Régions

Perspectives de croissance en Afrique subsaharienne : Le ciel s’assombrit, selon la Banque mondiale

Quelles sont les perspectives de croissance de l’économie subsaharienne au cours de l’année à venir ? Pour les experts de la Banque mondiale, le ciel de la région s’assombrit.
Dans ses perspectives pour l’économie mondiale, paru en janvier 2019, l’institution de Bretton Woods fait le point de la croissance de la région en 2018. Il ressort du document, d’une part, que la croissance de la région a progressé, passant de 2,6% en 2017 à 2,7% en 2018.
D’autre part, cette progression est inférieure aux prévisions, car même si le redressement économique de la zone se poursuit, son rythme est plus faible. En cause?…

Source: Banque mondiale
Au Burkina Faso, la croissance devrait stagner à 6.0%. La croissance devrait ralentir en Côte d’Ivoire à 7,3 %, rebondir au Ghana à 7.3% et s’envoler au Niger à 6.5%.

Des faiblesses observées au Nigéria, en Afrique du Sud et en Angola
Ces pays qui tirent l’économie de la région vers le haut ont été confrontés à un environnement extérieur difficile en 2018. Une année caractérisée par le ralentissement du commerce mondial, le resserrement des conditions de financement et le raffermissement du dollar américain.
Au Nigéria, la croissance a augmenté à 1,9 %, tandis que la production pétrolière chutait en milieu d’année et l’activité non pétrolière était plombée par l’atonie de la demande de biens de consommation et les différends qui ont perturbé la campagne agricole.
En Angola, deuxième plus gros exportateur de pétrole de la région, l’économie s’est contractée de 1,8 %, du fait de la diminution de la production pétrolière. Sortie d’une récession technique au second semestre 2018, l’économie sud-africaine a progressé de 0,9%, grâce en partie à l’amélioration de la situation dans le secteur agricole et dans l’industrie manufacturière. Cependant, elle continue d’afficher une croissance tenue, les difficultés de l’industrie extractive et l’atonie du secteur de la construction ayant été accentuées par l’incertitude des politiques et le manque de confiance des entreprises.
Le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Ces 4 pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine ont enregistré un taux de croissance de 6% ou plus en 2018.
Le rapport de la Banque mondiale note aussi des inquiétudes quant aux difficultés de financer la balance des paiements. Et pour cause, le renchérissement des coûts des emprunts extérieurs et l’affaiblissement des flux de capitaux.

3,4% de taux de croissance en 2019
Avec toutes ces observations, comment s’annonce l’économie de la région pour 2019?
«La croissance dans la région devrait se renforcer à 3,4 % en 2019, à la faveur de la diminution des incertitudes autour des politiques publiques et de l’accroissement des investissements dans les grandes économies, ainsi que de la poursuite d’une croissance robuste dans les pays pauvres en ressources naturelles», affirme le rapport de la Banque.
Une ombre sur ces perspectives, la croissance par habitant devrait rester largement inférieure à la moyenne à long terme dans de nombreux pays, et contribuer, dans une faible mesure, à la réduction de la pauvreté.
La croissance au Nigéria devrait atteindre 2,2 % en 2019, dans l’hypothèse que la production pétrolière redémarre et qu’une lente amélioration de la demande privée freine le développement des industries non pétrolières.
Les experts de la Banque mondiale ont aussi tablé sur l’entrée en production de nouveaux champs pétrolifères qui devraient favoriser la reprise dans le secteur pétrolier, et sur la poursuite des réformes qui stimulent la conjoncture économique, les prévisions pour l’Angola font état d’un taux de croissance de 2,9 % en 2019.
L’Afrique du Sud devrait voir sa croissance bondir légèrement à 1,3 %, dans un contexte marqué par les contraintes qui pèsent sur la demande intérieure et par la réduction des dépenses publiques.

ESS


Des répercussions négatives sur la région

Le rapport des perspectives économiques mondiales, la Banque mondiale a dressé les risques sur les perspectives régionales
Au plan international, l’institution estime qu’une croissance plus lente que prévu dans la zone euro et en Chine devrait avoir des répercussions négatives sur la région. Ces répercussions, toujours selon la Banque, se manifesteraient par une baisse de la demande d’exportations et une diminution des investissements. Et ce sont les pays producteurs de métaux qui seraient probablement durement touchés, selon le rapport.
Autre risque, «une normalisation plus rapide que prévu de la politique monétaire des pays avancés pourrait se traduire par de fortes réductions des apports de capitaux, le renchérissement des coûts de financement et de brusques dépréciations des taux de change. La dépendance accrue à l’égard des emprunts en devises a accru les risques de refinancement et la vulnérabilité aux fluctuations des taux de change dans les pays débiteurs».
Les risques intérieurs, en particulier, restent élevés, ajoute le document de la Banque mondiale qui explique que «l’incertitude politique et l’affaiblissement concomitant des réformes économiques pourraient continuer à peser sur les perspectives de nombreux pays. Là où se dérouleront des élections en 2019 (Malawi, Mozambique, Nigéria, Afrique du Sud), des considérations de politique intérieure pourraient remettre en cause les engagements nécessaires pour s’attaquer aux déficits budgétaires ou mettre en œuvre les réformes structurelles, particulièrement si le niveau de la dette publique est élevé et augmente».

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