Le Burkina est une terre d’accueil et d’asile. Environ 25.000 réfugiés, principalement maliens, vivent sur le territoire national, selon les derniers chiffres de l’UNHCR. Le Faso a même établi des sites d’accueil afin de mieux intégrer ces réfugiés aux populations locales.
Ce que l’on sait moins, c’est que pas moins de 11.000 Burkinabè sont actuellement réfugiés au Mali.
C’est en fin 2017 que l’information a commencé à circuler. Concrètement, c’est au dernier trimestre de 2017 que des informations provenant de diverses sources ont signalé un important mouvement de populations du Burkina Faso vers la Commune de Gossi, dans la région de Tombouctou, et à N’Tilit dans la région de Gao au Mali.
Informée, l’équipe du HCR au Mali, avec à sa tête Chadi Ouanes, entame deux missions conjointes avec la Commission nationale chargée des réfugiés. Ils ont pu établir que des personnes de nationalité burkinabè, originaires des provinces de Soum et de l’Oudalan, avaient traversé la frontière pour trouver refuge au Mali.
En recoupant les informations, les enquêteurs ont conclu que les causes de leur fuite étaient, d’une part, les opérations militaires des forces de sécurité burkinabè en cours, et d’autre part, les activités de groupes extrémistes qui menaçaient leur sécurité dans la zone.
8.457 réfugiés burkinabè ont pu être recensés par les autorités maliennes et le HCR en 2018.
Et depuis début 2019, le HCR et les autorités ont été signalés que près de 3.000 nouvelles personnes venant du Burkina Faso ont traversé la frontière et elles sont actuellement sur le site de Elb Salam.
A la fin de la première mission à Gossi en mars 2019, l’équipe conjointe a pu enregistrer un nombre de 2.373 réfugiés. En avril et mai, une deuxième mission d’enregistrement à N’Tilit dans la région de Gao a été menée. L’équipe a enregistré 5.001 réfugiés présents sur plusieurs sites dans la Commune de N’Tilit. En complément de ces deux premières activités, une équipe d’enregistrement s’est rendue dans la Commune de N’Tillit dans la période du 11 au 17 décembre 2018. Cette mission a enregistré 1.169 réfugiés burkinabè, dont 51% de femmes sur les sites de Oussadja, Doreye, Tintidjalalene, Tintiboraguene, Tinessemede, etc.
Le 11 février 2019, l’arrivée sur le site de Elb Salam de près de 452 ménages d’environ 2.900 individus burkinabè a été signalée. Ils sont venus avec les 452 cartes de famille de l’ensemble de leurs ménages. Ces personnes ne sont pas encore enregistrées. Mais le HCR, contacté, rassure que la planification de leur enregistrement est en cours. Un enregistrement qu’il est important de faire, au vu des besoins des réfugiés. Le défi étant de leur apporter une protection là où ils ont trouvé refuge.Les missions conjointes de la CNR et du HCR ont évoqué, entre autres besoins, l’absence de documents d’état civil (pour les enfants notamment) ; la non-scolarisation des enfants au pays d’origine, les besoins médicaux élevés. Le HCR évoque aussi l’existence de pratiques traditionnelles préjudiciables au sein des communautés de réfugiés, notamment le mariage des enfants. Sans oublier les risques de conflits intercommunautaires liés à l’exploitation des ressources et la présence de groupes armés et la faible présence de l’Etat dans les Communes d’accueil (Gossi, Ouinerden et N’Tilit), avec des risques pour la sécurité physique des personnes et des biens.
NK