Un des objectifs fondamentaux de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est la création d’une monnaie unique. Chaque fois remis aux calendes grecques, les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé d’y aller et le nom retenu est l’Eco. Pour comprendre les implications politiques, économiques et sociales préalables à la mise en place de cette nouvelle monnaie, Investisseurs sans frontières (ISAF) a organisé un panel sur la question, le 20 février 2020 à Ouagadougou.
Depuis des mois, la question de la nouvelle monnaie de l’espace CEDEAO est sur toutes les lèvres. Comment cela va se passer ? A quand la mise en œuvre effective de l’Eco ? Quelles sont les implications politiques, économiques et sociales ? Autant de questionnements qui ont conduit Investisseurs sans frontières (ISAF), qui est une association d’hommes d’affaires, à organiser ce panel avec pour thème : « Du CFA à l’Eco, enjeux et défis pour les hommes d’affaires ? ». Sous la modération de Abdoulaye Tao, Directeur de publication de L’Economiste du Faso, les panelistes ont, à tour de rôle, tenté de répondre à ces questions.
Le représentant du ministre de l’Economie, des Finances et du Développement, Inoussa Ouimenga, a un peu fait la genèse de l’évolution des pays de l’UEMOA en rapport avec les critères de convergence. Selon lui, le respect des critères de convergence est très important pour aller à l’Eco. Pour Justin Damo Barro, ancien gouverneur de la BCEAO, le seul pays qui respecterait l’ensemble des critères de convergence en 2019 est le Togo. Pour lui, il y a des avancées, mais le passage en 2020 à l’Eco va être difficile. C’est une question de volonté politique et cela pourra guider les acteurs techniques pour le respect du calendrier.
A l’en croire, il y a deux aspects à prendre en compte pour ce qui est de la monnaie. D’abord, il y a un lien entre le budget et la monnaie. « Pour des raisons de budget, si vous commencez à émettre de la monnaie, on va vers une masse budgétaire ». Ce qui va nourrir l’inflation qui est l’ennemie principal des Banques centrales. Aussi, le taux d’échange étant la valeur externe de la monnaie, lorsque la valeur diminue, tout devient plus cher, surtout les marchandises à nos frontières. Pour résorber ce problème par exemple, l’ancien ministre des Finances préconise une consommation des produits nationaux, et pour ce faire, il faut une industrialisation de nos pays.
Compétitivité
Une industrialisation qui ne peut qu’être bénéfique pour les populations de la CEDEAO, selon Martial Goeh-Akue, président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina (APBEF-B). L’Eco, pour lui, constitue une opportunité pour les uns et les autres et il appartient aux acteurs d’en tirer profit. La question qu’il faut se poser selon lui, c’est comment industrialiser nos pays dans les trois à quatre ans à venir. Comment l’on pourra aller travailler au Nigeria, au Ghana et en Sierra Leone lorsqu’on sera dans l’Eco. Jusqu’à preuve du contraire, les autres savent travailler dans nos pays, mais pas l’inverse. « La machine est lancée, on ne peut plus faire marche arrière, il faut y aller maintenant », a déclaré le président de Investisseurs sans frontières (ISAF), Arouna Nikiema. Selon lui, cette monnaie unique est une aubaine pour les hommes d’affaires. Pour soutenir ses propos, il prend un exemple concernant des amis qui ont des affaires au Ghana, en Guinée, en Sierra Leone. Du fait de la différence de monnaie, il est très difficile de faire des affaires pour ces derniers. « Vous estimez votre bénéfice à 400 000 dollars, lorsque vous faites la conversion, vous vous retrouvez avec 100 000 dollars », a-t-il indiqué. La CEDEAO est un marché et la seule difficulté qui va naître suite à l’ouverture de ce marché est la compétitivité de notre économie. Pour l’heure, les pays de l’UEMOA semblent prêts pour y aller, mais le géant nigérian demande de temporiser, car tous les pays de la CEDEAO ne sont pas prêts et demande la coupure immédiate du cordon d’avec la France.
M.K