Comment amener les produits « Made in Burkina Faso » à être compétitifs sur le marché international. Il n’ya pas 36 solutions : il faut des produits de qualité, car les consommateurs burkinabè ou étrangers sont très exigeants sur ce qu’ils achètent. Pour le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Harouna Kaboré, la « qualité » est la seule condition pour les entreprises burkinabè d’émerger.
Pour lui, la qualité va aider l’industrie du pays à respecter les exigences des marchés d’exportation, améliorer la compétitivité de l’économie nationale et sa capacité à participer au commerce international et aux chaînes de valeur.
Sans cela, dit-il, la non-qualité est préjudiciable à l’économie nationale. Il en veut pour preuve ces données du Centre du commerce international (ITC) qui estime qu’environ 70% des problèmes rencontrés par les exportateurs burkinabè sont liés aux mesures non tarifaires et concernent des obstacles techniques au commerce (OTC) ainsi que des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS).
Face à ce constat, son département a engagé une bataille à inciter les unités industrielles à aller vers la qualité de leurs produits. Sur ce, le ministère a mis en place l’infrastructure de qualité (un ensemble d’instruments juridiques, institutionnels pour l’obtention par le demandeur de la « qualité »). Depuis sa mise en place, le Burkina Faso a pu améliorer, ces dernières années, ses performances à l’exportation, notamment, sur le marché très exigeant comme les Etats-Unis, le Japon et l’Union européenne (qui absorbe 32% des produits locaux). Cette politique incitative a aussi permis que de 2000 à 2018, le taux moyen annuel de croissance des exportations ait été de 14,1%. Dans l’ensemble, la valeur des exportations en 2018 était 2,5 fois supérieure à celle de 2000.
La qualité a un coût : 300 000 FCFA
Comment reconnaitre un produit de qualité ? Il suffit de regarder sur l’emballage, l’étiquette NBF « Norme Burkina Faso ». Et aujourd’hui, de nombreuses entreprises burkinabè ont adhéré au processus de qualité. Mais avant d’arriver là, plusieurs étapes ont été entreprises par le ministère, dont l’élaboration de 732 normes : Produits alimentaires (222), BTP(37), produits chimiques(51), textiles (48), électronique (176), cycles et cyclomoteurs (24), emballages (14), environnement (16), ameublement (12), normes génériques d’organisation (100) et normes Covid-19 (32).
Dans le souci de rattraper son retard et au regard du coût qui peut paraître exorbitant (300.000 FCFA), le ministère a facilité la certification des produits de certaines entreprises, à travers le concept « Initiative 100 PC » (produits à certifier). Cette initiative a permis l’inscription de 315 produits sur la liste des produits à évaluer dans le cadre de la certification. Ces produits appartiennent à 199 entreprises. La réalisation des audits de 168 produits agro-alimentaires avec pour résultats : 35 produits certifiés « NBF », 13 produits déclarés non conformes, 120 produits ont fait l’objet de prélèvements et les analyses sont en cours pour la prise de décision quant à leur éventuelle certification. Avec la certification des produits, les entreprises burkinabè pourront participer aux différentes foires internationales sans complexe, foi du ministre. Aussi, dit-il, avec l’arrivée de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), le Burkina Faso pourra faire face à l’envahissement des produits des autres pays. Toutes ces informations ont fait l’objet d’un déjeuner de presse sur le thème « Qualité des produits « made in Burkina Faso » : réponse aux difficultés d’écoulement et le levier de la compétitivité des PME-PMI », le jeudi 16 juillet 2020 à Ouagadougou. A cette rencontre, des entrepreneurs dont les produits sont certifiés ont témoigné des nombreux avantages que cela leur procure. Tous ont reconnu faire de bonnes affaires, surtout avec leurs partenaires extérieurs et ce, depuis que leurs produits ont été certifiés par l’Agence burkinabè de la normalisation, de la métrologie et de la qualité (ABNORM).
Labellisation : le poulet bicyclette ?
Au-delà, le ministère s’est aussi engagé dans une vaste opération de labellisation des produits du terroir. De l’avis de Harouna Kaboré, cela a pour but de promouvoir et de valoriser les produits du terroir. 4 produits nationaux ont été identifiés : le Faso Danfani, le chapeau de Saponé (tous deux déjà labellisés), le processus est entamé pour le beurre de karité et les derniers sont les produits de cuir et peaux de Kaya.
Le ministre a laissé entendre que le poulet bicyclette tant prisé pourrait être labellisé. Dans les prochains jours, le ministère va entreprendre, avec le concours des marketeurs, à la visibilité, à l’accessibilité des produits certifiés « qualité ».
RD
Encadré
Les produits burkinabè déjà certifiés
Au nombre des produits certifiés, on peut citer : les eaux minérales, les huiles alimentaires, notamment, l’huile de coton raffinée enrichie en vitamine A, le beurre de karité, le miel, les viandes de volailles, les farines infantiles, farines et grains de maïs, les graines de mung bean et ses produits dérivés , l’attiéké, le sirop de balanites, les granulés de tamarin, les infusions à base de moringa, les biscuits de céréales composées, la poudre de moringa, la poudre de pain de singe, les jus de tamarin, de liane goïne, de pain de singe, de moringa et de bissap.