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Sortie de la liste grise du GAFI: le Burkina Faso est “prêt “

Son plan d’actions a été présenté lors d’une mission d’évaluation à Ouaga

Quatre ans après le début du processus

Des efforts salués par les experts internationaux

En février 2021, le Burkina Faso avait pris un engagement politique « de haut niveau » : collaborer étroitement avec le Groupe d’action financière (GAFI) et le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), en vue de renforcer l’efficacité de son dispositif national de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC-FT). Cet engagement, assorti d’un plan d’actions, faisait suite à l’inscription du Pays des Hommes intègres sur la liste grise du GAFI. Cette liste qui signifie une surveillance renforcée pourndes Etats dont le dispositif de lutte contre les blanchiments des capitaux comporte des défaillances. En clair, il s’agissait de tout mettre en œuvre pour sortir le pays de cette liste.

Pour le ministre de l’Economie, le processus de sortie de la liste grise touche à la crédibilité du Burkina. (Ph. Yvan Sama)Quatre ans après, une mission d’évaluation a séjourné, du 7 au 9 août 2025, dans la capitale burkinabè. La délégation était composée d’experts internationaux, dont des membres des secrétariats du GAFI et du GIABA. Avec un programme chargé de rencontres avec diverses parties prenantes, dont des représentants d’agences gouvernementales et des autorités de surveillance financière. Objectif, évaluer sur place la mise en œuvre des réformes LBC/FT et s’assurer qu’un engagement politique fort demeure en vue d’assurer la continuité de cette dynamique de réforme. Selon la co-présidente du Groupe conjoint Afrique du GAFI, Yonesha Sahye, cette mission d’évaluation intervient quelques semaines après constat du GAFI selon lequel le Burkina Faso a achevé la mise en œuvre de son plan d’actions.

La co-présidente du GAFI a salué des progrès réalisés par le Burkina. (Ph. Yvan Sama)

A la tête d’une délégation qui comprenait ses collègues de la Sécurité et de la Justice, le ministre de l’Economie et des finances, Aboubacar Nacanabo, a assuré, lors de la cérémonie d’ouverture des travaux d’évaluation, que le Burkina Faso est « prêt » pour une sortie de la liste grise. En effet, il a fait savoir que sur 11 cycles de suivi et 37 actions à mettre en œuvre, le pays a tout accompli et que 100% du plan d’actions a été réalisé. « Chaque faiblesse a été affrontée. Chaque réforme a été portée, traduite en actes et ancrée dans nos institutions », a indiqué Aboubacar Nacanabo.
Pour le ministre des Finances, ce résultat est le fruit d’une action permanente depuis l’inscription sur la liste grise, « parfois dans la discrétion, mais toujours avec constance, rigueur et détermination ». « C’est le résultat d’un effort collectif, patient et soutenu, impliquant l’État, les secteurs financiers et non financiers, la société civile, les partenaires techniques, la communauté internationale », a déclaré Aboubacar Nacanabo.
De manière concrète, le Burkina se dit prêt avec en main, de nombreux acquis engrangés : « Nous avons posé les bases d’une supervision efficace des assujettis. Nous avons renforcé les capacités de nos structures d’enquête et de poursuites. Nous avons systématisé la saisie et la confiscation des avoirs criminels. La Cellule nationale de traitement de l’information financière (CENTIF) est aujourd’hui pleinement opérationnelle, connectée aux chaînes pénales, et respectée pour la qualité de son renseignement financier. Notre registre des bénéficiaires effectifs est en place. Nos sanctions ciblées sont appliquées. Nos organismes à but non lucratif sont supervisés selon leurs niveaux de risque. Notre coordination nationale fonctionne », a énuméré le ministre Nacanabo.
Les efforts des autorités du Faso ont été salués par les experts internationaux : « Ces initiatives témoignent votre détermination à lutter contre la criminalité financière. Nous sommes ici pour vous féliciter (…) pour toutes les mesures que vous avez prises collectivement afin d’améliorer votre régime de LBC/FT », a déclaré Yonesha Sahye à l’attention de la délégation gouvernementale.
A noter qu’après la visite sur place, le Groupe conjoint Afrique présentera un rapport à la plénière du GAFI en octobre 2025. Et selon Yonesha Sahye, le Burkina Faso sera retirée de la liste des juridictions sous surveillance renforcée, si toutefois les réformes et les mesures requises sont constatées comme effectivement en place, de même que l’engagement politique du pays à maintenir lesdites réformes.

Pour le gouvernement burkinabè, l’intérêt de sortir le pays de la liste grise est tout marqué. « Ce processus n’est pas que technique, il est stratégique. Il touche à la crédibilité de notre pays, à sa dignité, à sa capacité à être jugé équitablement dans un monde souvent inégal dans ses regards », a, en effet, déclaré Aboubacar Nacanabo.

Béranger Kabré (Collaborateur)

Le blanchiment des capitaux, une préoccupation d’actualité pour le Burkina

Dans un contexte de guerre contre le terrorisme, les autorités burkinabè considèrent que la LBC-FT n’est pas une exigence venue d’ailleurs. « C’est une exigence intérieure, une nécessité souveraine, un acte de responsabilité envers notre peuple, notre économie, notre avenir », selon le ministre Nacanabo. Selon Aboubacar Nacanabo, le blanchiment des capitaux demeure préoccupant au Burkina Faso. A titre illustratif, des études montrent que les pertes occasionnées par les flux financiers illicites au cours des dix dernières années ont atteint les 50 milliards de F CFA, pour le seul secteur minier.

 

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