Les conséquences économiques et financières liées à la Covid-19 sont de plusieurs ordres et varient selon l’activité. Dans une étude intitulée « Impact de la pandémie de Covid-19 sur le secteur privé de l’UEMOA », rendue publique en mai 2020, la Chambre consulaire régionale de l’Union révèle que le secteur des services est celui où l’impact négatif de la crise est le plus important. Selon les entreprises, la quasi-totalité des secteurs économiques et leurs organisations professionnelles, consultées, ce secteur a été touché pour 87% d’entre elles. Il est suivi respectivement par le commerce, l’industrie, l’artisanat et l’agriculture dans les proportions d’avis de 71%, 62%, 56% et 48%. Si le secteur des services est ressorti comme celui qui subit le plus les effets de la crise, cela est dû à l’arrêt quasi total des activités de tourisme (100%), d’hôtellerie (95%), de restauration (95%), d’agence de voyage (95%).
Ces quatre secteurs subissent les effets des fermetures des frontières et des confinements des villes présentant des cas positifs. Si la fermeture des frontières n’a pas affecté le fret, il ressort toutefois que le secteur des transports de personnes (aérien, routier et ferroviaire) est très impacté de l’avis de 70% des organisations, parce que le transport de personnes (aérien et terrestre) a été stoppé dans la plupart des pays.
L’arrêt des cours dans les établissements d’enseignement perturbe le bon déroulement de l’année scolaire et expose les promoteurs des établissements privés à des charges imprévues. De ce fait, ce secteur est impacté à près de 60%. Le secteur financier n’est pas en marge des effets négatifs de la Covid-19. En effet, il subit les difficultés de remboursement des clients, la baisse des demandes de crédit due à l’incertitude liée à la maladie, etc.
Pour les entreprises du secteur des services, le chiffre d’affaires devrait connaitre une baisse de plus de la moitié dans les différents secteurs d’activités si la pandémie perdurait jusqu’en fin juin 2020.
En effet, dans le secteur du tourisme, de l’hôtellerie, des agences de voyage, du transport et de l’enseignement, des arts et spectacles, le chiffre d’affaires devrait baisser de plus de 50% de l’avis respectif de 69%,55%, 52%, 57% des acteurs interrogés. Dans le secteur de la restauration, le chiffre d’affaires sera marqué par une baisse de 25% à 50% pour 58% des acteurs interrogés, et dans le secteur financier, la baisse devrait être de l’ordre de moins de 25%.
Le niveau de la trésorerie est ressorti en baisse chez toutes les entreprises du secteur des services.
En ce qui concerne l’emploi, il faut noter le grand effort fourni par les entreprises pour maintenir les emplois. En effet, dans le secteur des services, la plupart des emplois ont été maintenus. Les secteurs d’activités qui ont procédé à des suppressions d’emplois l’ont fait, en général, dans une proportion de moins de 25% (tourisme, enseignement, transport, restauration, hôtellerie). Il s’agit, pour la plupart, de contractuels et de personnels non essentiels. Toutefois, certains secteurs comme l’hôtellerie, les agences de voyage et de tourisme, l’enseignement, etc. ont dû recourir à des chômages partiels/chômages techniques pour certaines catégories d’employés en réduisant leur effectif salarié dans les proportions de 25% à 50%.
Report des principaux investissements
Une des principales conséquences de la crise de COVID-19 sur le secteur des services est l’annulation, voire le report des principaux investissements initialement prévus par les entreprises. La situation d’incertitudes créée par la pandémie n’encouragerait pas ces dernières à poursuivre certains projets en 2020. En effet, dans l’enseignement, 100% des acteurs préfèreraient reporter leurs investissements. Il en est de même dans l’hôtellerie et la restauration, respectivement pour 80% et 82% d’entre eux. Toutefois, les acteurs du tourisme, de la culture et du transport préfèrent annuler les investissements prévus en 2020, respectivement dans les proportions de 70%, 47% et 30%.o
NK
Encadré
Agriculture, élevage et pêche relativement épargnés ?
En consultant l’étude de la Chambre de commerce régionale de l’UEMOA, le secteur de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche semble, dans un premier temps, le moins impacté par la crise de Covid-19. Toutefois, les mesures de fermeture de frontières, de marchés, de confinement ont eu des effets sur les produits frais et sur la logistique en matière d’exportation. En effet, le chiffre d’affaires des entreprises du secteur ressortirait en baisse de moins de 25%. Le niveau de la trésorerie est resté stable ainsi que le niveau de l’emploi.
Les segments les plus impactés dans ce secteur sont les maillons exportation de produits frais, légumes et bétails. Ces maillons ont été confrontés à des difficultés logistiques d’exportation qui ont entraîné des avaries de produits.
Aussi, les entreprises du secteur de l’agriculture s’attendent à des conséquences plus prononcées dans leur secteur d’activités dans les mois à venir. En effet, les mesures de lutte contre la propagation de la pandémie pourraient être source d’une insécurité alimentaire à long terme par le fait de l’indisponibilité des intrants agricoles, l’indisponibilité de produits alimentaires de base et l’inflation des prix, etc.