LES personnes vivant avec un handicap sont généralement perçues par la société comme des personnes qui vivent au dépend de leurs familles et de leur entourage. Certains handicapés moteurs font de leur handicap un fonds de commerce. Cependant, une minorité arrive à surmonter son handicap et fait des activités rémunératrices pour subvenir à ses besoins. C’est dans le souci de briser ce mythe que les artisans de l’association Wend la mita de Ouagadougou œuvrent dans la création artistique.
L’association exerce dans «l’art du bois», c’est-à-dire la sculpture du bois, et participe à la formation des personnes désirant apprendre ce métier. Aujourd’hui, elle enregistre une quinzaine de personnes qui travaillent de façon autonome. Le siège de l’association est sis au quartier Wemtenga de Ouagadougou.
à base de bois. (DR)
Ces artisans handicapés produisent une diversité de produits et d’œuvres d’art composés de jouets éducatifs, de tableaux, de portraits, de tabourets et de mortiers décorés, boîtes à objets, porte-clés et bien d’autres objets décoratifs, en somme, c’est «l’art du bois» dans toute sa diversité.
Selon Felix Zemané, artisan, les œuvres produites sont vendues à l’intérieur et à l’extérieur du pays, notamment en Espagne, en Italie, en Allemagne, en France, en Belgique, aux Etats-Unis…
Toutefois, ils rencontrent parfois des difficultés dans l’écoulement de leurs produits à l’extérieur. Ces difficultés sont, selon M. Zemané, dues au manque de visibilité à l’étranger et le manque de partenaires pour les accompagner. Sur le plan local, la vente se fait à travers des grossistes qui viennent de Ouagadougou et d’autres villes, et des particuliers. Dans le souci d’améliorer les ventes sur le plan national, l’association entend signer très bientôt, un partenariat avec les écoles primaires et maternelles en vue de promouvoir les jouets éducatifs dans ces lieux d’apprentissage. Quant à la question du prix de leurs œuvres, M. Zemané affirme: «Les prix sont abordables, en plus, on négocie toujours avec les clients pour s’entendre, donc il n’y a pas de problème à ce niveau».
Accompagnement et sources de financement
En ce qui concerne leurs sources de financement, la structure s’autofinance. M. Zemané affirme que l’association, depuis sa création, n’a jamais reçu d’appui d’une nature quelconque: «Nous, on croyait que c’est parce qu’on n’avait pas de récépissé qu’on ne bénéficiait pas de soutien, donc de- puis 2008, on a obtenu notre récépissé mais rien n’a changé jusqu’aujourd’hui; il n’y a pas non plus des partenaires ou des ONG qui nous aident». L’association vit donc de la vente des œuvres et des cotisations de ses membres.
Appel et cri du cœur de l’association des artisans
C’est le lieu pour ces artisans d’inter- peller le président du Faso et l’ensemble du gouvernement sur les mesures annon- cées en 2017, lors du forum entre le Président Roch Marc Christian Kaboré et les personnes vivant avec un handicap. En rappel, ce forum avait eu pour objectif de rassurer cette tranche de la population que des mesures seraient mises en place pour faciliter leur inclusion sociale et leur auto- nomisation. M. Zemané ajoute qu’en juil- let 2018, un recensement a été mené pour identifier les personnes vivant avec un han- dicap qui souhaiteraient exercer une activité rémunératrice en vue de les accompagner avec la somme de deux cent mille FCFA (200.000F). Selon M. Zemané, tous les membres de l’association Wend la mita se sont fait inscrire, mais le projet a octroyé la somme à 100 personnes, dont 50 femmes et 50 hommes sur tout le plan national, mais aucun membre de son association n’a bénéficié de cette aide. «Le fait que nous n’ayons pas eu cet argent ne nous étonne pas, parce que le nombre de personnes qu’ils ont dé- cidé de soutenir est trop faible par rapport au nombre de personnes qui avaient besoin du soutien».
Les artisans de l’association Wend la mita appellent donc le gouvernement à se pencher sur leur sort et à les aider matériellement ou financièrement. Ils se disent par ailleurs disposés à recevoir l’appui et le soutien de toute personne de bonne volonté qui s’inscrit dans la lutte pour l’autonomisation des personnes vivant avec un handicap au Burkina Faso.
Rachid Ouédraogo (Stagiaire)
L’ASSOCIATION Wend la mita (en langue nationale Mooré) qui signifie: c’est Dieu qui sait, est une association d’artisans vivant avec un handicap moteur. Elle a été créée en 1990 par Mme Roenika Angela Martina/Kaboré de nationalité suisse, et compte aujourd’hui une vingtaine de membres, tous Burkinabè dont l’âge varie entre 33 et 62 ans .Elle est organisée comme suit : une équipe de 4 membres chargée du découpage et du polis- sage du bois, 2 graphistes chargés des dessins, de la sculpture et de la mise en forme du bois, une équipe de scriptes chargée de l’écriture des textes, une équipe de 3 personnes chargée du vernissage et de la peinture, un secrétaire chargé de noter les commandes, les dépenses. Les tâches ne sont pas réservées de façon exclusive aux différents artisans, certains interviennent dans toutes les étapes de la production et les tâches sont interchangeables.
