Rendu officiel dans la soirée du 10 janvier 2021, le nouveau gouvernement a plutôt des allures d’un remaniement ministériel. Autre fait marquant, le Premier ministre a fusionné certains départements ministériels. Recherche d’efficacité et la poursuite de certaines réformes peuvent expliquer l’ossature actuelle de l’équipe gouvernementale.
Même si le nombre de ministres est passé de 32 à 33 dans le nouveau gouvernement, il est à noter que trois départements ont connu une fusion. Sont concernés les ministères des Affaires étrangères, de l’Energie et de la Justice. Ils ont respectivement ramené dans leur giron les départements de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur, des Mines et Carrières, et des Droits humains et de la Promotion civique.
Cette fusion pourrait s’appréhender sous deux angles, à savoir la recherche d’une certaine efficacité et la réduction des dépenses publiques. En fusionnant ces départements, les autorités entendent trouver une certaine efficacité dans l’action gouvernementale. Il faut se rappeler que bien qu’étant séparés, certains départements continuaient à intervenir dans les domaines identiques.
Ce qui donnait l’impression de doublons. Il s’agit, notamment, du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et celui de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur. Il n’était pas rare de constater la présence des deux ministres dans les mêmes activités, plus précisément sur les questions africaines et sous-régionales. En supprimant ces ministères pleins, le gouvernement donne aussi l’exemple qu’il veut réduire les dépenses de l’Etat. Dans un contexte où les autorités entendent remettre sur la table la question de la remise à plat des salaires, il y a lieu de revoir certaines dépenses publiques. Il n’est pas question de vouloir établir une certaine équité alors que le train de vie de l’Etat laisse à désirer. Le nombre de ministères demeure important, mais c’est déjà un petit pas encourageant.
L’autre fait majeur à prendre en compte dans ce gouvernement est le maintien de certains ministres à leur poste. Le bouleversement tant attendu n’a pas été au rendez-vous. Un choix qui peut se justifier par la volonté des premières autorités de maintenir une stabilité dans la mise en œuvre de réformes significatives. Parmi celles-ci, la réforme inhérente à la modernisation de l’administration publique portée par le ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale. De nombreux acquis ont été enregistrés dans le cadre de ladite réforme au cours de l’année écoulée. En maintenant le ministre en charge de la Fonction publique, il y a le souci de soutenir la dynamique dans l’optique d’espérer les résultats escomptés.
Ce quinquennat recèle de nombreux
Il en est de même pour les départements en charge de la sécurité, de la défense, de l’économie et des finances et bien d’autres. Pour le cas spécifique de la sécurité et de la défense, il y a lieu de rappeler que le défi sécuritaire est toujours prégnant et il sied de préserver les acquis pour mieux avancer. Dans le secteur de l’humanitaire, le challenge est aussi crucial avec plus d’un million de personnes déplacées internes.
Le président du Faso a fait la promesse d’œuvrer au retour des Burkinabè dans leurs localités d’origine durant son second mandat. Le fait de garder la responsable du département en charge de l’action humanitaire en place peut s’analyser dans la perspective d’une coordination conséquente de la prise en charge des PDI. Dans les secteurs de l’éducation et de l’enseignement supérieur, c’est également le leitmotiv de la stabilité qui a certainement prévalu dans le maintien des premiers responsables. Au-delà des choix politiques opérés avec l’ouverture du gouvernement à d’autres sensibilités, la recherche de l’efficacité et la préservation des acquis ont été prépondérantes. En un mot, la continuité a été privilégiée pour maintenir une relative stabilité dans des secteurs clés.
Il reste maintenant à voir la machine gouvernementale se mettre en branle pour la réalisation des dix chantiers du président du Faso.
Ce quinquennat recèle de nombreux défis et il n’y a pas de temps à perdre. Il va falloir aller vite au charbon pour remettre en chantier des projets qui ont été plombés par le péril sécuritaire. Le chef de l’Etat a déjà donné le signal dans son message de nouvel an. « Pour ce faire, nous devons, ici et maintenant, engager les réformes qui s’imposent pour améliorer la gouvernance aux plans politique, économique et social, lutter plus efficacement contre la corruption et amener les Burkinabè à aimer et à être fiers de leur pays. L’avenir radieux du Burkina Faso, le salut de notre Nation viendront de notre capacité individuelle et collective à oser ensemble le changement porteur de paix, de démocratie, de cohésion sociale, de justice et de prospérité partagée », a-t-il soutenu. Oui, il faut oser ensemble le changement qui profitera à tous. Décideurs comme simples citoyens.o
Jérôme HAYIMI