L’Economiste du Faso : La ville de Banfora et la région des Cascades ont été durement touchées par les conséquences de la Covid-19 dans son volet tourisme. Votre ministère a-t-il pu mesurer cet impact ?
Abdoul Karim Sango, ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme : Avant tout propos, je voudrais saluer votre organe de presse pour l’intérêt qu’il porte aux secteurs de la Culture, des Arts et du Tourisme et surtout pour sa contribution à leur promotion.
Pour en venir à votre question, il faut dire que les impacts de la Covid-19 sur lesdits secteurs sont considérables, car les activités sont essentiellement des prestations libérales.
Avec les mesures qui ont été édictées pour freiner la propagation de la maladie, les spectacles ont été annulés, les salles de spectacle fermées, les grands rassemblements interdits, les maquis et bars fermés, et les acteurs culturels eux-mêmes confinés, sans pouvoir offrir la moindre prestation.
Je dois reconnaître que la mesure des impacts d’un phénomène comme la Covid-19 nécessite une étude approfondie et elle demeure difficile actuellement, alors que la pandémie est toujours d’actualité. Malheureusement, les acteurs culturels subissent toujours les affres de cette pandémie.
Quelles actions diligentes le ministère a-t-il menées ?
Le département a vite pris la mesure de l’urgence sanitaire et la nécessite de faire quelque chose pour accompagner les acteurs. Nous avons mené des activités de sensibilisation, appuyé financièrement et matériellement des artistes pour la réalisation de chansons et de scénarii de sensibilisation. Aussi, nous avons initié un programme de soutien à travers le BBDA, et obtenu du chef de l’Etat un fonds d’appui aux acteurs culturels, d’un montant de 1,250 milliards F CFA, et un appui au secteur touristique dans le cadre du fonds d’appui à la relance de l’économie.
Ces solutions portent-elles des fruits ?
Naturellement, les acteurs ont été suffisamment impactés, du fait de la précarité de leurs emplois.
Nombre d’entre eux ont bénéficié de financements conséquents qui permettront, d’une part, de réparer les préjudices causés par les restrictions et d’autre part, de relancer les activités. Je voudrais vous donner des chiffres à titre indicatif.
Pour la relance du domaine des arts de la scène, des acteurs culturels ont touché des montants oscillant entre 150.000 F CFA et 4 millions F CFA ; pour la relance de la musique et du slam, entre 400.000 F CFA et 3 millions F CFA ; pour le domaine de la relance du patrimoine culturel, 500.000 F CFA à 2.800.000 F CFA.
Il vous souviendra que les fonds ont été déjà débloqués pour la réparation des préjudices et la contribution aux charges fixes, depuis le 3 novembre dernier. Les bénéficiaires viennent des quatre coins du pays. Je dois signaler que le processus est en cours ; nous déroulons lentement et sûrement et toutes les filières seront satisfaites.
Pour le reste, vous pouvez le vérifier avec les acteurs eux-mêmes.
Dans le cadre du 11-Décembre qui y sera célébré, Banfora devrait bénéficier d’une salle polyvalente. Qu’attendez-vous comme retombées sur la culture de cette salle de spectacle?
Pour commencer, je voudrais rappeler que la région des Cascades compte parmi les premières régions, en termes de diversité ethnique et de potentiels naturels à vocation touristique.
Cela fait des Cascades une région très dynamique sur le plan de l’animation de la vie culturelle, mais aussi de visites touristiques. C’est une destination de choix grâce à des évènements majeurs comme les journées de la clairière, Niangoloko en fête…et des sites majeurs comme les pics de Sindou, les Cascades de Karfiguela et les dômes de Fabédougou. J’ose espérer que de nombreuses personnes profiteront de cette célébration pour visiter des sites et attraits touristiques ; qu’ils reviendront encore pour faire la ronde des autres sites, entraînant dans leurs sillages, des membres de leurs familles, et des amis. Le but étant de faire de la région un pôle touristique.
Quel est le poids de la région des Cascades sur le plan touristique et culturel au Burkina Faso. Et combien les activités rapportent-elles au PIB ?
Le tourisme a rapporté en 2018, 644.777.527 Francs CFA au titre seulement des établissements touristiques d’hébergement. Pour ce qui est des sites touristiques, la collecte de données est effectuée actuellement sur des sites pilotes pour mesurer les entrées de devises.
En ce qui concerne la culture, la contribution d’ordre immatériel n’est plus à démontrer. On ne dira jamais qu’elle contribue à notre humanisation, notre socialisation, à la pacification et l’harmonisation de nos sociétés. Sans la musique, les arts, j’imagine ce que seraient nos sociétés.
Votre ministère a-t-il un plan pour booster l’artisanat de la région ?
Je répondrai par l’affirmative. Les actions que nous déployons sur l’ensemble du territoire, à travers les Directions déconcentrées, sont inspirées de la Stratégie nationale de la culture. Celles-ci visent à promouvoir le développement socioéconomique sur la base de la spécificité du patrimoine culturel et touristique de chaque région.
Quant à la région des Cascades, la vannerie est une tradition, dans la mesure où elle est la zone par excellence du rônier. Il y a nécessité aujourd’hui, vu le danger de la contrefaçon et de la copie, de sécuriser les créations des braves vannières de la région. Cette sécurisation doit se faire par la labellisation comme pour le chapeau de Saponé. Des études seront diligentées sous peu, de concert avec les acteurs que sont les collectivités, les structures déconcentrées, pour aboutir à une vannerie étiquetée, made in Burkina Faso.o
Propos recueillis par NK