La sortie du Parquet du pôle économique a laissé des traces au sein de l’opinion. Elle a marqué certains esprits au point où elle cristallise à nouveau l’espoir d’un nouveau big bang social et politique comme celui que le pays a vécu avec l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014.
La soif de justice du peuple est intacte. Mais qui pour lui rendre une justice pleine et entière ? C’était un des chantiers de la Transition. Mais sa mise en œuvre pendant le mandat de Kaboré reste très mitigée. Un acquis cependant, la grille salariale et les avantages qui vont avec ont été opérationnalisés très rapidement. Mais le reste, qui fondait l’espoir d’une nouvelle Justice a du mal à prendre forme. La faute à un gouvernement trop mou ou à celle des acteurs de la Justice réticents au changement ? Ce changement radical voulu par le peuple dans le traitement des dossiers sensibles de corruption, de détournement et d’abus de biens sociaux est plus que légitime. C’est ici que l’indépendance du magistrat a tout son sens, dans la mesure où il dit le droit au nom du peuple. Les dossiers qui sont entre les mains du Procureur sont très sensibles : un ministre et un juge en détention, le numéro 2 de la Douane en liberté provisoire. On ne demande pas aux juges de bouffer du politicien, du haut fonctionnaire ou de sacrifier quelques hommes d’affaires symboliquement, pour contenter une opinion de plus en plus exigeante.
On ne leur demande que de dire le droit quelle que soit la qualité de celui qui se trouve dans le box. C’est ainsi qu’il rendra service aux citoyens et aux contribuables.
La sortie du Procureur Yoda va-t-elle être le point de départ d’un renouveau de la Justice ? On a bien envie de rêver.
Par Abdoulaye TAO