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Perspectives économiques de la Banque mondiale: le Burkina à 6% sur 4 ans

Entre 2019 et 2022, le taux de croissance annuel du Produit intérieur brut (PIB) du Burkina Faso s’établira à 6,0%, selon la Banque mondiale, contre 6,4% pour l’UEMAO. L’institution a publié son rapport sur les perspectives économiques mondiales en début janvier 2020 (NDLR : voir infographie).
Une croissance du PIB stable qui repose sur les réformes visant à accroître la compétitivité des secteurs axés sur l’exportation, afin de soutenir la production, affirme la Banque mondiale.
En fin novembre 2019, le Fonds monétaire international avait lui aussi tablé sur une perspective à 6% pour 2020 portée par le secteur des services, les mines et l’exportation.
Pour le gouvernement, «en termes de perspectives sur la période 2020-2022, l’activité économique nationale connaîtrait une croissance de 6,4% en 2020, tirée principalement par le secteur tertiaire (7,4%), selon le Conseil des ministres du 12 octobre 2019.
Quelles perspectives se dessinent pour ce trio qui doit maintenir la croissance du pays pendant 4 ans.

Élargir l’assiette de l’impôt
Commençons par le secteur des services ou secteur tertiaire. Il comprend, selon les comptes nationaux trimestriels de l’Institut national des statistiques et de la démographie (INSD), les services marchands et les services non marchands. Dans le premier lot, on compte le commerce, l’hôtellerie et la restauration, les transports, la télécommunication, les services financiers et autres services marchands. Les services non marchands quant à eux comptent les administrations publiques, les autres services non marchands et les services intermédiation financière indirectement mesurés (SIFIM).
En 2020, la poursuite des efforts sur le plan des recettes et des dépenses contribuera à partiellement compenser la réduction attendue des recettes non fiscales exceptionnelles, afin de créer de l’espace budgétaire pour les investissements publics critiques et les dépenses sociales et de sécurité. Le budget 2020 a donné le ton. Les autorités sont déterminées à redoubler d’efforts pour élargir l’assiette de l’impôt. Les DG des Impôts et des Douanes l’ont annoncé en début d’année, leurs services vont continuer à simplifier et informatiser le système fiscal. Le gouvernement, quant à lui, s’est engagé devant le Fonds monétaire internationale, à mettre en place un compte unique du Trésor pour améliorer la gestion de trésorerie, renforcer les capacités institutionnelles et la coordination des réformes des finances publiques.
De plus, les réformes visant à freiner la croissance de la masse salariale progressent dans certains domaines, avec notamment, la mise en œuvre de mesures transitoires de réduction du ratio de la masse salariale par rapport aux recettes fiscales. À cet égard, les autorités se sont engagées, selon le FMI, à ne conclure aucun nouvel accord sur les salaires ou les indemnités en dehors du secteur de sécurité qui augmenterait la masse salariale.
Il faudra pourtant relancer et accélérer les travaux techniques sur le niveau approprié de la rémunération dans le secteur public, ainsi que le dialogue avec les parties prenantes, afin de dégager un consensus autour d’une réforme globale à moyen terme. Autre réforme dont la mise en œuvre avance progressivement est celle du mécanisme d’ajustement des prix des carburants. Elle vise à réduire la charge budgétaire des subventions aux carburants.
Toujours dans le secteur des services, les réformes attendues pour 2020 permettront d’accroître la productivité et la compétitivité et de favoriser une croissance inclusive. A cet égard, les autorités doivent renforcer l’inclusion financière qui est importante pour réduire la pauvreté et favoriser une croissance tirée par le secteur privé.

Prévisions optimistes pour l’or jusqu’en 2023
Le second pilier qui va stabiliser le PIB pour les 4 ans à venir est le secteur minier. 52,622 tonnes d’or et 165.000 tonnes de zinc produites par le Burkina Faso en 2018. Ces minerais ont engendré 1.540 milliards F CFA de recettes d’exportation, dont 266 milliards F CFA ont été versés dans le budget de l’Etat, soit 17,27% du chiffre d’affaires annuel du secteur. Ces informations ont été communiquées par le ministre des Mines et des Carrières, Oumarou Idani, au cours d’une conférence de presse qu’il a animée le 3 mai 2019 à Ouagadougou.
C’est donc peu de dire que le secteur minier contribue à la croissance du PIB du pays. Et les prévisions jusqu’en 2023 sont optimistes, du moins pour le géant bancaire suisse UBS. La banque universelle suisse reste optimiste sur l’or, au-delà de vents contraires à court terme. En conséquence, UBS reste optimiste pour l’or, visant un cours de 1.600 dollars l’once au cours de l’année 2020. De son côté, Goldman Sachs estime que les prix de l’or pourraient atteindre 1.600 dollars l’once. Certaines banques comme Citigroup sont encore plus optimistes. Selon l’établissement, le métal jaune pourrait même dépasser le pic historique de 2011 (1.921 dollars l’once) et franchir le cap psychologique de 2.000 dollars d’ici un ou deux ans.

NK


 

Exportation : la structuration des recettes à surveiller

S’agissant des exportations, le rapport sur la balance commerciale et le commerce extérieur 2018 informe que l’or non monétaire et le coton représentent à eux deux plus de 70% des recettes sur les 10 produits répertoriés dans le rapport: «L’or non monétaire demeure le premier produit d’exportation, avec une proportion de 64,5% de la valeur totale des exportations en 2017, suivi du coton non cardé ni peigné (12,0%)».
Si l’on s’en tient au rapport de la Direction générale de la coopération, des réformes doivent être menées à cause d’un changement important dans la structuration des recettes d’exportation.
D’une structure où prédominaient les exportations du coton (57%) et celles de produits de l’élevage (20,1%) en 2002, il ressort une prédominance de l’or avec 66,8% de la part des exportations en 2018. Cela se justifie principalement par les productions industrielles d’or qui ont atteint 56,74 tonnes en 2018.
Dans le secteur de l’agriculture, la structure des recettes d’exportation a aussi connu des modifications. En effet, le sésame a dégringolé de la 3e à la 5e place des produits d’exportations. Autre produit en baisse dans le tableau, il y a l’amande de karité, dont les recettes ont baissé.
Les autres produits d’exportation qui ne font pas partie de ce top 10 connaissent une relative progression de leurs recettes. Ce sont le maïs, l’huile de coton, l’argent, l’arachide en coques non grillées, la noix de cajou sans coque. Ce sont ces spéculations qu’il faudra surveiller afin d’améliorer l’offre au niveau des acheteurs internationaux.
Pour les filières dites porteuses, à savoir la graine de sésame, l’amande de karité, la mangue, le beurre de karité, des animaux vivants, l’oignon et les cuirs et peaux, leurs recettes d’exportations ont baissé entre 2016 et 2017. Cette situation est induite principalement par la baisse des exportations des graines de sésame et des cuirs et peaux.
Notons que ces filières ont été identifiées par le gouvernement, dans le cadre de la stratégie nationale des exportations en raison de leur niveau de production et du potentiel, de leur importance socioéconomique; du dynamisme des exportations et du dynamisme de la demande mondiale. On attend donc un nouveau souffle dans ce secteur.o Afrique subsaharienne: croissance lente, enjeux de politique générale
Pour la Banque mondiale, la reprise économique en Afrique subsaharienne a marqué le pas en 2019, avec une croissance estimée à 2,4 %. Malgré quelques légers ralentissements, les taux de croissance ont été plus soutenus dans les pays exportateurs de produits agricoles.
En termes de perspectives, «la croissance régionale devrait s’accélérer pour atteindre 2,9 % en 2020, à condition que la confiance des investisseurs s’améliore dans certaines grandes économies, que les goulets d’étranglement énergétiques s’atténuent, qu’une hausse de la production pétrolière contribue à la reprise dans les pays exportateurs de pétrole et que la croissance continue d’être vigoureuse dans les pays exportateurs de produits agricoles».
Dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine, la croissance devrait se maintenir à 6,4 %. Dans les pays exportateurs de produits agricoles, le maintien d’importantes dépenses publiques d’infrastructures, associé au regain d’activité du secteur privé à Madagascar, au Rwanda et en Ouganda, ou à la poursuite des réformes visant à accroître la productivité et la compétitivité des secteurs axés sur l’exportation, comme au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, continuera de soutenir la production. Au Kenya, la croissance devrait atteindre 6 %.
Evoquant les risques, la Banque mondiale prévoit une décélération plus marquée que prévu chez les principaux partenaires commerciaux tels que la Chine, la zone euro ou les États-Unis entraînerait une baisse sensible des recettes d’exportation et des investissements. Un ralentissement plus rapide que prévu en Chine provoquerait l’effondrement des prix des produits de base et, compte tenu de la forte dépendance des exportations et des recettes budgétaires de l’Afrique subsaharienne à l’égard des secteurs extractifs, pèserait lourdement sur l’activité régionale.
La hausse généralisée de la dette publique a entraîné la forte augmentation des charges d’intérêts, avec pour effet d’évincer les autres dépenses et de susciter des inquiétudes quant à la viabilité de la dette. L’insécurité, les conflits et les rébellions – en particulier, au Sahel – pourraient peser sur l’activité économique et la sécurité alimentaire dans plusieurs économies. Les phénomènes météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents du fait du changement climatique, d’où un important risque de ralentissement.

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