Editorial

Grise mine

La semaine dernière, le ministère des Mines et celui en charge de la sécurité ont reçu les représentants des sociétés minières en activités dans notre pays. Ce n’est pas une première en soi, mais le contexte dans lequel se sont tenus ces derniers échanges en fait un acte majeur dans l’approche de la gestion du secteur extractif.  Ce contexte a été récemment marqué par l’enlèvement puis le meurtre du chef d’entreprise canadien Kirk Woodman. Cet  évènement a fini par déclencher chez les miniers, une interpellation des autorités aux fins de garantir la sécurité des sites miniers et surtout la continuité de l’exploitation. Des investissements importants ont eu lieu et d’autres sont en cours sur l’ensemble du territoire, et les miniers veulent un signal fort du gouvernement. Ils veulent plus que des garanties, des actions.  Et comme le nouveau ministre de la Sécurité en a promis, il n’est pas exclu qu’on lui demande d’aller vite avant que les marchés financiers ne se déconnectent du Faso. Pour les miniers, si l’insécurité augmente dans leurs régions d’exploitation, ils courent directement à l’assèchement des ressources sur le marché. Entendu qu’aucun investisseur ne voudrait injecter de l’argent dans l’incertitude d’un retour de son investissement.  Pire, il faut craindre l’arrêt de l’activité de certaines mines. Et cela n’est une bonne nouvelle pour personne. Surtout pour l’Etat, à qui on n’a pas besoin de faire un dessin sur les conséquences de l’aggravation de l’insécurité dans les zones minières qui sont en grande partie sous état d’urgence. Le budget national en pâtirait en termes de pertes de recettes (royalties, taxes et autres impôts). Il faut donc préserver la poule aux œufs d’or.
Les sociétés minières n’ont pas attendu l’Etat pour investir dans la sécurisation de leur exploitation. Mais là, le niveau de la menace est tel que le rôle régalien de l’Etat est interpellé,  si l’Etat perdait le contrôle des régions d’exploitation minière, c’est une partie de son portefeuille qui se volatiliserait.

Par Abdoulaye TAO

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