Ce samedi 20 juillet 2019, l’école primaire publique de Labretenga, village situé à quelques encablures de la ville de Tenkodogo (région du Centre-Est), était en fête. Le corps enseignant ainsi que les élèves ont mis les petits plats dans les grands pour fêter l’excellence. Il y a trois ans, personne n’aurait parié sur ce jour.
En octobre 2016, le ministère de l’Eau et de l’Assainissement a entamé une tournée dans la région du Centre-Est afin de s’assurer de la bonne réalisation des infrastructures d’assainissement et d’eau. Cela, en compagnie de la presse nationale.
Bénéficiaire de latrines institutionnelles, la délégation ministérielle s’est rendue à l’école primaire publique de Labretenga pour faire le constat de l’avancement des travaux de construction des latrines qui devaient profiter aux élèves et aux enseignants.
Surprise. En fait d’école, il n’en était rien. Du moins, l’école qui a ouvert ses portes en septembre 2015 existait sur le papier mais pas sur pied. De sa date d’ouverture au 22 octobre 2016 (date de la visite), aucune infrastructure n’avait été construite par le ministère en charge de l’Education nationale, en dehors des latrines en construction. Encore moins la dotation en tables-bancs ou en matériels pédagogiques. Le seul enseignant et directeur de l’école, Séni Sana, a confié qu’en réalité, c’est un manguier qui faisait office d’établissement pour les enfants. Il a donné ses cours aux élèves de CP1 (Cours primaire 1re année) sous l’arbre en question durant huit mois, au cours de l’année scolaire 2015-2016.
L’action gouvernementale se faisant attendre, les habitants de Labretenga, avec le leadership du chef du village, ont initié des cotisations afin d’offrir une salle de classe aux élèves pour la rentrée scolaire 2015-2016. Après avoir presque fini d’ériger le bâtiment de fortune, le vent et la pluie ont terrassé l’édifice avant même la rentrée des classes. Ce qui n’a pas démotivé les parents d’élèves qui ont simplement repris la construction d’une autre salle de classe. Mais en raison du premier incident, l’argent n’a plus suffi pour finaliser le bâtiment. Si fait qu’à la reprise des cours, les enfants se sont installés dans une salle loin des normes, avec une toiture en paille et des tables-bancs d’emprunt au centre d’alphabétisation du village.
C’est un article de presse sur les péripéties de cette école produit et publié sur le site d’information Lefaso.net. qui a permis à un Burkinabè en service à la Commission économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de connaitre l’histoire des 50 enfants et de leur enseignant de cette école. Lassané Kaboré, Directeur de la surveillance multilatérale à la CEDEAO (ministre en charge de l’économie depuis janvier 2019), décide donc d’aider, dans un premier temps, à la finalisation de la salle de classe pour être aux normes. Et dans un second temps, grâce à l’appui d’amis coopérants, fait ériger trois autres salles de classes au grand bonheur du village.
Pour montrer leur reconnaissance à leur bienfaiteur, les élèves qui étaient en classe de CP2 (cours préparatoire 2e année) en son temps, ont pris comme nom de promotion « Lassané Kaboré». Dès cet instant, est née une histoire d’amour entre le parrain et les élèves.
Trois ans après, les choses ont évolué positivement, car la promotion « Lassané Kaboré » doit faire le CM1 (Cours moyen 1re année) à la prochaine rentrée. Et l’école compte 127 élèves avec trois enseignants. Quoi de plus normal après un tel cheminement que de célébrer l’excellence ce samedi 20 juillet 2019, en primant les plus méritants et en donnant des primes d’encouragements aux autres afin de les inciter à faire plus. En présence des autorités provinciales de l’Education, le parrain, par la voix de son émissaire, a invité ses filleuls à toujours bien étudier et à être respectueux des enseignants et de leurs parents.
M.K