Par un communiqué en date du 9 septembre 2019, le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat (MICA) a apporté une réponse concrète à l’une des préoccupations majeures de la SN SOSUCO, de la SN CITEC et bien d’autres unités nationales de production d’huile. Il s’agit de la suspension de l’importation des denrées que sont le sucre et l’huile. Ces unités industrielles en question sont de nos jours, confrontées à une forte mévente. Et cette décision est accueillie en leur sein avec une grande satisfaction. C’est le fruit de longues et difficiles concertations avec l’ensemble des acteurs des filières concernées, et surtout le gouvernement. Pour le DG de la SN SOSUCO, Moctar Koné, c’est une très bonne action qui permettra de voir clair dans le marché du sucre et de l’huile. « Jusqu’à présent, toutes les mesures qui ont été prises n’ont pas permis de voir le bout du tunnel. Le problème persistait parce que les importations se faisaient de manière incontrôlée si bien qu’il était temps qu’une mesure énergique soit prise , qui arrête toute importation, qui connait déjà nos stocks dans nos magasins et qui connait quel opérateur a importé ces derniers mois et semaines, qui connait par conséquent la quantité de sucre qui se trouve sur le marché et qui voit écouler ces quantités pour assainir le marché et répartir avec des mesures claires permettant d’assainir le marché et de mettre un terme à cette concurrence déloyale que nous connaissons depuis 10 ans». Du côté du DG de la CITEC, Alexandre Zanna, on note la même satisfaction. Selon lui, avec l’assainissement du marché qui s’en suivra, les huileries pourront vendre tranquillement leur production. Toute chose qui leur permettra de garantir les emplois. Les consommateurs n’ont pas à s’inquiéter quant à la satisfaction de leurs besoins, selon lui. Selon le DG de la SN SOSUCO, les stocks disponibles actuellement dans leurs magasins permettent de ravitailler la population pendant de très longs moments.
« Sur les 120 000 tonnes de sucre que représente la consommation nationale par an, la SOSUCO dispose actuellement de plus de 20 000 tonnes dans ses magasins. Ce qui représente deux mois de consommation des Burkinabè. Actuellement, le sucre importé qui se trouve sur le marché représente près de deux à trois mois de consommation. Et la campagne sucrière de la SOSUCO commence le 1er novembre, et chaque mois, nous produirons entre 6 et 7 mille tonnes de sucre. C’est dire qu’il n’y a aucun problème de pénurie qui puisse se présenter ». Moctar Koné se veut également rassurant quant à la maîtrise des prix, car, a-t-il renchéri, « à SOSUCO, nous maintenons nos prix. Dans le passé, il y a déjà eu des mesures de freinage des importations du sucre qui n’ont pas donné lieu à un manque de sucre sur le marché, ni à une augmentation de prix. D’ailleurs, à SOSUCO, nous cherchons à réduire nos prix. C’est dire que s’il y a inflation des prix, cela voudrait dire que c’est délibérément que des gens qui veulent exploiter la situation le feront ». Cette décision arrive au moment où la nationale du sucre burkinabè avait toujours dans ses magasins, près de 24 000 tonnes de sucre qu’elle n’arrivait pas à vendre. Moctar Koné confie que l’entreprise connait une tension de trésorerie telle qu’elle a des problèmes avec tous ses partenaires que sont les banques, les fournisseurs, et les impôts à qui la SN SOSUCO doit beaucoup d’argent. C’est dire qu’elle (la suspension de l’importation) viendra certainement permettre à la SN SOSUCO et aux différentes huileries du pays de se refaire une santé économique et financière. C’est donc pour saluer cette décision qu’elles qualifient de courageuse, d’historique et de patriotique et apporter leur soutien au gouvernement pour cette décision, que l’ensemble des industriels de Bobo-Dioulasso et de Banfora a tenu, le 12 septembre 2009 dans la soirée, une conférence de presse dans la capitale de la province du Houet. Cette activité a connu la participation des premiers responsables des travailleurs mobilisés en grand nombre ainsi que de la population de Sya. A cette occasion, le représentant du président du GPI a souhaité que la suspension de l’importation soit élargie à d’autres produits industriels locaux, à l’image des pneumatiques et chambres à air pour deux roues, qui connaissent également des problèmes d’écoulement. Il a, par ailleurs, invité les autorités à rester fermes sur leur décision et à veiller à l’application intégrale de cette mesure. Pour le GPI, l’Industrie burkinabè ne craint pas la concurrence quand celle-ci est loyale. C’est pourquoi, il souhaite qu’au-delà de la suspension de l’importation, la règlementation fiscale à laquelle tous les opérateurs économiques sont soumis doit être respectée car, rien ne peut justifier le refus de certains de se soumettre à la facturation normalisée, à la perception de la TVA et de l’acompte BIC.
Les travailleurs de ces unités industrielles, pour leur part, prennent l’engagement d’élever le volume de leurs productions tout en améliorant la qualité, le tout, pour répondre à la demande nationale en constante augmentation. Pour eux aussi, si cette mesure dure dans le temps, elle pourrait permettre aux entreprises burkinabè de prospérer. Du reste, ils précisent qu’elle n’est pas propre seulement au Burkina, car, soutiennent-ils, face à un environnement mondial très difficile pour l’ensemble des économies, de nombreux pays ont déjà pris des mesures similaires, souvent plus drastiques. En exemple, ils citent la Côte d’Ivoire, qui a interdit l’importation du sucre dans son territoire, le Niger, qui a interdit l’importation du riz, le Nigeria, qui a fermé ses frontières avec tous ses voisins, et la Gambie, qui vient d’arrêter l’importation de la farine de blé. Pour ces braves hommes, le slogan tant populaire depuis la période de la Transition « Plus rien ne sera comme avant commence maintenant », et notre pays ne doit pas être le dépotoir pour des produits de la contrefaçon, interdits ailleurs.
Sy Amir Lookmann