Les lampions se sont éteints sur le cinquantenaire du festival du cinéma africain de Ouagadougou. Le cinéma rwandais s’est illustré en remportant l’Etalon d’or de Yennenga à travers le film «La Miséricorde de la jungle», laissant les accessits à ses concurrents. Comme à chaque édition, il y a eu les gagnants, mais pas de perdants.
A Ouagadougou, on ne vient pas pour absolument gagner. Plutôt jauger son niveau, partager ses expériences et apprendre des autres. Mais cette fois-ci, exceptionnellement, le Fespaco a révélé un perdant, en la personne du réalisateur Tahirou Ouédraogo. Lui-même n’aurait pas pu imaginer un tel scenario.
C’est un guet-apens à lui tendu à Ouagadougou. En plein festival, pendant que son œuvre « Le Trône» était en compétition dans la catégorie «Séries», la déferlante féministe va s’abattre sur sa tête.
Il perd son contrat avec TV5. Son passé le rattrape. Il y a quelques mois, il a battu, sur son plateau, une de ses actrices. Un comportement dénoncé par tout le milieu. Jugé et condamné, l’homme croyait certainement l’orage passé.
Non, c’était sans compter avec le mouvement #metoo qui a engendré #memepaspeur à l’occasion de la table ronde «La place des femmes dans l’industrie du cinéma africain et de la diaspora», organisée le 27 février 2019.
Une rencontre au cours de laquelle, sa victime a témoigné dans le cadre des dénonciations des violences faites aux femmes dans le monde du cinéma. La parole des femmes du cinéma africain s’est libérée à Ouaga, faisant une première victime et pas des moindres.
Tandis qu’un vibrant hommage est rendu à son frère Idrissa Ouédraogo pour l’ensemble de son œuvre, lui, voit sa carrière en danger. Ouagadougou se met à la mode de Hollywood, mais Ouagadougou n’est pas Hollywood.
Abdoulaye TAO