LE CORONAVIRUS (COVID-19) : UNE CONTRACTION
PLUS SEVERE DE L’ECONOMIE MONDIALE EN 2020
Au niveau mondial, les perspectives initialement défavorables sur le déroulement de l’activité économique en 2020 suite à l’apparition de la pandémie du Coronavirus en Chine en décembre 2019 et sa propagation au monde entier, se sont davantage détériorées au cours du deuxième trimestre de l’année.
La récession engendrée par les graves perturbations socioéconomiques de cette crise sanitaire matérialisées par les lourdes pertes en vies humaines, les mesures drastiques du «confinement presque mondial », les diverses mesures restrictives et la mise en quarantaine des villes, l’annulation des vols commerciaux et de la plupart des activités occasionnant des regroupements de personnes, la rupture dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et sur les marchés de produits de base s’est révélée plus profonde au cours du premier semestre de l’année 2020.
Ainsi, la contraction de la croissance économique mondiale en 2020 devrait être bien plus sévère qu’initialement prévue en avril 2020. Le PIB mondial, après une performance de 2,9% en 2019, devrait, en effet, se contracter de 4,9 % en 2020, soit 1,9 point de pourcentage de plus que ce qui était initialement attendu dans les projections antérieures. Cette contraction sans précédent de l’activité économique se ressentirait aussi bien dans les pays avancés que dans le groupe des pays émergents et en développement. En effet, dans les pays avancés, la croissance devrait passer de 1,7% en 2019 à -8,0% en 2020. Pour les pays émergents et en développement, elle s’établirait à -3,0% en 2020 contre 3,7% en 2019.
En perspectives, en 2021, la reprise de la croissance mondiale devrait être plus lente pour atteindre 5,4%, à mesure que l’activité économique se normaliserait, grâce au soutien des pouvoirs publics et sous l’hypothèse d’une atténuation de la pandémie au cours du deuxième semestre de 2020 et d’un relâchement progressif des mesures de confinement.
L’inflation globale baisserait en 2020 aussi bien dans les pays avancés que dans les pays émergents et en développement. Dans les pays avancés, le taux d’inflation s’établirait à 0,5% en 2020, après 1,4% en 2019 et à 4,6% en 2020, contre 5,0% en 2019 dans les pays émergents et en développement. En perspective pour 2021, l’inflation globale devrait respectivement augmenter de 1,0 point et baisser de 0,1 point dans les pays avancés et dans les pays émergents et en développement.
Sur le marché des changes, en mai 2020, le cours du dollar US par rapport au FCFA a enregistré une dépréciation de 0,4% en s’affichant à 601,7 FCFA contre 603,9 FCFA un mois plutôt. La dépréciation du dollar s’expliquerait, entre autres, par les incertitudes dues aux relations tendues sino-américaines concernant le projet de loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.
Concernant les principales matières premières exportées, le cours mondial de l’once d’or enregistre en mai 2020, une hausse de 2,1%. En effet, il s’est affiché à 1715,7 dollars US contre 1 680,0 dollars US en avril 2020. Quant au cours du coton, en mai 2020, il a enregistré une hausse de 3,4% en se situant à dollars US contre 1 400,6dollars US en avril 2020. En particulier, pour le pétrole, produit importé, le cours du baril a enregistré une hausse de 33,0% en mai 2020, en se situant à 31,0 dollars US contre 23,3 dollars US un mois plus tôt. La reprise du cours du baril serait liée à la relance des activités suite aux mesures d’allègement progressif du confinement des populations à travers le monde en début mai 2020. Par rapport à mai 2019, le cours du baril est en baisse de 56,0%.
Dans la zone UEMOA, les pays membres seraient durement éprouvés par les effets de la pandémie de COVID-19 qui occasionnent l’effondrement de la croissance économique mondiale et le resserrement des conditions financières mondiales. La pandémie du Coronavirus, qui touche tous les pays membres, impacterait profondément la croissance de l’Union en liaison principalement avec les mesures de confinement, la baisse des cours des matières premières, la réduction des activités au sein de l’Union européenne et en Chine, premiers partenaires commerciaux. Initialement projeté à 6,6% en 2020, le taux de croissance de l’Union devrait ainsi tomber à 2,7% sous l’impact de la pandémie du Coronavirus.
En particulier, en Côte d’Ivoire, locomotive de la zone, la croissance économique initialement attendue à 7,2%, serait réduite de moitié à 3,6% sous l’hypothèse d’une maîtrise de la pandémie fin juin.
UNE ACTIVITE ECONOMIQUE NATIONALE EN PROIE AUX EFFETS DE LA CRISE SANITAIRE DE COVID-19 ET A LA PERSISTANCE DU DEFI SECURITAIRE
Au niveau national, le Burkina Faso est durement frappé par la pandémie du Coronavirus en enregistrant ses premiers cas d’infection sur le territoire le 09 mars 2020.
A fin mai 2020, la situation sanitaire fait état de 884 cas confirmés positifs au Coronavirus. Parmi ces cas, 751 guérisons ont été enregistrées contre 53 décès. A la date du 22 juin, il est enregistré au total 934 cas positifs, dont 826 guérisons et 53 décès, soit environ 88,4% de taux de guérison et 5,7% de létalité.
Cette pandémie entraîne d’importantes perturbations économiques, sociales et budgétaires. Le taux de croissance de l’économie, après être ressorti à 5,7% en 2019 contre 6,8% en 2018, chuterait à 2,8% en 2020 sous l’impact des effets du Coronavirus, contre 6,3% en scénario tendanciel, soit une perte de 3,5 points de pourcentage. Le taux d’inflation annuel moyen se situerait en hausse de 3,9% en 2020, après une baisse de 3,2% en 2019.
Dans le secteur des mines, en mai 2020, la production totale d’or industrielle est évaluée à 4,509 tonnes contre 4,365 tonnes le mois précédent, soit une hausse de 3,3%. Cette production est en hausse de 12,3% par rapport au même mois de l’année passée. A fin mai 2020, la production totale d’or fin est ressortie à 21,828 tonnes, en hausse de 4,2% en glissement annuel.
Source : DGEP, à partir des données du MMC/DGMG, juin 2020
Au niveau des finances publiques, à fin avril 2020, les recettes propres du budget de l’Etat ont été mobilisées à hauteur de 674,8 milliards FCFA contre 792,2 milliards FCFA à la même période en 2019, soit une baisse de 14,8%. Quant aux dépenses totales du budget de l’Etat, elles ont été effectuées à hauteur de 1026,9 milliards FCFA contre 815,6 milliards FCFA à la même période en 2019, soit une hausse de 25,9%.
L’encours de la dette publique est estimé à 3 967,53 milliards FCFA, au 31 décembre 2019 contre 3 366,46 milliards FCFA à la même période en 2018, soit une hausse de 17,85%. Il est constitué de 55,03% de dette extérieure. L’encours de la dette hors nouveau tirage est projeté à 4 189,1 milliards FCFA à fin mars 2020, contre 3 477,4 milliards FCFA à la même période en 2019, soit une hausse de 711,7 milliards FCFA (+20,5%). Il est constitué de 53,3% de dette extérieure et de 46,7% de dette intérieure.
Au niveau des échanges extérieurs, les exportations totales du mois mai 2020 se sont affichées en valeur à 196,5 milliards FCFA, contre 190,2 milliards FCFA un mois plus tôt, correspondant à une hausse de 3,3%. Les principales destinations des exportations en mai 2020 sont d’abord l’Europe avec environ 87,4% des exportations totales, dont principalement la Suisse (96,8%). L’Afrique constitue la deuxième destination avec 8,9% des exportations, dont le Ghana (38,3%), la Côte d’Ivoire (22,7%) et le Togo (5,3%). Les exportations en destination d’Asie ont représenté 3,6%, dont Singapour (38,1%) et l’Inde (2,0%). Les importations totales quant à elles, se sont situées à 169,9 milliards FCFA, contre 174,9 milliards FCFA le mois précédent, en recul de 2 ,8%. Les zones de provenance sont d’abord l’Asie avec 35,2%, dont la Chine (37,9%), la Russie (31,1%) et l’Inde (11,5%). Vient ensuite l’Europe avec 32,2% des importations totales dont la France, (29,6%), l’Allemagne (12,2%) et les Pays-Bas (5,4%). Les importations en provenance d’Afrique ont représenté 25,1% dont la Côte d’Ivoire (23,7%), le Ghana (20,6%) et le Togo (14,5%).
Concernant la masse monétaire, elle s’est inscrite en hausse de 192,8 milliards FCFA (+4,8%), se situant à 4 249,2 milliards FCFA à fin mars 2020 contre 4 056,4 milliards FCFA à fin décembre 2019. Cette augmentation est attribuable aux autres dépôts inclus dans la masse monétaire (+148,6 milliards FCFA, soit +9,5%) et aux dépôts transférables (+47,7 milliards FCFA, soit +2,6%), la circulation fiduciaire ayant enregistré une baisse de 3,5 milliards FCFA (-0,5%).
En somme, l’analyse de la conjoncture économique au mois de mai 2020, montre des perspectives défavorables au plan national et international qui marqueraient toute l’année, au regard des importantes perturbations économiques, sociales et budgétaires qu’engendre la crise sanitaire du Coronavirus. Ces effets se ressentiraient au plan intérieur par le ralentissement de l’activité économique dans l’ensemble des secteurs d’activité primaire, secondaire et tertiaire en raison du recul des investissements privés et dans les bâtiments et travaux publics, la mauvaise orientation des activités de transport, de commerce, de restauration, de l’hébergement et la suspension de certaines manifestations à caractère international, etc.
Le taux d’inflation en baisse en 2019 se situerait en hausse en 2020 en lien avec la rupture des chaînes d’approvisionnement internationales en produits intermédiaires et sur le marché des produits de base.
Au regard de cette conjoncture défavorable, l’Etat devrait :
Source : Ministère de l’Economie, des Finances et du Développement (MINEFID)
Direction générale de l’économie et de la planification (DGEP)
Direction de la prévision et des analyses macroéconomiques (DPAM)
Encadré
1. Poursuivre les efforts de maîtrise de la propagation de la pandémie. Il faudra mettre l’accent sur la sensibilisation de la population au respect des gestes barrières, conduire des opérations périodiques de désinfection de lieux stratégiques tels les marchés et yaars, les services publics et privés, etc. De plus, il s’agira de fournir les kits de test de la COVID-19 aux structures de santé publiques et privées.
2. Poursuivre la mise en œuvre des actions vigoureuses en vue d’accroître les recettes propres pour un meilleur équilibre des finances publiques ;
3. Renforcer le dispositif de contrôle des prix des produits de grande consommation ;
4. Poursuivre les actions de lutte contre le terrorisme, de sécurisation des biens et personnes sur l’ensemble du territoire ;
5. Poursuivre la mise en œuvre des mesures d’accompagnement de l’Etat pour les ménages les plus vulnérables et les entreprises dans le cadre de la mitigation des effets de la pandémie.