Le 8 mars 2019, le Burkina Faso commémorera la 162e Journée internationale de la femme. Le thème choisi pour cette année est : « Contribution de la femme à l’édification d’un Burkina de sécurité, de paix et de cohésion sociale ». Cette commémorera donne l’occasion de revenir sur des questions récurrentes. Pourquoi cette faible présence des femmes dans les instances décisionnelles et pourquoi la faible prise en compte de la femme dans les politiques et programmes de développement au Burkina Faso ? Selon les données de l’Institut national des statistiques et de la démographie (INSD), le Burkina Faso compterait 19.632.147 habitants en 2017, dont 51,71% de femmes.
Bien que représentant 51,7% de la population, les femmes burkinabè sont quasiment sous-représentées en politique et en économie.
Malgré les dispositions de la loi N 010-2009/AN du 16 avril 2009 portant fixation de quotas de 30% de l’un ou l’autre sexe aux élections législatives et municipales, à la faveur des dernières élections législatives en 2015, seulement 406 femmes ont été inscrites sur la liste nationale selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Elles sont 12 femmes élues députés titulaires sur les 127 députés, soit 11,2% des députés. Dans le domaine économique, sur les 21 membres que compte le bureau consulaire de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCIBF), un seul membre est une femme.
Le dernier gouvernement nommé le 21 janvier 2019 compte 32 membres, dont 7 femmes, soit 21,8% de femmes. Sur les 7 femmes, seulement 4 occupent des ministères pleins et 3 des ministères délégués. On compte une seule femme présidente d’institution.
La faible représentativité des femmes dans les sphères de décision est en déphasage avec l’importance numérique des femmes dans le pays. Pourtant le politique et le législateur burkinabè ont pris des actes en faveur des femmes. Font partie de ces mesures, la loi portant Code électoral de 2015 qui dispose en son article 154: « Sous peine de nullité, les listes de candidatures doivent comporter au moins un candidat de l’un ou l’autre sexe», la politique nationale Genre du 8 juillet 2009. Elle est un cadre d’orientation pour l’action gouvernementale et pour l’ensemble de ses partenaires dans le domaine du genre pour promouvoir l’égalité des chances entre les hommes et les femmes dans le processus de développement. On peut également citer le guide d’intégration du genre dans les politiques sectorielles qui est un outil stratégique de planification et de gouvernance des actions publiques de développement durable qui facilite la participation efficace et efficiente des hommes et des femmes au développement du Burkina Faso. Le Programme national de développement économique et social (PNDES) qui est le référentiel national en matière de développement pour tous les acteurs aborde la question Genre sous l’angle de la persistance des inégalités de genre, l’exclusion sociale, la participation politique des femmes, le faible niveau d’emploi et d’éducation des femmes et propose des solutions pour y remédier et met l’accent sur le développement du capital humain.
La Politique nationale Genre prévoit que le Secrétariat permanent du Conseil national pour la promotion du genre (SP/CONAPO-Genre) est la structure pionnière sur les questions du genre au Burkina Faso. Il est chargé de la coordination de la Politique nationale Genre pour la prise en compte des besoins spécifiques et des intérêts stratégiques des hommes et des femmes afin de parvenir à un épanouissement social, culturel et économique des personnes des 2 sexes. A ce titre, le SP/CONAPO-Genre est chargé de veiller à la mise en place et au fonctionnement adéquat des organes du dispositif institutionnel opérationnel de mise en œuvre de la PNG comme les cellules genre des ministères et institutions.
Le SP/CONAPO-Genre a créé des cellules nationales genre dans les ministères et institutions en 2012.
Les Directions générales des études et des statistiques sectorielles (DGESS) de chaque ministère président les cellules nationales genre dans les ministères de sorte à attirer l’attention sur la prise en compte de la femme depuis la phase du diagnostic, jusqu’à la mise en œuvre des politiques et programmes en passant par l’élaboration, la planification, la budgétisation, la mise en œuvre et le suivi-évaluation.
L’action du SP/CONAPO-Genre porte quelques fruits. Il a installé des « cellules genre » dans les ministères. Des formations ont été dispensées aux membres de ces cellules.
Suite à ces formations, des ministères ont le reflexe du respect du genre dans la programmation et l’exécution des activités. L’Association des municipalités du Burkina (AMBF) s’est lancée dans l’intégration du genre dans l’élaboration des Plans communaux de développement (PCD). Un guide a été produit à cet effet. L’Assemblée nationale a aussi fait un clin d’œil au genre. Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale adopté en décembre 2018 prévoit un poste obligatoirement de vice-président réservé à la femme et 3 postes de secrétaires parlementaires également réservés aux femmes.
Elie KABORE
Pesanteurs socio-culturelles: les causes réelles
Malgré cet arsenal juridique et politique, la femme reste sous-représentée. Quelles peuvent être les causes ? Les pesanteurs sociales, culturelles qui découlent de la culture, des pratiques, des normes sociales et des dimensions de pouvoir entre l’homme et la femme seraient une des principales causes. Les femmes se rétractent comme étant le sexe faible et l’homme prend toujours le dessus. Cette compréhension bouleverse le fonctionnement d’une structure. De nombreuses recommandations ont porté sur le sujet mais le problème persiste. Le 8 mars 2018, le président du Faso, Roch marc Christian Kaboré, a rencontré les femmes du Burkina Faso pour recenser les difficultés auxquelles elles sont confrontées. En mi-février 2019, l’Assemblée nationale du Burkina a organisé un forum national au cours duquel la question de l’état des lieux et les stratégies pour une meilleure autonomisation des femmes au Burkina Faso ont été abordés. La mise en œuvre des recommandations issues de ces rencontres apporterait un plus à la femme burkinabè.