Le Burkina Faso importe plus qu’il n’exporte. C’est connu. Ce qui l’est moins, c’est le circuit d’approvisionnement et de commercialisation du pays des Hommes intègres. Quel est le port le plus usité et quels types de marchandises y transitent ?
Les trafics internationaux de marchandises du Burkina Faso sont constitués majoritairement des hydrocarbures, du ciment, des médicaments et du riz en importation.
Selon le rapport de mission Atlas de février 2020, les ports de Lomé et de Tema constituaient la première porte d’entrée des marchandises destinées au Burkina Faso, en 2019. En termes de pourcentage, les corridors du Togo cumulent 50% du transit routier, suivis par le Ghana avec 23% du volume. En termes de marchandises, le pays importe, en premier, l’hydrocarbure (36,8%), le ciment (13,5%) et le riz (12,2%).
Les corridors du Togo et de la Côte d’Ivoire les plus fréquentés
Du Togo, le Burkina Faso importe pour du Gas-oil, du Super carburant, du riz en brisure, du fuel-oil lourd et du clinker. Ce sont les produits qui ont le plus transité par ce corridor en 2019. En termes de valeur, le Gasoil vient en premier avec plus de 96 milliards FCFA, suivi par le Super carburant avec 64 milliards et riz brisure, importé à hauteur de 52 milliards FCFA. Le fuel et le clinker suivent respectivement avec 49 et 28 milliards chacun.
Ces 5 produits ont une valeur en douane estimée à 290 milliards FCFA, selon le fichier des importations de la Direction générale des Douanes. La valeur cumulée des marchandises importées via ce port est estimée à 617 milliards F CFA par la Douane.
Les flux d’exportations étaient constitués majoritairement de coton et de produit agricole. La majorité des marchandises destinées au commerce international étaient chargées au port d’Abidjan. C’est ce qui ressort du fichier des exportations en 2019 de la Douane. En premier, via Abidjan, le Burkina Faso a vendu du zinc (90 milliards F CFA), du coton (78 milliards F CFA), de l’huile brute de karité (13 milliards F CFA), des mangues (frais ou secs) pour un montant de 13 milliards F CFA et de la noix de cajou (7 milliards F CFA). La valeur totale de ces 5 marchandises les plus importées est estimée par la Douane à 203 milliards FCFA. La valeur totale des marchandises qui ont transité via le port d’Abidjan est de 203.350.869.471 FCFA.
La RN4 et la RN16, les deux axes stratégiques du pays
Dans son document de mission, la société Atlas a établi un tableau des routes nationales du Burkina Faso, par niveau d’importance en fonction des échanges commerciaux du pays avec le reste du monde. Basé sur les données du Comptoir burkinabè des chargeurs (CBC), il ressort de ce classement que la RN 4 arrive en tête des échanges entre le Burkina Faso et le reste du monde. Cette route nationale va de Ouagadougou à Kantchari (frontière Niger), en passant par Fada N’Gourma. En 2019, 37% des importations et 28% des exportations ont transité par cet axe, via 65.000 camions de marchandises. Ce pourcentage de trafic équivaut à 2.655.259 tonnes de marchandises.
Le second axe le plus utilisé est celui de la route nationale 16 allant de Koupéla à Cinkansé, puis vers la frontière togolaise en passant par Tenkodogo. En 2019, 2.025.253 tonnes ont été importées et exportées via cette route. Elles ont été transportées par 50.664 camions.
Ces deux axes concentrent plus de 50% des importations internationales de marchandises et 87% des importations en carburant. En termes d’exportations, 59% du coton produit par le Burkina Faso transite par la RN4 et la RN16.o
NK
Encadré
Risques sur ces corridors
Dans le rapport de l’Atlas, les approvisionnements internationaux de marchandises diverses entre les grandes capitales et les régions ne semblent pas perturbés. La raison, les axes majeurs d’approvisionnement n’ont pas encore été la cible d’attaques de groupes armés.
Malheureusement, dans les régions du Nord, du Centre-Nord, de l’Est et du Sahel, à l’exemple de Djibo dont les axes sont ciblés par des attaques de groupes armés terroristes. Ce constat est plus marqué encore pour l’approvisionnement en hydrocarbures, puisque 38% des importations ont emprunté le corridor du Bénin en 2019 et notamment, la route nationale N18 qui a connu 5 cas d’IED (engin explosif improvisé) entre 2018 et 2020 et au moins deux cas de camions tanker ayant sauté sur une IED en juillet et novembre 2019 dans la région du Sahel (N22 et R4). « Si les cas d’IED venaient à se déplacer à l’ouest de Fada N’Gourma, sur la RN4 et la RN16, c’est l’acheminement de plus de 50% des importations internationales de marchandises diverses qui serait impacté et plus de 87% des importations en carburant ». Du côté des exportations, l’évacuation de 59% des exports de coton pourrait être perturbée, ce qui, économiquement, viendrait alourdir une balance commerciale déjà déficitaire.o