Depuis 1980, la Banque mondiale évalue les politiques publiques et les institutions des 75 pays les plus pauvres de la planète, dont 39 se trouvent en Afrique. Les ressources de l’IDA permettent d’apporter des changements positifs dans la vie de 1,5 milliards de personnes résidant dans les pays éligibles à son aide. Depuis sa création, l’IDA a soutenu des activités dans 113 pays.
Le volume annuel des engagements est en constante augmentation et élève en moyenne à 18 milliards de dollars au cours des trois dernières années. Environ 54% de ce montant est destiné à l’Afrique. Pour continuer de bénéficier de ces fonds concessionnels, 16 indicateurs de développement, regroupés dans quatre catégories: gestion économique; politiques structurelles; politiques d’insertion sociale et d’équité; gestion et institutions du secteur public ont été définis. Ce système, mis en place depuis 1980, est l’évaluation des politiques et des institutions en Afrique, plus connu sous son acronyme anglais CPIA.
Il ressort du classement CPIA que le Burkina Faso stagne depuis les trois dernières années avec une note de 3,6 points sur 6. Pendant ce temps, le Rwanda est resté meilleur élève en 2015, 2016 et 2017 avec une note de 4 points sur 6. Cette meilleure performance du Rwanda est non seulement à l’échelle régionale mais aussi mondiale.
La recette de ce « succès story Rwandais», selon le chef-économiste de la Banque mondiale pour l’Afrique, Dr Albert Zeufack, «c’est l’application stricte des 16 indicateurs de développement par le Rwanda».
Le gouvernement burkinabè avec l’appui de la Banque mondiale entend s’inspirer de ce bon exemple rwandais pour déceler les insuffisances afin d’améliorer le score, et par ricochet, tirer le maximum d’allocations de l’IDA pour réduire la pauvreté. Pour se pencher sur cette problématique, la représentation de la Banque mondiale au Burkina a initié un atelier sur: «CPIA au Burkina Faso: Performance et domaines d’amélioration». C’était le vendredi 7 décembre 2018 à Ouagadougou.
Cette rencontre a réuni les décideurs politiques, les acteurs de la société civile, les médias et bien d’autres acteurs.
Dans une présentation faite à l’assistance par Dr Abdoul Ganiou Mijiyawa, économiste principal/Bureau du Burkina Faso, il ressort que la note CPIA du Burkina a diminué en 2017 de 0,1 point comparé à son niveau en début de décennie (2008). La raison est due à la réduction de l’efficacité de la gestion économique et de la baisse de qualité de la gouvernance. Dans le même temps, les politiques d’inclusion sociale ont enregistré une amélioration, alors que les politiques structurelles sont restées dans un état stable.
Malgré ces facteurs handicapants, Dr Abdoul Ganiou Mijiyawa note que le pays des Hommes intègres demeure un des meilleurs performateurs en Afrique Sub-saharienne (ASS).
C’est ainsi que le Burkina Faso à une note supérieure à la moyenne de l’Afrique Sub-saharienne (3,1) et des pays IDA (3,2) en 2017.
Il explique cela par le fait que sa note est supérieure à la moyenne du continent, à celles de la Côte d’Ivoire (3,4) et du Mali (3,4). Il poursuit que le Burkina Faso devrait s’inspirer du Rwanda (4), du Sénégal (3,8), du Cap- Vert (3,7), Kenya (3,7) et Tanzanie (3,7) qui sont des meilleurs performateurs en ASS.
Mais pour y arriver, le pays devra accepter de faire de profondes réformes, et cela dans tous les domaines couverts par le CPIA.
Rachel DABIRE