Quelle est la situation actuelle de la Société de transformation de fruits et légumes (STFL), implantée à Loumbila ? L’audit réalisé en 2015 par l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC) avait révélé une mauvaise gestion ayant conduit à l’arrêt des activités et au licenciement de l’ensemble de son personnel. Suite à cet audit, des poursuites judiciaires avaient été engagées et le dossier serait entre les mains d’un juge d’instruction du Tribunal de Grande instance de Ziniaré, pour situer les responsabilités. Il ressort de l’audit réalisé sur les états financiers, que la STFL reste redevable d’une somme de 1,4 milliard FCFA, dont 640,532 millions FCFA aux fournisseurs, 64,531 millions FCFA de cotisations sociales des travailleurs, 63,146 millions FCFA d’arriérés de salaires, 5,1 millions de droits légaux. A cela, il faut ajouter les 272,563 millions FCFA de dommages et intérêts réclamés par les travailleurs de la société.
La société a, par la suite, été placée sous administration provisoire en mars 2017, afin d’éviter les multiples saisies de ses biens par les créanciers. L’administration provisoire emploie actuellement 6 personnes.
Le gouvernement pense toujours à relancer cette usine. En 2018, il a commandité un audit avec la participation d’experts indiens. Cet audit a révélé que l’outil de production ne souffrait d’aucun dommage particulier. Toutefois, au regard de la durée d’arrêt, depuis juin 2013 pour les travaux de génie civil et mai 2014 pour les installations, la poursuite des travaux nécessiterait la réalisation d’une maintenance, à savoir le graissage et la lubrification de tous les moteurs et le contrôle des éléments de transmission.
Pourtant, l’importance de ce projet n’est plus à démontrer.
L’économe burkinabè est dominée par l’agriculture qui emploie plus de 80% de la population active avec une contribution de près de 30% au Produit intérieur brut (PIB). L’apport du PIB de ce secteur parait faible lorsqu’on tient compte du nombre de personnes qu’il occupe. Cette situation s’explique par le fait que l’agriculture est toujours traditionnelle avec un faible niveau de transformation pour valoriser les produits nationaux. Cette faible valorisation touche principalement les fruits et légumes. Pourtant, le Burkina Faso présente des capacités de production et des possibilités de transformation existantes.
C’est pour pallier cette insuffisance que le gouvernement a initié, en 2008, la mise en œuvre d’un projet d’implantation d’une usine de transformation de tomate et de la mangue à Loumbila dont le coût initial avait été estimé à 8,112 milliards FCFA. A travers un prêt de 7,3 milliards FCFA contracté, le projet devait être financé par l’Inde à hauteur de 90,5% de son coût, avec une contrepartie nationale de 762,644 millions FCFA.
Compte tenu des redimensionnements des infrastructures en cours d’exécution, le budget initial prévu pour la réalisation des travaux s’est révélé insuffisante, entraînant un arrêt des travaux. En effet, les taux d’exécution sont restés à 24% pour le génie civil et 96% pour les installations. Ces redimensionnements des infrastructures ont concerné la modification de la superficie de l’usine qui est passée de 10 à 15 hectares, la modification du plan du bâtiment industriel, la création de 02 magasins de stockage de 1.000 et 1.500 m2. A cela s’ajoutent d’énormes charges de personnels dues au fait que le personnel au grand complet avait déjà été recruté alors que l’usine n’était pas encore fonctionnelle.
C’est en vue de relancer le projet qu’un audit industriel comprenant une stratégie de relance du projet a été réalisé en 2015 par l’ASCE-LC. Un second audit, celui réalisé en avril et mai 2018 par le gouvernement, avec la participation d’une équipe technique de la société indienne Mohan Export, assistée de ceux du Bureau de restructuration et de mise à niveau des entreprises du Burkina Faso, a permis de faire non seulement le point sur les travaux restants, mais aussi d’identifier les investissements indispensables à réaliser pour permettre à l’unité de fonctionner de manière optimale.
Des 02 audits, il est ressorti la nécessité pour le gouvernement de rechercher des ressources additionnelles pour achever le projet compte tenu de ses avantages économiques et sociaux certains. Dans le but d’assurer une meilleure gestion des fonds et des activités de l’administration provisoire, un comité interministériel a été créé en octobre 2018 pour suivre les travaux de relance des activités.
C’est ainsi que le gouvernement a engagé des démarches auprès de plusieurs partenaires pour rechercher des financements complémentaires en vue de l’achèvement des travaux de la construction de cette usine.
Elie KABORE
Loumbila, un site stratégique
Le choix de Loumbila comme site d’implantation du projet se justifie par le fait que les statistiques ont démontré que la zone du Plateau central et du Centre-Nord étaient des zones de grandes productions de tomate avec l’existence de plusieurs périmètres irrigués, notamment le lac Dem, le lac Donsin, Goué et Zitenga. Pour ce qui est de la mangue, la zone du Centre et du Centre-Ouest réalisent 20% de la production totale du pays. Le Sud et le Sud-Ouest réalisent 75% de la production nationale, mais c’est dans cette zone que se situe DAFANI. La STFL ne veut pas concurrencer cette usine.