Pour la rentrée scolaire 2017/2018, un appel d’offres ouvert est lancé par le gouvernement pour acquérir des vivres afin d’alimenter les cantines scolaires des établissements du post-primaire et du secondaire. Six gros prestataires postulent. Le contrat est assorti d’un délai de 60 jours pour s’exécuter. Mais à la date de livraison, le constat fait par le ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales (MENAPLN) est « choquant ». Et pour cause, sur les six fournisseurs, « seul le fournisseur d’huile alimentaire a exécuté convenablement son marché. Le contrat de sardine n’a pas connu un aboutissement pour insuffisance de ressources financières ». Quant aux quatre autres fournisseurs, leurs marchandises ne sont jamais arrivées à destination. Mais comment en est-on arrivé à cette situation ? Voici l’’explication fournie par le Directeur de l’allocation des moyens spécifiques aux structures éducatives (DAMSSE), Roger Ilboudo, et ses proches collaborateurs. C’était dans la matinée du mardi 12 février 2019 au ministère. D’entrée, il a tenu à expliquer ce retard de livraison par ces mots : « Nous avons attribué les marchés aux entreprises depuis novembre et décembre 2017, mais jusqu’en février 2019, aucun stock dans les magasins, il n’y a que les fournisseurs seuls qui peuvent donner une explication sur le fait que les commandes n’ont pas été livrées ». Roger Ilboudo se désole de voir que : « cette situation nous crée des problèmes, parce que d’une part, on ne dispose pas du stock, et d’autre part, nous perdons nos ressources financières et nous sommes confrontés aux interrogations des élèves, des partenaires sociaux, des parents d’élèves et même de l’opinion nationale qui nous demandent des comptes ».
Le ministère perd plus de la moitié du crédit alloué
De l’avis du DAMSSE, cette situation regrettable est certes imputable aux prestataires défaillants, mais pas seulement. La faute est à rechercher aussi dans ces conseils municipaux qui ne fonctionnent pas ou que les contrats n’ont pas abouti parce que la mairie et les contrôleurs financiers ne se sont pas accordés dans l’approbation des contrats. Face aux fournisseurs défaillants, il martèle que le ministère a décidé d’engager les processus de résiliation desdits contrats. Des défaillances qui ont eu pour effet, l’absence de stocks dans les magasins, le non-démarrage des cantines scolaires ainsi que la perte desdits crédits. Par la faute de ces prestataires défaillants, le MENAPLN perd de facto plus de la moitié du crédit qui a été restitué au Trésor public. Une perte sèche pour le ministère, puisque c’est sur la base du budget 2018 que les prestataires devaient être payés. Laquelle ligne est de 1 650 000 000 FCFA, amputée de 272 500 939 FCFA qui a servi à la restauration et à l’hébergement des candidats déplacés au spécial BAC, session 2018, et de 173 587 000 FCFA qui a servi au payement du fournisseur d’huile. Face à ces cas récurrents de défaillance dans le système d’approvisionnement, le ministère a décidé de revoir tout le processus de fonctionnement, de relire les textes, de promouvoir les produits locaux et de sanctionner les prestataires défaillants. Il faut noter que l’allocation des vivres scolaires au primaire est gratuite.
Ambèternifa Crépin SOMDA
Bilan des vivres au niveau du post-primaire et secondaire
-10 211 bidons de 20l pour un montant de 173 587 000 FCFA ;
-317 tonnes de pâtes alimentaires en carton de 10 kg chacun pour la somme de 222 000 000 FCFA ;
-800 tonnes de riz local pour la somme de 259 200 000 FCFA ;
-19 653 cartons de concentrés de tomates pour 229 244 400 FCFA ;
-100 tonnes de haricot local pour 42 500 000 FCFA ;
20 073 cartons de sardines à huile végétale enrichie en vitamine A d’une valeur de 291 292 000 FCFA.
Quelques difficultés qui entravent le bon fonctionnement des cantines scolaires
-Problèmes liés aux procédures de passation de marché dus à des incompréhensions entre acteurs dans l’interprétation des textes ;
-Certains fournisseurs peinent à trouver les denrées locales, surtout le riz ;
-Insuffisance de concertation entre les acteurs locaux (CCEB, financiers, mairie, COGES) pour l’acquisition des vivres ;
-Défaillance de certains fournisseurs, etc.