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Dialogue interreligieux: Deux apôtres de la paix à L’Economiste du Faso

L’Economiste du Faso a reçu la visite de l’Union fraternelle des croyants (UFC) de Dori. Cette organisation de la société civile, active depuis 50 ans dans le nord du pays, était hautement représentée, lors de son passage dans nos locaux, à travers l’évêque de la localité, Monseigneur Laurent B. Dabiré, et le grand Imam de la grande mosquée de Dori, Moamoudou Cissé. (DR)

L’Economiste du Faso a reçu la visite de l’Union fraternelle des croyants (UFC) de Dori. Cette organisation de la société civile, active depuis 50 ans dans le nord du pays, était hautement représentée, lors de son passage dans nos locaux, à travers l’évêque de la localité, Monseigneur Laurent B. Dabiré, et le grand Imam de la grande mosquée de Dori, Moamoudou Cissé. Les deux personnalités sont venues rendre une visite de courtoisie à notre équipe pour témoigner leur reconnaissance pour l’accompagnement médiatique dont l’UFC bénéficie bientôt 6 ans.
« On se rencontre souvent sur le terrain, vous venez souvent à Dori. Mais , on s’est dit que ce serait bien de rencontrer les personnes avec lesquelles nous travaillons chez eux, dans leur cadre de travail, pour échanger et partager notre expérience de l’UFC qui dure depuis cinquante ans. Mais c’est surtout une bonne occasion pour vous dire merci pour tout l’accompagnement dont nous avions bénéficié et pour toute la disponibilité à notre égard. Nous sommes là également pour vous encourager pour le travail que vous abattez, celui de nous informer de façon professionnelle, utile et à temps. Nos prières vous accompagnent en cela, parce que l’information est un ferment social, parce que lorsqu’on est au même niveau d’information, on peut participer à l’œuvre de construction sociale en évitant la cacophonie », a expliqué l’évêque de Dori.
Message d’amitié, certes, mais ce fut l’occasion pour les deux figures dirigeantes de l’UFC de lancer un appel à la fraternité, à la paix et à la solidarité par ces moments de terrorisme, afin que les communautés du Burkina restent soudées pour surmonter les difficultés actuelles (voir encadrés).
Interrogés sur les manifestations « vivantes » du vivre ensemble et l’impact du terrorisme sur celui-ci, les deux religieux n’ont pas été avares en anecdotes et en exemples. L évêque raconte qu’en 2013, quand il débarquait à Dori, il n’a pas senti le changement. Le style de vie de la zone est amical et pacifique entre les communautés. Lui qui arrivait d’une zone où il n’y avait pas beaucoup de musulmans, n’a pas senti de dépaysement, les populations se fréquentent régulièrement. Une des expériences qui l’ont touché, c’est son ordination, les femmes chrétiennes avaient travaillé le jour de l’ordination. Le lendemain, jour de la messe d’action de grâce, à sa grande surprise, les femmes musulmanes ont débarqué et demandé à leurs sœurs chrétiennes d’aller se reposer, qu’elles prenaient le relais. « Je ne l’ai appris que le lendemain. C’est le plus beau cadeau que ces communautés pouvaient me faire à mon ordination et cela m’a vraiment touché ».
Autre anecdote : « Quelques temps après mon installation, une délégation de la communauté musulmane est venue me saluer et ils m’ont dit ceci : « Monseigneur, ne croyez pas que vous êtes seulement l’évêque de votre communauté, vous êtes également notre évêque à nous tous ». C’est ce qu’on appelle une « communion invisible », explique-t-il, car c’est cela la fonction de l’évêque. Cette communion et cette collaboration sont vraiment une réalité ».
Ce dialogue religieux, vieux de 50 ans a-t-il permis à Dori de résister à l’impact du terrorisme dans les communautés en termes de cohésion. Sur cette question, le grand Iman répond par l’affirmative.
« La situation est difficile dans la zone et autour de Dori. Tout autour de Dori, des jeunes ont rejoint les terroristes. Dori est comme un ilot actuellement. Le dialogue interreligieux que nous expérimentons a permis de limiter la casse en termes de recrutement, de stigmatisation et de radicalisation. Aucune ethnie, aucune religion ne doit être stigmatisée, nous devons continuer le travail pour renforcer la cohésion et le vivre ensemble pour le développement des communautés».
FW

Encadré:
Appel en faveur de la paix, de la cohésion sociale

Cette cohésion sociale consiste simplement au vouloir vivre ensemble. Puisque cela a été déjà possible en des temps où nous n’avions pas à faire face à autant de conflits pourquoi pas aujourd’hui alors que le pays a fait beaucoup de progrès ? Pourquoi ne pas se saisir de ces progrès pour davantage s’unir afin d’aller vers de nouveaux progrès ? Sans doute, si nos parents avaient été divisés, palabreurs entre eux, probablement, nous n’aurions pas eu le Burkina Faso tel qu’il existe aujourd’hui. Il a fallu que les gens se mobilisent et disent « nous voulons être, nous ici chez nous, dans cet espace ».
Ne soyons donc pas infidèles à cet héritage en amenant des discussions sur ce qui nous divise. Nous lançons cet appel pour le Sahel, pour le Burkina Faso et pourquoi pas pour toute l’Afrique qui a besoin d’unité pour résoudre les graves problèmes qui se posent à nous et pour affronter les défis du développement, du bien-être, l’ intégration. C’est un appel également à la solidarité pour vaincre le terrorisme et la Covid-19. Actuellement, on sent un apaisement sur ces deux fronts. Sans doute, avec beaucoup plus d’unité, de cohésion et de solidarité, nous pourrons venir à bout de ces maux, parce qu’aucun peuple n’est destiné à la mort. Nous devons prendre conscience que nous sommes dans la même barque et que nous sommes obligés de nous donner la main pour la traversée. Et c’est ce qui constitue pour nous la volonté de Dieu. Car, il est dit que la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant », a déclaré Mgr Dabiré.

Encadré 2:
L’UFC regroupe des confessions religieuses différentes

«Et cette différence constitue notre force, puisque c’est elle qui nous unit aujourd’hui pour le développement de nos communautés dans la paix, améliorer notre vivre ensemble, c’est quand on ne se connait pas qu’il y a la méfiance et cette méfiance tombe lorsqu’on se met ensemble dans un cadre de dialogue comme UFC. C’est une dynamique qui est en marche depuis plus de 50 ans et qui maintient notre cohésion.
Nous faisons face au terrorisme aujourd’hui qui est source d’incompréhension et de division. Pour nous, la priorité c’est de continuer de renforcer les liens entre nos communautés respectives par le dialogue. Car, du dialogue la vérité finit toujours par triompher. L’objectif est d’améliorer notre vivre ensemble et de développer le pays au profit des communautés.
Nous faisons face au terrorisme et à la Covid ? Nous prions pour que la paix et la santé reviennent vite. Certes, prions, mais nous devons travailler dans le bon sens afin que ces drames soient derrière nous », a ajouté pour sa part, El Hadj Cissé, grand Iman de Dori.o

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