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Secteurs sociaux de base: les allocations budgétaires en baisse

Une analyse sans complaisance des différents budgets de l’Etat burkinabè est faite depuis des années par une plateforme des organisations de la société civile (OSC) burkinabè sur la justice fiscale. Le budget, gestion 2021, n’a pas dérogé à cette règle, il a fait l’objet d’une lecture attentionnée sur les différentes allocations budgétaires. Selon le Centre d’études et de recherche appliquée aux finances publiques (CERA-FP), qui a conduit l’étude, le gouvernement est à féliciter dans les moyens conséquents qu’il ne cesse d’allouer au volet « sécurité et défense ». 

« Sécurité et défense » en hausse avec 16,71% du budget 2021

En effet, depuis 2015, la part budgétaire consacrée au secteur sécurité est  sans cesse croissante. La même constance est observée en  2021, où  le secteur « sécurité et défense » a bénéficié d’un montant de 443,206 milliards FCFA.  Un montant correspondant à 16,71% des prévisions du budget 2021.

Education, un taux supérieur aux engagements internationaux

Le secteur de l’éducation englobant les ministères en charge de l’enseignement (MENAPLN et MESRSI) et le programme consacré à la formation professionnelle représente 23,66% du budget 2021. Cette part budgétaire, au-delà de l’engagement de 20% du budget national à allouer à ce secteur (forum de Dakar sur l’éducation de 2000), est à saluer. Toutefois, le gouvernement devra veiller à une gestion rigoureuse de ces ressources afin qu’elles produisent les résultats escomptés. A contrario, les OSC se désolent de constater que d’année en année, les parts d’allocations consacrées à certains secteurs sociaux de base (santé, eau et assainissement, agriculture…) sont en deçà des différents engagements auxquels le Burkina Faso a souscrit. Il ressort des conclusions de cette étude rendue publique le vendredi 18 décembre 2020 à Ouagadougou, que les dépenses prévisionnelles à destination de ces secteurs sociaux de base ont été estimées à 42,94% du budget 2021, soit un montant de 1 138,750 milliards FCFA.

Santé, un taux largement en baisse

Dans les détails, le Secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio, qui a présenté l’étude, souligne que le secteur de la santé représente 11,93% du budget de l’Etat, gestion 2021.  Un taux qu’il affirme être largement en deçà de l’engagement d’Abuja de 15% du budget national à accorder à ce secteur. Par ailleurs, il souligne que la survenue de la maladie à Coronavirus a engendré de nouveaux besoins au niveau de la santé. A cela s’ajoutent les personnes déplacées internes qui ont des besoins en termes d’accès aux soins de santé. Une telle situation, dit-il, impose de nouveaux défis au gouvernement avec pour résultante, une allocation de ressources conséquentes. D’où l’impérieuse nécessité d’accroître la part du budget alloué à la santé pour faire face à ces nouveaux défis et préserver les acquis dans le secteur.

Agriculture, le gouvernement n’en a pas fait  une priorité

Le budget de l’agriculture représente 4,97% du budget total de 2021. Cette part budgétaire est très faible et ne pourrait pas permettre de booster la production agricole dans une logique de couverture des besoins alimentaires des Burkinabè. Face à cette situation où les besoins alimentaires du pays dépendent en grande partie des importations, l’étude recommande que l’accent soit mis sur la valorisation des potentialités agricoles dont le pays regorge. Le gouvernement devra aussi travailler à accroître les allocations budgétaires en faveur de ce secteur pour espérer assurer le droit à l’alimentation pour tout Burkinabè.

Eau et assainissement

Les allocations budgétaires en faveur du secteur de l’eau et de l’assainissement représentent 2,38% du budget 2021. Au regard des nombreux défis dans le secteur, cette part budgétaire est assez faible pour assurer le droit d’accès à l’eau potable et le droit à l’assainissement. Or, ces droits sont très importants pour prévenir bon nombre de maladies. Il est donc impératif que le gouvernement travaille à assurer ce droit par une augmentation du budget à y consacrer en 2021.

Protection sociale : Plus d’un million de déplacés

L’étude a aussi cherché à connaître le montant alloué à la prise en charge des personnes indigentes/vulnérables qui fait partie des priorités du gouvernement. La question de la protection sociale est donc une préoccupation d’actualité, d’autant plus que le Burkina Faso traverse aujourd’hui une crise sécuritaire jamais connue. Ce contexte a engendré de nombreuses personnes déplacées internes (PDI) fuyant les zones hostiles. Le nombre de déplacés internes liés aux attaques terroristes est passé de 838 548 en mars 2020 à 1 013 234 en août 2020, soit une augmentation de 2% en 5 mois, dénotant de l’ampleur du phénomène. Les interventions du gouvernement pour la prise en charge de ces personnes demandent à être renforcées. Ce phénomène s’ajoute aux préoccupations des couches sociales vulnérables qui ont des besoins à satisfaire et donc à prendre en compte dans le budget de l’Etat. Cependant, le niveau d’allocation des ressources à la protection sociale reste faible pour relever ce défi. En effet, la part budgétaire allouée à la protection sociale est de 1,6% en 2021, soit 41,904 milliards FCFA. Selon l’étude, cette part demeure minime au vu du nombre croissant des PDI et des autres couches sociales qui attendent des actions concrètes de la part du gouvernement pour voir leurs conditions de vie s’améliorer.o

Une synthèse de Ambèternifa

Crépin SOMDA

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