Le 7 mai dernier, le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (CREPMF), qui s’est mué en Autorité des marchés de l’UEMOA (AMU), a émis un communiqué qui a fait des vagues au Faso. Dans son message diffusé sur son site Web, le régulateur indexait des entreprises burkinabè et ivoiriennes d’exercer illégalement des activités d’appel à l’épargne. Parmi les entreprises burkinabè citées: NISFASO, SOFATO et GLOBUMI.
Le Conseil régional attirait l’attention de l’opinion burkinabè sur les activités de ces sociétés en ces termes: «Certaines structures procèdent à la collecte irrégulière de fonds auprès du public contre des titres de capital, des placements financiers, des biens (immobiliers ou véhicules), avec des promesses de rendement allant parfois de 100 à 500% de la mise initiale».
Le Conseil régional avait alors invité les promoteurs des sociétés concernées à prendre attache avec ses services pour se conformer à la législation sous peine de sanction.
Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Les responsables des sociétés concernées ont été reçus effectivement à Abidjan pour certains, d’autres ont été reçus par la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique pour s’expliquer sur leurs activités. A la suite de ces entrevues, le ministère de l’Economie et des Finances a produit un communiqué pour sensibiliser l’opinion sur les risques encourus lors d’opérations de levée de fonds non autorisées par le régulateur. Pour les promoteurs, il s’agissait de leur intimer l’ordre d’arrêter l’activité querellée et de voir dans quelle mesure, ceux-ci pouvaient se mettre en règle. A ce niveau, en fonction de la nature de l’activité, les trois entreprises ne sont pas logées à la même enseigne.
La situation semble plus délicate du côté de GLOBUMI (Global business management institute). Cette entreprise intervient dans le trading et compte actuellement près de 7.000 clients dans son portefeuille. Les clients ouvraient un compte sur la plateforme de la société de trading avec une mise capital de départ avec des promesses de rentabilité alléchantes.
Les mauvaises langues disent que c’est elle qui était visée principalement par le communiqué du CREPMF. Ses comptes ont fait l’objet de déclarations de soupçons de la part des banques. Cette déclaration de soupçons a déclenché une procédure, toute chose qui a abouti au gel des comptes de l’entreprise. Les déclarations de soupçons sont faites par les banques et les établissements financiers lorsqu’ils constatent des mouvements anormaux sur les comptes de leurs clients. Ces déclarations sont faites auprès de la CENTIF (Cellule nationale de traitement de l’information financière).
Gel des comptes de GLOBUMI
Des investigations seraient en cours. Les responsables de GLOBUMI attendent impatiemment la fin de ces investigations pour désintéresser leurs clients impatients. Le gel des comptes de la société a créé une panique au niveau des clients qui craignent de ne pouvoir rentrer dans leurs investissements.
Dans un premier temps, la société a informé tous ses clients de la saisie de ses comptes, ce qui suspendait de fait les paiements attendus. Cela a eu l’avantage de calmer les ardeurs des uns et des autres. Mais les investigations se prolongeant, des plaintes en Justice ont été signalées. Mais le responsable de la société, Hippolyte Sombié, dit n’avoir eu connaissance que d’une seule d’un client qui n’avait pas eu toutes les informations sur la situation actuelle. Le dossier serait en traitement, selon lui. Mais, il espère un dénouement rapide pour soulager ses clients et surtout voir dans quelle mesure poursuivre l’activité en respectant la législation (voir encadré)
SOFATO a arrêté la souscription
SOFATO (Société Faso tomate), nom de l’entreprise de transformation de tomate qui devait se mettre en place grâce à un actionnariat populaire, a arrêté sa campagne de communication et de souscription, selon le coordonnateur du projet joint le 17 juillet au téléphone. Une coopérative est en train d’être constituée et ce sont les parts des membres qui vont constituer le capital pour la construction de l’usine.
NISFASO, l’opération n’a pas été fructueuse
Au niveau de NISFASO (Nationale d’identification et de sécurisation du Faso), son responsable, Souleymane Ouédraogo, qui a été auditionné par la Direction générale du Trésor, a estimé ne plus être concerné par le communiqué du CREPMF. Il explique qu’au moment de la diffusion du communiqué, l’appel à prendre des participations dans sa société, publié dans des journaux de la place, était clos et que l’opération n’aurait pas été fructueuse. Cette entreprise avait publié dans le journal Courrier confidentiel, «un appel à l’épargne publique» pour un montant de 490 millions répartis et 24.500 actions d’une valeur de 20.000 F CFA chacune et pour lesquelles elle promettait un fort rendement.
JB
GLOBUMI
«Nous attendons la conduite à tenir», Hippolyte Sombié
«Les autorités nous ont approchés pour comprendre le fonctionnement de l’activité. Elles sont présentement en train de faire leurs investigations et nous ont ordonnés d’arrêter toutes activités. Nous, à notre niveau, nous attendons qu’elles finissent et nous disent la conduite à tenir.
Ce que les structures de Trading et les clients investisseurs subissent présentement est désagréable à tous les niveaux. Cependant, en prenant un peu de recul (…), nous arrivons aussi à comprendre la position des autorités présentement. Nous espérons que dans leurs investigations, elles comprendront la valeur ajoutée du Trading dans notre pays et qu’elles nous aideront à réguler ce secteur pour que tout le monde puisse en profiter sainement. Je remercie nos investisseurs pour leur confiance sans cesse renouvelée à GLOBUMI depuis 2016 et nous les invitons à patienter encore un peu et laisser les autorités finir le travail afin que tous puissent reprendre normalement et de plus belle».