Pouvez-vous nous présenter les performances de la SONABHY en 2019?
En 2019, la SONABHY a assuré sa mission première qui est l’approvisionnement régulier du pays en produits pétroliers. Cet approvisionnement a été assuré sans rupture, en produits de bonne qualité.
Les volumes de produits pétroliers consommés en 2019 ont connu globalement une croissance de 2,49% par rapport à l’année précédente. C’est un des plus faibles taux d’évolution de ces dernières années. La situation sécuritaire peut être une partie de l’explication de cette situation. Mais elle suscite également de forts soupçons de recrudescence de la fraude transfrontalière sur les produits pétroliers.
Au niveau financier, la SONABHY a réalisé, en 2019, un résultat net bénéficiaire de 41,876 milliards FCFA, en progression de 8,45% par rapport au résultat de l’exercice précédent.
La Sonabhy est une grosse machine dont le personnel est appelé à s’adapter constamment aux évolutions du secteur. L’effectif du personnel est-il up date ?
C’est assurément un des points faibles de cet exercice. La SONABHY est en quasi-rupture de compétences. Elle a atteint, en 2019, 34 ans d’existence, soit le temps d’une génération. La génération arrivée aux premières années de sa création est sur la sortie et les remplacements n’ont pas été suffisamment anticipés. Les recrutements prévus en 2019 ont eux aussi été malheureusement différés à 2020, principalement pour des retards de procédures administratives.
Votre entreprise applique-t-elle un quota genre ?
Pour l’instant, la SONABHY n’applique pas de discrimination positive ou négative à l’occasion du recrutement de son personnel. Les postes sont équitablement ouverts à tous.
Quelles sont les difficultés particulières rencontrées , en lien avec les performances de cette année ?
Une des plus grosses difficultés de cet exercice est sans conteste le niveau très faible d’exécution du plan d’investissements de la société.
La SONABHY est convaincue que doter le pays d’une infrastructure pétrolière conséquente, en phase avec les besoins du pays en produits pétroliers, tenant compte de sa situation d’enclavement et d’éloignement de la côte, est l’une des plus grandes contributions qu’elle puisse apporter au développement du pays. En conséquence, elle s’est dotée d’un plan ambitieux d’investissements jusqu’à l’horizon 2025, régulièrement ajusté pour être mis en phase avec les évolutions. Le niveau de mise en œuvre de ce plan n’est cependant pas satisfaisant. Les difficultés de trésorerie de la société sont un facteur de cette faiblesse. Mais le principal facteur défavorable est certainement la lourdeur de la procédure de la commande publique, pour un secteur aussi technique et spécifique que celui des produits pétroliers.
Quelles sont vos perspectives pour 2020?
Les axes forts en matière de perspectives sont le développement et la modernisation de l’infrastructure interne, le renforcement du positionnement de la société sur la côte, le renforcement des ressources humaines (en quantité et en qualité), la consolidation des outils et référentiels de gestion de la société.
Au niveau de l’infrastructure interne, la SONABHY devrait connaitre, en 2020, le lancement des travaux d’extension de son dépôt de la zone de Ouagadougou pour le porter à deux fois et demie (2,5) de sa capacité actuelle, tant pour le gaz que pour les produits liquides, le démarrage des travaux de délocalisation de son stockage de produits pétroliers liquides hors de la ville de Bobo-Dioulasso, le renforcement et la modernisation des capacités d’emplissage de gaz des deux dépôts. Au total, ce sont des investissements d’environ 80 milliards qui seront lancés en 2020. La déconcentration dans les régions complète l’ambition de la SONABHY dans ce domaine.
S’agissant de son positionnement sur la côte, cela devrait se faire par le renforcement du partenariat de la SONABHY avec des acteurs majeurs des pays côtiers. D’importantes annonces pourraient être faites dans ce sens avant la fin de l’année 2020.
Le renforcement en ressources humaines va nécessiter des recrutements de nouvelles compétences et la mise en place d’une démarche de renforcement des compétences déjà présentes.
Pour ce qui est de la gouvernance de l’entreprise, plusieurs études, missions d’audits et travaux sont en cours : mise à niveau du système d’information ; plan stratégique ; comptabilité analytique; gestion des ressources humaines ; gestion des immobilisations; RSE; audit des comptes et pratiques comptables; enquêtes de satisfaction; etc. Tous ces chantiers sont déjà ouverts, avec l’accompagnement de cabinets avertis pour les aspects qui peuvent être complexes.
Vos performances ont-elles été ou seront-elles impactées par la pandémie de COVID-19 ?
Les performances de 2019 ont été réalisées avant la parution de la pandémie et ne pouvaient donc pas être impactées par celle-ci. Mais 2020 le sera.
Au niveau de l’exploitation, la pandémie a eu des impacts sur le marché pétrolier mondial. Le modèle d’approvisionnement de notre pays a été perturbé et il a fallu mettre en œuvre des solutions de contournement et de continuité de l’activité. Elle a eu également, de par les mesures qui ont été rendues nécessaires pour limiter sa propagation, un impact sur les quantités de produits pétroliers consommés dans notre pays. La baisse a atteint 20% pour des produits comme le super et le gasoil, au cours du mois d’avril. Le produit le plus marqué a certainement été le Jet A1 (produit avion) dont la baisse a dépassé 90% et a porté sur une période plus longue que pour les autres produits. On doit donc s’attendre à une rétraction du chiffre d’affaires.
Au niveau de la gestion, le rythme de mise en œuvre des investissements et des études et travaux ci-dessus évoqués a été fortement ralenti, du fait de la pandémie.
Un point précis de tout cela devra être fait en vue des réflexions sur la manière de se protéger, à l’avenir, de telles crises (PCA).
Les recommandations à l’issue de l’AG/SE de juin 2019 ont-elles été respectées ou consolidées en 2020 ? Y a-t-il d’autres recommandations pour 2020 ?
La principale recommandation de l’AG-SE 2019 à l’endroit de la SONABHY avait porté sur l’actualisation de son plan stratégique. Cet outil important est à présent en cours d’élaboration. En 2020, l’AG-SE a fortement recommandé à la SONABHY, l’accélération de la mise en œuvre de ses investissements.
A propos d’investissements, quelle est la situation du projet des dépôts régionaux ?
Le projet de dépôt régional qui devrait être le plus avancé en ce moment est celui de Fada N’Gourma. Il est malheureusement contrarié par les difficultés que connait cette zone du pays, en matière de sécurité.
A Kaya, un terrain a déjà été acquis. Le processus d’acquisition d’un terrain à Ouahigouya est déjà lancé. Un terrain a également été acquis à l’est de la ville de Ouagadougou, en perspective d’une déconcentration du stockage de la capitale.
Ces projets, dans l’ensemble, avancent moins vite que nous n’aurions souhaité, mais ils ne sont pas abandonnés et connaissent même des avancées comme celles que je viens de mentionner.o
Joël BOUDA