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MINEFID : En attendant le dialogue

Faites vos jeux, rien ne va plus. Dans le bras de fer silencieux entre les travailleurs et le gouvernement, les choses se présentent de façon plutôt inquiétante. L’administration des finances est pratiquement bloquée. Les usagers sont exaspérés. Les organisations professionnelles d’entreprises défilent chez le Premier ministre pour attirer l’attention du gouvernement sur les dégâts en cours et à venir. Des contrats en attente d’enregistrement, des paiements bloqués, des attestations de situation fiscale en attente, etc.
Aucun signe de dialogue n’est encore perceptible, en tout cas, officiellement. Le Premier ministre a bien invité les travailleurs au dialogue afin de reprendre le travail. Mais pour le moment, point de représentants des travailleurs au portillon du dialogue tant attendu et qui soulagerait bien le pays d’une sécheresse financière.
Les choses ont du mal à se mettre en place mais il faudra bien passer par la case dialogue. A moins que les intentions de ceux qui mènent cette lutte ne soient de mettre les finances publiques par terre et le pays avec. Et, ce jusqu’au boutisme-là ne peut être que préjudiciable à l’ensemble du pays. On a la fâcheuse impression que chaque camp a fixé une date à partir de laquelle il va réagir. Mais a quand?
Pour dialoguer, il faut être deux. Le ministre Kaboré, qui vient de rentrer de Washington où il a pris part aux assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, a beau avoir des options sous la main, il lui faudra des représentants des travailleurs en face. Les syndicats qui font profil bas actuellement seront obligés de sortir du bois pour discuter l’offre du gouvernement. Des équipes travaillent à faire des propositions et selon nos informations, ce n’est plus qu’une question de jours, voire de semaines. Les détails sur les options ne fuitent pas encore. Mais ce que l’on sait, c’est qu’une solution médiane est envisagée pour permettre de desserrer l’étau sur les travailleurs endettés du fonds commun. On parle de motivation indexée sur la performance sans plus de détails pour le moment. Elle ne permettra pas, certes, de combler le gap des revenus mais l’atténuerait. Il faudrait donc trouver le mécanisme pour cela. Par ailleurs, un projet de décret en circulation, la semaine passée, n’a pas été confirmé par nos sources. Il pourrait donc s’agir d’un avatar des réseaux sociaux, genre un ballon de sonde.
Une chose est sûre, le retour à la situation antérieure parait improbable, à en croire le sondage web de notre confrère Lefaso.net et le cabinet OBAAS.
Autre solution envisageable et qui arrangerait bien les travailleurs, c’est de trouver un moyen de rééchelonner les dettes en négociant avec les banques. Ici, se posera le problème des retraités qui pourrait être traité de façon spécifique.
On parle de stabiliser le fonds commun dans sa version actuelle pendant 5 ans afin de permettre aux derniers agents qui ont pris des crédits de le solder. Pendant cette période, tous ceux dont les crédits arrivent à terme seront soumis au plafonnement de 25% . Ainsi, à partir de la 6e année, tous les agents seront soumis au plafonnement de 25 %. Les nouveaux qui arrivent des écoles des régies financières seront directement soumis au taux de 25%.
Une autre proposition consiste à répartir la charge de la dette sur les trois acteurs que sont l’agent, la banque et l’Etat. Chacune des parties supportant un tiers de la dette. Cette solution ne semble pas trop plaire aux banquiers qui y voient plutôt un manque à gagner pour financer l’économie. C’est un partage des responsabilités qui ne dit pas son nom, puisque dans cet endettement via le fonds commun, personne n’est blanc comme neige.
Depuis 2016, l’explosion du fonds commun a fait grossir les appétits de crédits auprès de ses bénéficiaires. Le hic c’est que certains savaient que le système allait se casser la gueule. Ils en ont profité jusqu’à l’arrivée de la ministre Rosine Coulibaly/Sori qui a décidé de revoir les conditions de calcul du fonds commun en le plafonnant à 25 % de la masse salariale. Syndicats, travailleurs et gouvernement sont tous responsables de cette situation. Ils ont tous fait la politique de l’Autruche.
En attendant, les retombées du mois d’avril sont pour bientôt. Et apparemment, les banques ne vont pas frapper comme elles l’ont prévu. Il faudra cependant une solution durable pour les traites du second trimestre et au-delà. Mais les banques auront bientôt le dos au mur si elles n’ont pas d’alternative crédible. Le temps joue contre tout le monde dans cette affaire.
Il ne faut pas se voiler la face. Cette grève sera lourde de conséquences. Elle laissera des traces indélébiles au sein du MINEFID. Mais, il est urgent d’en sortir. Même si les avis des Burkinabè sont partagés sur le comment, à l’image du sondage web réalisé par notre confrère de Lefaso.net et son partenaire du cabinet OBASS.

JB


L’opinion a sa petite idée

A la question «Que doit faire l’ETAT face à cette situation qui persiste?» Les réponses des sondés se présentent comme suit dans le rapport d’enquêtes de Le Faso.net / OBASS
(I) Virer les agents récalcitrants (37%)
(II) Renégocier avec les syndicats du MINEFID (30%)
(III) Recruter d’autres agents (12 %).

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