Le commerce intracommunautaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est faible. Selon le président de la Commission de l’UEMOA, Abdallah Boureima, le taux oscille entre 15 et 16%. Comparativement à celui de l’Union européenne qui est de 60%. Cet écart, de l’avis du « patron » de la Commission de l’UEMOA, prouve que les 8 Etats membres de l’espace communautaire doivent y remédier à travers des solutions radicales. C’est ainsi qu’en décidant le 25 octobre 2019 de faire du « mois d’octobre, mois du consommer local », les 8 ministres en charge du commerce et de l’industrie ont décidé de passer à l’offensive.
La première édition a été célébrée le 6 octobre 2020, au siège de l’UEMOA à Ouagadougou. Pour Abdallah Boureima, ce désintérêt des populations à la consommation locale constitue un véritable obstacle à la compétitivité des entreprises de l’Union qui n’arrivent pas à tirer suffisamment profit du vaste marché de 130 millions de consommateurs. Selon les ministres en charge du commerce, à leur dernière réunion annuelle en 2019, malgré les multiples efforts dans la transformation des produits locaux, les modes de consommation de l’Union sont extravertis. Pour parer à cela, une invite a été faite aux populations à consommer davantage la production locale. Le président de la Commission de l’UEMOA a exhorté les différents Etats à promouvoir le made « in UEMOA » afin, dit-il, de promouvoir la compétitivité des entreprises. Ce mois de consommer local sera magnifié dans les 8 Etats à travers des foires et expositions des produits locaux, d’ateliers de réflexions inclusives sur les obstacles à la consommation des produits locaux, des activités de consommation des produits locaux et permettra d’envisager un mécanisme de valorisation des produits locaux à travers un label de qualité.
« Consommons ce que nous produisons »
Le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Harouna Kaboré, également parrain, a rappelé que le Burkina Faso était en avance dans cet élan. Il cite en exemple le port du Faso Danfani qui n’est plus une « gène » pour les Burkinabè. Conséquence, dit-il, on assiste à une industrie florissante des unités textiles. D’autres mesures incitatives ambitieuses ont également été prises. Il s’agit du projet de labellisation des produits du terroir tels que le Faso Danfani, le chapeau de Saponé, le beurre de karité, les peaux et cuirs et bientôt le pagne Kôkô donda ; l’initiative 100 produits certifiés ; la facilitation d’accès aux produits locaux, aux commandes publiques dans le cadre des achats étatiques. En plus, le Burkina Faso a décidé d’accroître la compétitivité des produits locaux à travers le renforcement de la production et la transformation des produits de grande consommation, la promotion de la qualité des produits à travers l’homologation de 300 normes et la promotion des achats locaux dans les consommations alimentaires des industries minières. Pour le ministre, le choix pertinent de valorisation des produits locaux vient réhabiliter le Président Thomas Sankara qui, lors de la 25e conférence de l’Union africaine en Ethiopie, avait lancé ces mots aux Africains : « Faisons en sorte que le marché soit le marché des Africains. Produisons ce dont nous avons besoin et consommons ce que nous produisons au lieu d’importer. (…) Nous devons accepter de vivre africain. C’est la seule façon de vivre libre et de vivre digne ». Au regard de ce constat, il a émis le vœu que cette activité se pérennise dans le temps grâce à la qualité et à la diversité des produits proposés. Harouna Kaboré a insisté sur la visibilité, l’accessibilité et surtout la disponibilité des produits locaux aux consommateurs. Sur ce terrain, le vice-président de la Chambre consulaire régionale de l’UEMOA, Abdoulaye Djadah, a martelé que le secteur privé de l’espace communautaire jouerait sa partition. A terme, dira le ministre, est que les entreprises de l’espace UEMOA profitent des avantages du marché africain avec la Zone de libre-échange économique africaine (ZELCAF). o
RD
Encadré
Plus de 200 milliards de F CFA dans les produits locaux
De janvier 2019 à juin 2020, le gouvernement burkinabè a injecté plus de 200 milliards via ses départements ministériels, dans la consommation des produits locaux. Le gouvernement burkinabè a pris une mesure incitative portant consommation des produits alimentaires locaux par les structures publiques. Selon un rapport du ministère en charge du commerce présenté le 28 septembre 2020 à la 3e rencontre Etat/secteur privé à Bobo-Dioulasso, il ressort que la consommation globale des ministères en produits locaux est estimée à 219.652.720.558 FCFA de janvier 2019 à juin 2020. En rappel, le nombre de produits locaux est passé de 10 à 26 depuis 2019. o