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Insécurité : Les sources de financement des terroristes

Les personnes qui attaquent le Burkina disposent de plusieurs sources de financement. L’exploitation artisanale a alimenté les groupes armés. Des indices sur cette pratique existent.
Le ministre burkinabè des Mines et des Carrières, Oumarou Idani, dans une conférence de presse qu’il a animée le 3 mai 2019, a reconnu que dans la région de l’Est, les terroristes exploitaient et commercialisaient eux-mêmes l’or.
Avant le début des attaques terroristes au Burkina, des perceptions illicites de taxes étaient effectuées sur les sites d’orpaillage, surtout dans la région du Sahel, par des milices armées, affirme une source au ministère en charge des mines. Ces milices qui assuraient la police sur ces sites obligeaient les exploitants à revendre leur production à des acheteurs sur place à des prix en dessous du marché. Au début des attaques, les exploitants qui refusaient de se soumettre à ces ordres étaient obligés de quitter les sites pour ne pas être exécutées, souligne notre source.
« On s’est rendu compte plus tard que ces milices étaient en réalité des terroristes », poursuit-il. L’armée a fait une descente dans des sites à Markoye et à Arbinda dans la région du Sahel. Des armes ont été saisies dans les trous des exploitants d’or et des logisticiens des terroristes arrêtés, selon son témoignage. Il est évident que pendant longtemps, l’exploitation artisanale de l’or a financé les groupes armés. Avec la recrudescence des attaques, ces zones sont devenues inaccessibles. On se demande ce qui s’y passe actuellement.
Une cartographie des sites d’orpaillage permet de se rendre compte que les zones attaquées abritent le plus grand nombre.

Les groupes armés ont-ils profité de la pagaille dans le secteur pour prospérer ?
L’Enquête nationale sur le secteur de l’orpaillage (ENSO) publiée par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) en septembre 2017, a dénombre 448 sites, dont 438 sites de production artisanale et 10 sites semi-mécanisés, répartis dans 12 des 13 régions que compte le pays.
Elles sont 04 régions qui abritent 285 sites, représentant 63,6% de l’ensemble des sites. Il s’agit de la région du Centre-Nord (110 sites), du Sud-Ouest (61 sites), du Nord (61 sites) et de l’Est (53 sites).
La région du Centre-Nord, qui abrite le plus grand nombre de sites artisanaux, se révèle comme l’une des zones les plus attaquées ces derniers temps. La zone de Barsalogho, Pissila, Kongoussi ont payé un lourd tribut dans ces attaques. Plusieurs victimes et de nombreux déplacés ont été dénombrés. C’est aussi le cas de la région de l’Est. Des tentatives d’implantation de bases par les groupes armés ont échoué.
Ce premier groupe est suivi par un deuxième groupe de 4 régions qui concentrent chacune entre 20 et 34 sites de production informelles d’or : il s’agit du Sahel, des Hauts-Bassins, des Cascades et de la Boucle du Mouhoun. Dans ce lot, le Sahel et la Boucle du Mouhoun ont été durement touchés par les attaques armées.
Tous ces sites n’ont pas une existence légale.
Les données de l’Agence nationale d’encadrement des exploitants minières artisanales et semi-mécanisés (ANEMAS) confirment l’existence de sites miniers artisanaux non reconnus officiellement. Sur plus de 400 autorisations d’exploitation artisanale octroyées de 2006 à 2018, seules 34 étaient valides en fin 2018. Pourtant, la cartographie des sites d’orpaillage que l’ANEMAS réalisée en 2018, a révélé que plus de 800 sites majeurs étaient actifs. Quant à la production artisanale, elle est passée de près d’une tonne en 2012 à 200 kg en 2014 puis à environ 300 kg en 2018. Des doutes existent sur l’identité des exploitants de ces sites.
Malgré le nombre élevé des sites artisanaux, on constate une baisse de la production déclarée. Cela est sans doute imputable à la fraude.
En effet, la production annuelle est estimée à 9,5 tonnes d’or générant 232,2 milliards FCFA, selon l’enquête de l’INSD. Toutefois, les acheteurs installés sur les sites ont acheté 66,3 milliards FCFA d’or représentant une quantité de 2,7 tonnes d’or. Ce qui suppose qu’il y a un écart de 6,8 tonnes d’or correspondant à 165,9 milliards FCFA d’or qui ne sont pas passés par le circuit normal.
La question de la fraude avait été abordée dans le rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur la gestion des titres miniers et la responsabilité sociale des entreprises minières (octobre 2016). Sur les 105 comptoirs déclarés, la situation de 69 comptoirs restait à être élucidée. De même, selon les chiffres fournis par les services des Impôts, uniquement 40 comptoirs seraient en règle vis-à-vis de la fiscalité. La Commission d’enquête avait estimé la fraude de l’or entre 15 et 30 tonnes par an, représentant une perte sèche de plus de 300 milliards FCFA par an au détriment du Trésor public.
Pendant longtemps, l’activité des groupes armés autour des sites d’orpaillage et la fraude de l’or n’ont pas reçu une oreille attentive au sommet de l’Etat.

Elie KABORE


Voleurs de bétail et trafiquants de drogue

En décembre 2019, les Forces de défense et de sécurité ont intercepté des trafiquants de drogue avec plus de 18kg de chanvre indien dans la localité de Bourzanga, dans le Bam, et remis à la gendarmerie.
Après l’attaque du 1er décembre 2019 ayant tué 13 civils à Nahi-mossi et à Guédgma, les assaillants ont également emporté du bétail. De nombreuses têtes d’animaux ont été dérobées par les hommes armés dans la région du Centre-Nord. Une partie du bétail volé dans ces régions est vendue au Nord- Mali, dans la zone de Boulkessi. Dans la région de l’Est, les groupes armés se saisissent du bétail après les attaques et les revendent au Niger.

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