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Commune de Tenkodogo : Les confidences du Maire

Ancien fonctionnaire reconvertie en chef d’entreprise dans le privé, il n’est pas un homme politique. Harouna Ouélogo, l’édile de la cité de Tenkodogo, parle de sa Commune au micro de L’Economiste du Faso. Le 11-Décembre va changer les choses
L’Economiste du Faso : Quel était l’état de la Commune lorsque vous en avez pris les commandes?
Harouna Ouélogo, maire de Tenkodogo: Après la législation spéciale, quand nous avons repris les rênes de la Commune (j’évite toujours de jeter l’opprobre sur les anciens administrateurs, parce que l’Administration est une continuité), nous avons hérité de beaucoup de problèmes. Mais j’estime que la Délégation spéciale a fait de son mieux. Nous profitons de l’occasion pour les féliciter, parce qu’ils ont fait la continuité de ce qu’on avait commencé, notamment certains projets non achevés qu’ils ont repris à leurs comptes : tels que la construction d’une clôture de la Mairie, l’achat de véhicules qui ont été faits pendant leur mandat.
La Commune de Tenkodogo a eu beaucoup de chances. Il faut avoir un minimum de portefeuille de relations aussi bien dans le milieu politique que celui des hommes d’affaires. Nous constatons qu’aujourd’hui, la plupart des Communes souffrent de la levée d’impôts. Nous avons fait un programme concernant les outils de gestion dans le cadre de la ville grâce à nos relations. Nous avons reçu un financement pour le plan communal de développement octroyé par le ministère de l’Urbanisme. Tenkodogo aujourd’hui, a un plan d’occupation des sols, un schéma directeur, chacun doit savoir où l’on doit construire et dans quelles conditions. Je prends, par exemple, la RN5, Koupéla –Tenkodogo, tous ceux qui sont aux abords de cette route ne doivent plus construire n’importe comment, ils doivent suivre les plans d’un document d‘urbanisme ? Cela permettra de changer l’image de la ville dans 25 ou 30 ans. A ce niveau, on peut remercier le ministère de l’Urbanisme pour son accompagnement.

Quelles sont les priorités de la Commune ?
Aujourd’hui, les besoins prioritaires de la population, c’est l’eau et l’éducation, les routes. Nous avons mis beaucoup l’accent sur l’éducation et l’eau. Nous avons construit beaucoup d’écoles avec l’accompagnement de la population. Cet accompagnement est la conséquence de la sensibilisation sur leurs droits de propriété sur l’ouvrage et non celle du Maire. On a invité les populations à surveiller leurs chantiers, compte tenu de la mauvaise foi de certains entrepreneurs. On a toujours traité les Maires de corrompus. Mais vous prenez quiconque à témoin, j’ai dit même aux entrepreneurs, que si un particulier venait les voir à mon nom, de me revenir immédiatement pour vérifier. Je ne prétends pas être blanc comme neige, mais en ce qui concerne l’intérêt des enfants ou des populations, nous devons avancer avec un leitmotiv : développer ce pays ; parce que, s’il faut construire des infrastructures qui risquent de tomber par la suite, c’est un éternel recommencement.

Comment financez-vous le programme d’activités de la Mairie
Concernant les sources de financements, il y a un adage mossi qui dit que quand on te lave le dos, il faut te laver le visage, personne ne viendra développer notre Commune à notre place. Quand nos équipes sortent pour le recouvrement, elles se heurtent souvent à des refus, mais nous tentons de les sensibiliser. Je conseille toujours aux gens d’être des citoyens et non des habitants passifs. II y a beaucoup de réalisations sur fonds propres, que nous programmons chaque année ; en plus de cela, nous avons le soutien de l’Etat et de la coopération décentralisée.

Cette coopération est-elle très importante ?
Nous avons à Tenkodogo, une coopération décentralisée dynamique. Nous sommes à notre programme 4 de la coopération décentralisée, le programme 3 a concerné l’assainissement, tandis que le programme 4 concerne les forages dans les écoles et les villages.
Nous avons une coopération décentralisée avec des villes européennes. Les coopérations avec les Communes françaises et allemandes sont dynamiques.
Présentement, nous avons un programme pour réaliser un CSPS dans le village de Zano. Je précise que pour les festivités du 11-Décembre, nous accueillerons une délégation allemande, malgré l’insécurité.
Mon premier adjoint était à Phnom Penh (capitale du Cambodge), du 2 au 4 décembre, pour participer à l’Assemblée générale des Maires francophones. Ce sont des espaces qu’on peut exploiter pour nouer des relations, pas seulement dans l’intention d’engranger des projets mais aussi des salles culturelles. Dans le programme 4, plus de 100 millions ont été investis aussi dans la coopération avec les Communes allemandes, il y a la construction d’un CSPS qui est aussi estimée à 100 millions.

Comment appréciez-vous la contribution de la population au niveau de la Commune ?
Il faut dire que sur l’apport de la population de la Commune, beaucoup reste à faire. Mais personnellement, je ne suis pas satisfait. En recettes propres, on doit pouvoir faire mieux, parce que Tenkodogo est une ville de commerçants. On ne va jamais se lasser de sensibiliser les commerçants, parce que les gens ont tendance à croire que ce sont les autres qui doivent venir développer notre Commune. A titre d’exemple, il m’a été demandé de solliciter de l’aide des partenaires à l’occasion du 11-Décembre. Il faut que nous apprenions à nous passer de l’aide .Notre budget propre ces 3 dernières années tourne autour de 250 millions, je trouve que c’est faible pour un budget total qui dépasse le milliard. C’est aussi un appel que je lance aux acteurs et opérateurs économiques.
Les textes financiers ne nous permettent pas de faire nous-mêmes le recouvrement sans un agent du Trésor. On fait au maximum deux recouvrements dans l’année, ce qui est un handicap. Il faut que l’Etat nous laisse faire nos recouvrements nous-mêmes. Nous avons un marché central de Tenkodogo qui ne fait pas l’honneur de la Commune. Nous allons prendre le projet à bras-le-corps pour rendre ce marché fonctionnel.

A quel niveau se trouve la contribution de la diaspora
La part de contribution de la diaspora est très importante pour la Commune sur le plan des infrastructures, ils accompagnent leurs familles à travers les constructions, mais ils ne passent pas généralement par la Mairie. Cependant, la Mairie a la volonté de les accompagner à mieux aider la Commune, à travers l’aide à leurs proches. Il y a des gens qui font des forages et la Mairie n’est pas au courant.

Quels sont les impacts à court et à moyen terme de la célébration du 11-Décembre dans la Commune ?
Le 11-Décembre est une chance pour la ville de Tenkodogo, parce que cette célébration était programmée, au départ, pour 2021 pour la ville de Tenkodogo. Tous les sites ont été choisis avec la société civile, toute l’organisation a été faite de commun accord avec la population et la société civile. Les sites choisis sont très stratégiques. A titre d’exemple, la salle polyvalente qui est bien aménagée est située au secteur 6, nous avons la place de la Nation qui va accueillir tout ce qui est comme manifestation, la cité du 11-Décembre qui est située en plein centre-ville. Je profite pour féliciter la population pour le travail abattu. En ce qui concerne les infrastructures routières, Nous avons bénéficié de 37 km à l’occasion du 11-Décembre, la petite difficulté réside dans les rues pavées dont la réalisation traîne.Tenkodogo aura un nouveau visage grâce au soutien de tous, grâce au 11-Décembre. Nous souhaitons que l’insécurité soit contrée, nous prions les mânes des ancêtres que la célébration du 11-Décembre à Tenkodogo se passe sans difficultés. L’avantage du 11-Décembre, c’est que ça permet aux Communes de s’intéresser aux villages, si les infrastructures sont réalisées, nous allons par la suite nous consacrer aux villages. Nous avons pu réaliser plusieurs forages dans les villages dans le cadre du 11-Décembre.

Entretien réalisée par JB


Qui est monsieur le Maire

El Hadj Harouna Ouélogo est le Maire de la Commune de Tenkodogo. Ingénieur géomètre, il s’est installé en cabinet privé, après avoir pris sa disponibilité en 2006 de la Fonction publique, après 23 années de bons et loyaux services. Opérateur privé dans le domaine de l’expertise foncière, immobilière, c’est un chef d’entreprise qui emploie 11 personnes. Elu Maire en 2013, il a pris fonction en juin 2013 ; par la suite, à la faveur de l’insurrection, son mandat a été interrompu en 2014. Après le rétablissement de la situation, il est réélu Maire de Tenkodogo en 2016. Avec 202 conseillers, son Conseil est l’un des plus importants du pays. Le Conseil de 2016 est composé de 3 partis, le MPP (110 conseillers), majoritaire, l’UPC et le CDP.

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