Les députés sont sur la sellette et ils l’auront bien cherché. En cause, ce rapport remis au gouvernement aux fins de surseoir à l’organisation du scrutin législatif qui devait avoir lieu en même temps que celui de la présidentielle. Les arguments sont sérieux : les conditions de sécurité ne permettraient pas aux futurs candidats de battre campagne, vu que certaines régions tels le Centre-Nord, l’Est et le Nord sont pratiquement sous coupe réglée des groupes armés. Autre argument sérieux, des zones entières sont désertées de leurs électeurs. Alors, que faire ?
On pourrait opposer les mêmes arguments pour le scrutin présidentiel. Le président du Faso peut être élu dans les conditions actuelles, mais pas les députés ? Il faudrait que les spécialistes des élections nous expliquent mieux, si c’est la nature différente des deux élections qui permet de prendre une telle décision.
Ce que l’on ne comprend pas, c’est la survenue tardive de ce rapport. Il apparait en pleine session extraordinaire sur la loi de finances rectificative et sur la modification du Code électoral pour s’adapter justement à la situation sur le terrain.
Le sujet n’a pas été versé au débat public au moment où l’opinion s’époumonait sur la nécessité ou non de reporter toutes les élections pour cause d’insécurité. Un consensus, il nous semble, avait été trouvé entre les politiques. Les arguments issus de la tournée des députés qui motivent cette proposition ont beau être sérieux, son timing laisse penser qu’on a voulu prendre l’opinion de vitesse sur la question. La légalité du processus, si la proposition est avalisée par le gouvernement, sera sans débat. Mais il approfondira certainement la crise de confiance.o
Par Abdoulaye TAO