La pauvreté a un visage féminin, a-t-on coutume d’entendre. Simple vérité ou juste un constat. Malheureusement au Burkina Faso, ce sont les deux cas où les chiffres côtoient la réalité. Cette extrême pauvreté féminine est plus présente en milieu rural.
Ces conclusions sont tirées de la présentation faite par Fousséni Bamba, économiste agricole au MSC, entreprenariat le 7 février 2019 à Ouagadougou sur le thème: «L’extrême pauvreté au Burkina: pourquoi les femmes sont-elles plus concernées ? Quelles sont les perspectives pour le Burkina ?Il ressort de sa présentationqu’une« personne vit dans la pauvreté extrême si elle ne dispose pas des revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels habituellement définis sur la base de besoins caloriques minimaux. Mais pourquoi les femmes sont-elles plus concernées par l’extrême pauvreté au Burkina ? A cette question, Fousséni Bamba s’est appesanti sur les résultats des enquêtes effectuées en 1994, en 1998, 2003 et 2009/2010 sur les conditions de vie des ménages par l’INSD, enquête prioritaire 1994 et 1998, EBCVM 2003, EICVM 2009/2010 et EMC 2014 qui indiquaient que les femmes étaient plus pauvres que les hommes (voir tableau 2). L’EMC de 2014 montre un taux de pauvreté des femmes plus faible que celui des hommes. Toujours, selon cette même enquête de 2014, elle montre que le taux national de l’extrême pauvreté a reculé. En effet, 11.1% de la population vit dans l’extrême pauvreté. La plupart de ces personnes vivent en milieu rural avec un taux de 13.5% contre 2.8% en milieu urbain.
Les causes de la pauvreté féminine
D’après l’économiste Bamba, si la pauvreté a un visage féminin, c’est qu’il y a bien des causes qui favorisent cela.Il mentionne que de par le fait même de leur statut de « subordination » qui persiste notamment en milieu rural malgré des efforts politiques, les femmes ont un accès limité aux services sociaux de base comme la formation, l’information, l’éducation, la santé et le temps. Face à tous ces maux qui empêchent le plein épanouissement de la femme en milieu rural, que faire ? Fousséni Bamba note qu’il y a des solutions à portée de main qui ont été prouvées ailleurs et dont le Burkina Faso pourrait s’en inspirer.
Perspectives de réduction de l’extrême pauvreté.Améliorer
Pour y parvenir, Fousséni Bamba recommande, entre autres thérapies : Le développement des programmes de protections sociales adaptatives; l’accès aux transferts monétaires dont les conditionnalités devraient être plus souples pour tenir compte de la spécificité des activités des femmes ; le développement des activités génératrices de revenus dans les régions les plus pauvres du Burkina ; l’accès des femmes à la terre à travers la mise en place d’un cadre juridique adapté au contexte du Burkina; la poursuite des programmes comme le Programme de renforcement de la mécanisation agricole (PRMA) qui fait une discrimination positive en faveur de la femme dans l’accès aux équipements agricoles et animaux de trait pourrait accroître la productivité des femmes et améliorer sensiblement leurs revenus ; la représentativité des femmes dans des postes des secteurs public et privé peut être améliorée par des politiques de discrimination positive en leur faveur au cours des sélections et des recrutements, ainsi que par des mesures incitatives de rétention, etc.
Ambèternifa Crépin SOMDA
Seuil de pauvreté au Burkina Faso
Le seuil de pauvreté est le montant minimum qu’une personne doit dépenser en consommation alimentaire, éducation, santé, habillement, etc., par an pour être considéré comme non pauvre aussi appelé seuil absolu de pauvreté monétaire. Ce seuil de pauvreté a été estimé par l’INSD à 153 530 FCFA par tête et au prix courant de Ouagadougou, soit environ 421 FCFA par tête et par jour en 2014. Ce seuil se décompose en une composante alimentaire de 102.040 FCFA et une composante non alimentaire de 51.490 F CFA. Sur la base de ce seuil, la meilleure estimation de l’incidence de pauvreté qui est la proportion des individus dont la dépense de consommation annuelle est en dessous de 153.530 FCFA est de 40,1%. L’incidence de la pauvreté alimentaire est de 57.7% et celle de l’extrême pauvreté, c’est-à-dire la proportion des individus qui ne parviendraient pas à couvrir leurs besoins en consommation alimentaire si toutes leurs ressources y étaient affectées, est de 11.1%. L’essentiel des personnes vivant dans l’extrême pauvreté sont dans le milieu rural, soit 94.4% de l’ensemble des personnes vivant dans l’extrême pauvreté.