A la veille des festivités marquant la célébration du 11-Décembre dans une région, des voix s’élèvent régulièrement pour critiquer la qualité des infrastructures réalisées. La dernière édition qui a eu lieu à Banfora, dans la région des Cacades, n’y a pas échappé. Des fils et filles ont indexé la qualité des ouvrages, notamment, la cité des forces vives, le bitumage des routes… Leur porte-parole, le Pr Abdoulaye Soma, candidat malheureux à la dernière élection présidentielle (2020), a parlé de « bâclage » des travaux. Il enfonce le clou en ces termes : « C’est à Banfora que lorsqu’on circule sur un goudron terminé, on est poursuivi et envahi par la poussière du goudron. C’est anormal dans la gestion d’une localité de la République. Seul le gouvernement a le secret de l’explication de ce qui a été fabriqué à Banfora ». Faux, rétorque le gouvernement à travers le ministre de l’Administration territoriale, également président du Comité national d’organisation, Siméon Sawadogo, qui relève que Banfora a été une totale réussite. Il dit en vouloir pour preuve, les nombreuses réalisations socioéconomiques dont la région a bénéficié et dont le coût est estimé à environ 30 milliards FCFA.
Dédougou, Tenkodogo, Gaoua, Koudougou, Manga, Dori, Kaya et Ouahigouya
En attendant que le citoyen bénéficiaire des ouvrages tranche le débat, le Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB) a jeté un regard critique sur la contribution des réalisations du 11-Décembre au budget des collectivités dans 8 Communes chefs-lieux de région ayant déjà abrité la fête nationale, à savoir Dédougou, Tenkodogo, Gaoua, Koudougou, Manga, Dori, Kaya et Ouahigouya. Cette problématique a été abordée à partir d’une étude faite par CIFOEB en partenariat avec DANIDA. La restitution de l’étude a été faite le 4 décembre 2020 à Banfora. A cette occasion, les résultats provisoires de l’étude ont été présentés à un auditoire composé de toutes les parties prenantes par le Directeur exécutif du CIFOEB, Youssouf Ouattara. Dans l’exposé de l’étude, le Directeur exécutif du CIFOEB a souligné que « les investissements induits par l’organisation du 11-Décembre n’ont pas significativement profité aux budgets des Communes analysés ». Il dit en vouloir pour preuve que sur les 6 Communes enquêtées, seule la Commune de Gaoua a connu globalement une amélioration des recouvrements au-delà des projections. Face à cette situation qui doit interpeller l’Etat et les populations bénéficiaires des festivités du 11-Décembre, Youssouf Ouattara dit qu’il y a une explication. « Cette contre-performance globalement observée traduit l’idée que malgré le volume important des ressources injectées dans les Communes, les investissements retenus et réalisés ne sont pas susceptibles de créer une dynamique économique pouvant améliorer les ressources propres desdites Communes », fait-il savoir. Toujours sur les causes, l’étude révèle que dans la plupart des Communes, d‘autres facteurs pourraient contribuer à ce résultat. Il s’agit, entre autres, du retard dans la rétrocession des infrastructures, l’incivisme et les insuffisances des administrations de recouvrement. Le délai assez long dans l’opérationnalisation de ces investissements contribue, nul doute, à accentuer le manque à gagner au profit des budgets locaux. Au-delà de sa dimension « festive et folklorique », le CIFOEB estime que la célébration du 11-Décembre, en plus de booster les potentialités des localités, doit être l’occasion de réaliser des investissements productifs. Le CIFOEB promet la disponibilité de l’étude provisoire dans les prochaines semaines.
Synthèse de ACS
Encadré
Pour une meilleure optimisation des ressources municipales à partir des réalisations socioéconomiques du 11-Décembre, le CIFOEB a fait quelques propositions :
– Aligner les investissements du 11-Décembre aux plans locaux de développement ;
– Orienter les investissements vers la réalisation d’unités de productions et de transformations structurantes des produits locaux pour plus d’impact économique ;
– Opter pour des infrastructures de soutien à la production ;
– Développer des initiatives au niveau des Communes pour exploiter pleinement les infrastructures réalisées ;
– Une meilleure organisation des administrations de recouvrement avec l’intégration de la digitalisation.