autres, des retards constatés dans l’exécution des marchés publics et la non-transparence dans la commande publique.  Sur le retard d’exécution des marchés publics, les chiffres disponibles sont hallucinants. Dans une déclaration faite le 30 décembre 2020 à Ouagadougou par le Directeur exécutif du CIFOEB, Youssouf Ouattara souligne qu’en considérant le volume global des marchés exécutés par les ministères et institutions entre 2017 et 2019, il est constaté un retard d’exécution dans 315 marchés en moyenne par an, soit un taux de 11,28%. Une situation qui entraîne des ruptures de stock et des dysfonctionnements de services. A titre illustratif, le CIFOEB cite le retard accumulé dans la réhabilitation du tronçon allant de l’hôpital Yalgado à l’échangeur de l’Est, long de 3,3 km. Un retard qui a occasionné 2 avenants ayant une incidence financière pour le bureau de contrôle. Ces situations présentent des coûts économiques et sociaux énormes pour le budget de l’Etat et pour les citoyens, dit-il.

75% des marchés passés sans mesures publicitaires

La transparence dans le secteur de la passation des marchés publics n’a pas été une vertu durant les 5 ans passés. Il ressort de leur constat que la non-transparence dans la commande publique a fortement impacté les différents budgets de l’Etat. Ce « mouta-mouta » dans le secteur des marchés publics a laissé entrevoir, selon le premier responsable du CIFOEB,  une mauvaise qualité des ouvrages réalisés. Selon Youssouf Ouattara, cette situation occasionne un manque à gagner financier énorme pour l’Etat. Pour les seules réalisations en maîtrise d’ouvrage déléguée, le CIFOEB  note que le coût du préjudice lié à la mauvaise exécution des infrastructures publiques se chiffre à 5.263.241.804 FCFA. Un chiffre qui serait en deçà de la réalité (rapport d’enquête parlementaire 2017). En plus du coût financier pour l’Etat, la mauvaise exécution des marchés publics entrave l’accès des populations aux services publics, notamment, les services sociaux de base. Cette mauvaise gouvernance dans les marchés publics a montré que 75% des marchés sont passés sans mesures publicitaires. Les procédures de passation de marchés publics sans publicité font perdre l’initiative de la participation des entreprises à l’objectif de « libre accès à la commande publique », estime le CIFOEB. Ce volume de plus en plus élevé des procédures non concurrentielles dans la sélection des prestataires suscite des inquiétudes, à en croire Youssouf Ouattara. Le CIFOEB dit avoir observé que sur les procédures de passation des marchés publics, 3 marchés sur 4 ont été passés sans publicité, limitant ainsi la densité de la concurrence et partant, les gains espérés d’une concurrence saine.

Ambèternifa Crépin SOMDA

 

Encadré

La dépense sécuritaire « ne doit plus être un tabou »

Sur la situation sécuritaire actuelle du pays, le CIFOEB évoque la nécessité d’envisager une autre forme de gouvernance dans le secteur autrefois hors des débats publics au nom du « secret-défense ». Pour le CIFOEB, la transparence sur les dépenses sécuritaires est restée pendant longtemps un thème « tabou ». Au regard de la situation sécuritaire actuelle, ce secteur doit faire l’objet de débat public, même s’il est vrai que les questions de défense et de sécurité sont des domaines réservés, il n’en demeure pas que les exigences de bonne gouvernance s’imposent à tout service public et ses animateurs. 

 

Encadré

La perte financière de plus de 5 milliards FCFA pouvait permettre d’acquérir 250 ambulances

Selon des données de la Direction générale des Impôts (DGI) et de la Direction générale du Budget (DGB) issues du rapport « Les pertes budgétaires dans le domaine minier » publié en 2019 par l’économiste-gestionnaire, Mahamadi Sangla, 200 ambulances coûtent 4.800.000.000FCFA. Sur cette base, nous pouvons déduire que cette perte financière de 5.263.241.804 FCFA liée à la mauvaise exécution des infrastructures publiques pouvait permettre à l’Etat burkinabè d’acquérir pratiquement 250 ambulances pour sauver des vies humaines.

 

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