En plus des substances des mines, le sous-sol burkinabè est riche en substances de carrières. Pour Abdoulaye Sambaré, Directeur général des carrières, « ce sont des substances minérales non métalliques. On peut les regrouper en minéraux industriels, en roches industrielles et en matériaux de construction ». Les substances de carrières sont aussi connues sous l’appellation « minéraux du développement », un terme utilisé par certaines institutions comme le PNUD.
L’article 22 du Code minier donne également des indications sur les substances de carrières. Il les catégorise en matériaux de construction, d’empierrement et de viabilité, d’amendement pour la culture des terres et servant à l’industrie céramique. Toutefois, le Code minier fait exception des phosphates, du nitrate, des sels alcalins et autres sels associés dans les mêmes gisements et les tourbières.
Combien d’industries de carrières compte le Burkina ? Abdoulaye Sambaré informe qu’au 30 juin 2020, le Burkina Faso compte 23 autorisations industrielles valides en exploitation effective. 11 autres sont en arrêt d’activités et une quarantaine en attente d’exploitation. On dénombre en plus une vingtaine de demandes en cours et une dizaine de demandes d’autorisations semi-mécanisées en instance.
Les principaux minerais exploités sont principalement le granite, les calcaires dolomitiques et les tufs.
La contribution de l’exploitation des substances de carrières à l’économie n’est pas négligeable. En 2019, selon la Direction générale des carrières, 656,080 millions FCFA ont été versés comme recettes dans le budget de l’Etat. Des recettes en hausse par rapport à 2017 (520,289 millions FCFA) et en 2016 (590,329 millions FCFA). Ces recettes se composent des redevances sur la production, des taxes surperficiaires et des droits fixes.
La contribution de l’exploitation des substances de carrières à l’économie se mesure également à travers la création d’emplois. Toujours selon les données de la Direction générale des carrières, 900 emplois ont été créés dans les carrières industrielles en 2019 et 8.000 dans les carrières artisanales. En outre, certains promoteurs réalisent des infrastructures sociales (écoles, forages, reprofilage des routes…) au profit des populations locales. Toutefois, beaucoup d’efforts restent à faire en matière de responsabilité sociétale des entreprises de carrières, reconnait le Directeur général des carrières.
Les sociétés de carrières contribuent au Fonds minier de développement (FMDL) à hauteur de 1% de leur chiffre d’affaires. De 2017 à 2019, la somme de 312,898 millions FCFA a été collectée dans ce cadre, dont 124,468 millions FCFA en 2019.
Malgré ces chiffres, force est de reconnaitre que les carrières pourraient rapporter plus au budget national si un accent particulier est mis sur l’exploitation nationale.
A titre d’exemple, bien que le pays regorge des ressources importantes en matériaux carbonatés (calcaires, calcaires dolomitiques), les importations de ciment, y compris le clinker et de chaux, restent élevées. Entre 2016 et 2019, les 7.630.134 tonnes de ciment hydraulique ont été importées pour une valeur de 373,277 milliards FCFA.
Pour ce qui concerne la chaux, les 214.479 tonnes importées entre 2016 et 2019 ont coûté 47,333 277 milliards FCFA. En rappel, certaines sociétés minières consomment plus de 10.000 tonnes de chaux par an.
L’espoir est permis avec l’unité de production industrielle de calcaires dolomitiques en cours d’installation. Elle prévoit une production annuelle de 17.725 tonnes.
Les réserves de phosphates de Kodjari, par exemple, sont pourtant évaluées à environ 100 millions de tonnes et peuvent servir à la fabrication d’amendements et d’engrais. Pourtant, pour la campagne humide 2019-2020, le gouvernement accompagne les producteurs avec 33.500 tonnes d’engrais minéraux importés pour la majorité. Une meilleure valorisation de ces ressources permettra au Burkina Faso de satisfaire la consommation nationale en chaux, en ciment et en engrais avec en plus des possibilités d’exportation. Les argiles constituent également une véritable opportunité. Le Burkina Faso dispose d’un potentiel indéniable de matériaux argileux dont les caractéristiques géologiques permettent de distinguer des argiles communes et des argiles nobles, notamment, le kaolin. Ces substances sont utilisées dans différentes industries telles que l’industrie de la céramique et du réfractaire, l’industrie de la papeterie, de la peinture, du plastique et du caoutchouc, etc. Bien exploitées, les argiles constituent une source certaine de plus-value économique pour notre pays.
Dans le domaine du bâtiment et des travaux publics, les substances de carrières, notamment, le granite, le sable et éventuellement la latérite et l’argile pour la fabrication des briques en terre cuite, constituent des matières premières nécessaires à la réalisation de ces infrastructures de développement mal exploitées.
Le Burkina Faso dispose enfin de pierres ornementales d’excellente qualité et de grande valeur propices à la consommation nationale et à l’exportation non encore exploitées. Le granite rose de Pama, de Bidi, de Pô, la syénite de Wayen et certains sites de calcaire dolomitique (marbre) dans la zone de Bobo-Dioulasso en sont des exemples. Mais, selon les données de la Douane, les importations de produits de carrelage se sont chiffrées à plus de 5,5 milliards FCFA en 2016.
Elie KABORE
Encadré
Une opportunité mal exploitée
L’étude « Programme pour la mise en place d’unités industrielles dans les filières stratégiques de l’économie nationale » a identifié 03 filières, à savoir le coton-textile, le bétail-viande, les carrières et les matériaux de construction) comme de véritables opportunités de création de richesses et d’emplois. Elle évalue à 5.500 emplois directs et 10.000 emplois indirects que le secteur des carrières peut créer. Il peut générer plus de 100 milliards FCFA de chiffre d’affaires et réduire les importations de clinker et d’hydrocarbures de plus de 16 milliards FCFA par an et collecter plus de 4 milliards FCFA pour l’Etat.