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Sécurité alimentaire : les OSC en campagne

– Mot du Président de l’UNPRB

Bien que la question de la sécurité alimentaire et nutritionnelle soit régulièrement inscrite parmi les priorités mentionnées dans les diverses politiques agricoles élaborées par le Burkina Faso, force est de constater que le pays éprouve toujours des difficultés énormes à y parvenir à partir de sa production agricole intérieure.
Parmi les facteurs explicatifs de cette réalité indéniable, outre les défis liés aux aléas naturels, au changement climatique, au terrorisme, etc., la faiblesse des performances actuelles des Exploitations Familiales et surtout la faible retombée des politiques agricoles nationales et sectorielles sur elles représenteraient une part importante. Or, ce modèle d’agriculture représente à elle seule plus de 95% des unités de production agricole du pays. De plus, elle emploie près de 86% des actifs du pays et est responsable de la quasi-totalité de la nourriture produite au plan national.

Paradoxalement au rôle important qu’ils jouent dans le développement du Burkina Faso, les paysans-nes et leurs exploitations demeurent confrontés à plusieurs contraintes (dépendance quasi-totale de la pluviométrie, difficultés d’accès aux intrants, aux équipements améliorés et adaptés, aux financements et surtout aux crédits bancaires, insuffisance de services d’appui conseil, difficultés d’accès aux marchés, etc.), qui altèrent considérablement leurs capacités à se transformer structurellement et à remplir efficacement toutes les fonctions qui leurs sont dévolues. Aussi, ils continuent d’être victimes de stéréotypes et clichés de tous genres de la part de certains acteurs qui inhibent parfois les débats et les prises de décisions en leur faveur.

« Vouloir bouter la faim et la malnutrition hors du Burkina Faso à court terme et parvenir à une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable du pays sans consentir les efforts appropriés pour la transformation (modernisation) des Exploitations Familiales est illusoire et assimilable à l’emprunt de chemin sans issue certaine».
Dans le but d’apporter leur contribution aux efforts fournis par l’Etat pour l’atteinte des objectifs de sécurité alimentaire et nutritionnelle du Burkina Faso, un groupe constitué de 13 OSC nationales réalisent depuis 2016, un plaidoyer collaboratif centré sur deux axes majeurs, à savoir : (1) la transformation/modernisation des Exploitations Familiales à travers une amélioration de leur accès aux facteurs de production et au marché et (2) l’amélioration de la gouvernance institutionnelle de la sécurité alimentaire et de la nutrition à travers l’unification du Conseil National de Sécurité Alimentaire (CNSA) et du Conseil National de Concertation en Nutrition (CNCN), et l’érection de la nouvelle structure créée en une institution supra ministérielle. Ce plaidoyer collaboratif s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Programme Voix pour le Changement (V4CP), Financé par le Ministère Néerlandais des Affaires Etrangères (DGIS) et mis en œuvre six pays dont le Burkina Faso par l’Organisation Néerlandaise de Développement- SNV, implantée au Burkina Faso depuis 1970 en partenariat avec l’International Food Policy Research Institute (IFPRI) pour une durée de cinq (05) ans (2016-2020).
Sous le leadership de l’UNPRB et en partenariat avec la Confédération Paysanne du Faso (CPF), les OSC engagées dans ce plaidoyer ont décidé d’organiser des « Journées de Compréhension des Exploitations Familiales et de Dissémination des Preuves Mobilisées ». Ces journées qui se tiendront les 23 et 24 Janvier 2020 dans la salle de conférence de la Direction Nationale des Douanes à Ouaga 2000, visent à interpeller les décideurs et les Partenaires Techniques et Financiers sur la nécessité d’engager des actions vigoureuses et urgentes en faveur de la transformation (modernisation) des exploitations familiales pour favoriser l’atteinte des objectifs de sécurité alimentaire et nutritionnelle du Burkina Faso. Elles seront consacrées à des échanges sur des évidences (preuves) issues d’études et d’analyses qui mettent en lumière les difficultés qu’éprouvent les exploitations familiales se moderniser, les enjeux, les défis, les perspectives et les impacts positifs d’une transformation structurelle durable de ce modèle d’agriculture, sans oublier l’amélioration de la gouvernance de la sécurité alimentaire et de la nutrition.
Au nom de l’ensemble des Présidents des conseils d’administration des OSCs engagées dans ce processus de plaidoyer, et au mien propre, je voudrais remercier tous les participants à cet atelier et souhaiter de très bons et fructueux échanges.
Soyez la voix de la voix pour le changement au Burkina Faso.

Ouagadougou, le 17 Janvier 2020
Georges KIENOU
Président de l’Union Nationale des
Producteurs de Riz du Burkina (UNPRB)


Présentation du projet voix pour le changement
Voix pour le Changement (V4CP) est un Programme multisectoriel financé par le Ministère Néerlandais des Affaires Etrangères (DGIS) et mis en œuvre dans six pays : le Burkina Faso, le Ghana, le Honduras, l’Indonésie, le Kenya et le Rwanda.
Au Burkina Faso, le programme V4CP se concentre sur le plaidoyer porté par les OSC afin d’influencer les politiques et les décisions. Il est mis en œuvre par SNV conjointement avec IFPRI et 09 Organisations de la Société Civile (OSC). Ces organisations opèrent à l’interface entre l’Etat, les citoyens et le marché. En raison de leur position indépendante et de leur implantation dans la société, ils relient et représentent les intérêts d’un nombre important de groupes. Ainsi à travers un plaidoyer collaboratif, les OSC constituent une force de propositions auprès des décideurs pour une responsabilisation plus accrue des acteurs publics et privés.
Ce plaidoyer est axé autour de 03 grands thèmes : Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle, Résilience Pastorale et Energies Renouvelables.

Présentation du sujet de plaidoyer de la thématique sécurité alimentaire et nutrition
«Promouvoir la transformation des exploitations familiales pour une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable au Burkina Faso», tel est le sujet de plaidoyer de plusieurs organisations de la société civile agricole partenaires du programme V4CP au Burkina Faso.
Ce plaidoyer vise essentiellement à rendre disponible et à faciliter l’accès des exploitants familiaux aux intrants agricoles (semences améliorées et fertilisants), aux équipements modernes (charrues, motoculteurs, tracteurs, motopompes), à l’encadrement technique de proximité (suivi des itinéraires techniques, diversification de cultures, conseil à l’exploitation familiale, élevage, nutrition). Il vise aussi à promouvoir une meilleure coordination et ancrage institutionnel de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Burkina Faso.

– Quelles sont les OSC engagées dans ce plaidoyer ?
Au départ, elles étaient quatre : la Coopérative de Prestation de Services Agricoles Coobsa (COPSAC) basée à Founzan, la Fédération des Professionnels Agricoles du Burkina (FEPAB) dont le siège est à Ouagadougou, la Fédération Nationale des Groupements Naam (FNGN) basée à Ouahigouya et l’Union Nationale des Producteurs de Riz du Burkina (UNPRB) dont le siège est à Ouagadougou. Pour être plus représentatives et crédibles dans leur plaidoyer, ces OSC ont créé une alliance avec d’autres OSC conduisant déjà des initiatives et actions similaires. Ce sont : la Confédération Paysanne du Faso (CPF), le Secrétariat Permanent des Organisations Non-gouvernementales (SPONG), la ligue des consommateurs, la Fédération des Industries Agro-alimentaires (FIAB), la Fédération Nationale des Organisations Paysannes (FENOP), le Réseau de Veille sur la Commercialisation des Céréales (RVCC), l’Alliance Technique d’Assistance au Développement (ATAD), SoS Sahel International, Inades Formation, et d’autres organisations.

Objectifs des journées de compréhension des exploitations familiales et de dissémination des évidences

  • Objectif Général
    Interpeller les décideurs et les PTF sur la nécessité d’engager des actions vigoureuses et urgentes en faveur de la transformation (modernisation) des EF pour favoriser l’atteinte des objectifs de sécurité alimentaire et nutritionnelle du Burkina Faso.
  • Objectifs spécifiques :
    – disséminer des preuves (évidences) concernant les EF en termes d’activités, d’acquis, d’efforts et d’appuis dans le sens de leur transformation auprès des parties prenantes ;
    – améliorer le niveau de compréhension et de perception des acteurs du monde rural, particulièrement celui des décideurs et des PTF sur les enjeux et les différents aspects à maitriser nécessairement sur les EF si le Burkina Faso veut parvenir à une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable ;
    – donner l’opportunité aux participants d’échanger et de partager leurs connaissances et expériences sur les objectifs, les politiques et les interventions concernant la sécurité alimentaire et la nutrition au Burkina Faso ;
    – favoriser la formulation de recommandations pertinentes et d’engagements pour une amélioration significative des conditions de vie et de travail des EF.

– Evidences à disséminer

  • Thème 1 : Mise en évidence de l’impact positif mesurable de la modernisation des EF sur la sécurité alimentaire et la nutrition du Burkina Faso

– Inventaire sur les composantes de la modernisation des exploitations familiales au Burkina Faso (produits de recherches disponibles)
– Modernisation des EF : la voix des exploitants agricoles familiaux et des autorités
– Leçons apprises de l’évaluation du programme de production vivrière améliorée de l’ONG Helen Keller International

  • Thème 2 : Mise en évidence des difficultés qu’éprouvent les EF qui peinent à se moderniser
    – Evolution de la modernisation des exploitations agricoles familiales au Burkina Faso : une analyse à partir des enquêtes permanentes agricoles
    – L’accès au crédit pour les petits exploitants agricoles au Burkina Faso
    -Accès aux intrants et à l’appui conseil agricoles selon le genre
  •  Thème 3 : Mise en évidence de l’insuffisance de la prise en compte de la problématique de la transformation/modernisation des EF dans les politiques publiques élaborées et exécutées au Burkina Faso
    – Revue des dépenses publiques pour la modernisation des exploitations familiales (2019)
    – Evolution de la prise en compte de la modernisation des exploitations agricoles familiales dans les politiques du Burkina Faso
    – Vision, engagement politique et cohérence de l’action en faveur des exploitations agricoles familiales : le point de vue des experts nationaux
    • Thème 4 : Mise en évidence de solutions et des outils d’aide à la prise de décision
    – Une alimentation nutritive pour mener une vie en bonne santé
    – Cartographie de l’adéquation nutritionnelle pour des interventions de politiques ciblées
    – Nouvelle vision du Ministère de l’Agriculture pour accélérer l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle suivi de plénière
    – Analyse du potentiel des exploitations familiales à assurer la sécurité alimentaire
    Inventaire de la recherche pratiquée au Burkina Faso sur les composantes de la modernisation des exploitations familiales (choix des politiques ciblées).
    • Thème 5 : Mise en évidence des défis et opportunités de la coordination de la sécurité alimentaire et de la nutrition au Burkina Faso
    – Evolution de la SAN au Sénégal
    – Cartographie de l’influence relative des acteurs sur les politiques de sécurité alimentaire et de nutrition au Burkina Faso

– Rapport d’étude sur l’efficacité de la mise en œuvre des politiques et stratégies en matière de sécurité alimentaire.



Attentes des OSC

Au titre des semences améliorées
Situation en 2018 :
– Taux d’utilisation des semences améliorées : 4.4 kg par hectare, or la dose optimale est de 15kg à l’hectare
– La subvention de l’Etat est de 2.1 milliards en 2018
– Elle couvre seulement 7% des besoins couverts pour l’ensemble des cultures hors coton sur la période 2012-2018 et seulement 12% pour les céréales.
Attente : Pour réduire l’insécurité alimentaire de 76% au niveau national et accroître les revenus des exploitants de 80%, il faut un investissement de 8 milliards par an pendant 3 ans pour les subventions en semences améliorées diversifiées (vivrières + rente).

Au titre de l’encadrement technique des exploitants familiaux (formation, vulgarisation)
Pour permettre aux services d’encadrements présents au niveau local d’accomplir efficacement leurs tâches, les OSC voudraient :
– un renforcement du dispositif d’appui conseil des acteurs non étatiques existant ;
– un accroissement de l’enveloppe dédiée au Programme National de Vulgarisation Agricole et d’Appui conseil à hauteur de 5 milliards de FCFA par an pendant 5 ans ;
Une dotation 1,3 milliards de FCFA par an pendant 5 ans des ressources publiques déléguées au fonctionnement des directions régionales soit 100 millions de francs par direction (22 millions en moyenne actuellement).

Au titre des équipements agricoles
Situation en 2018 : 77 500 charrues mises à la disposition des agriculteurs sur la période 2014-2018, sur un besoin de 480 000 charrues en 2013.
Attente : les OSC souhaitent la mise en œuvre d’un programme quinquennal de 300 000 unités complètes de matériels à traction animale équivalent à un investissement de 4,6 milliards par an pendant 5 ans. Il faudra également penser à alléger la pénibilité du travail agricole en dotant les exploitants de motoculteurs, décortiqueuses multifonctionnelles, etc.

Au titre du financement des exploitations familiales
Situation actuelle : moins de 15% des producteurs toutes spéculations confondues ont accès au crédit agricole (PNDES, 2016).Cette situation s’expliquerait par les coûts élevés des crédits agricoles.
Attentes :
– l’ouverture de concertations avec les secteurs bancaire et de la microfinance, pour susciter une réduction du coût du crédit agricole et le développement de produits et services financiers adaptés aux exploitants familiaux.
L’accélération de la mise en place du fond de développement agricole qui lèvera la contrainte de garantie exigée par les institutions financières.

Au titre de la gouvernance institutionnelle de la sécurité alimentaire et nutritionnelle
Situation actuelle :
Dualité d’institutions : Existence d’un Conseil National de Sécurité Alimentaire (CNSA) relevant du Ministère de l’Agriculture et des Aménagements Hydrauliques (MAAH) et d’un Conseil National de Concertation en Nutrition (CNCN) relevant du Ministère de la santé (MS).
Dualité des politiques : existence d’une politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau du MAAH et une politique nationale de nutrition au niveau du Ministère de la santé.
Conséquence faible impact des interventions

Attentes :
coordination institutionnelle unique de la sécurité alimentaire et nutritionnelle du niveau national au niveau local Ancrage institutionnelle supra-ministérielle (Primature ou Présidence du Faso)
Déclinaison de la coordination unique
politique unique et multisectorielle de la nutrition.

Au titre de la participation des OSC agricoles aux cadres de concertation au niveau local et national

Situation actuelle : faible représentativité des organisations paysannes dans les cadres de concertation traitant du développement rural

Attente : présence d’au moins 40% des OP dans les cadres de concertation traitant du développement rural .

  • Mots clés :

  • Agenda de l’atelier

 

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