Le Directeur national de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et les Directeurs généraux des banques et établissements de crédit, ont tenu leur traditionnelle rencontre de concertation, le 6 décembre 2018 à Ouagadougou, au siège de la BCEAO.
Ce dernier rendez-vous de l’année (le 4e), a permis de dresser le point de la première édition de la semaine de l’inclusion financière (du 26 novembre au 1er décembre 2018), de présenter les principales tendances du cadrage macroéconomique, ainsi que l’évolution de la situation économique et de l’activité bancaire, de même que le secteur de la microfinance du Burkina.
Le premier point des échanges entre les banquiers et la presse a porté sur la conjoncture économique actuelle. Est-ce qu’elle impacte les banques? À ce niveau, Luanga Charles Ki-Zerbo, Directeur national de la BCEAO, affirme que la vigueur de l’activité économique du Burkina Faso se poursuit.
Selon les prévisions de la Banque centrale, le taux de croissance économique au Burkina devrait atteindre 7%, contre 6,9% l’année précédente.
Un avis que partage aussi le Vice-président de l’APBEF-B, Joël Touré.
«Lorsqu’on parle de conjoncture, nous sommes inscrits dans un processus de croissance, vu la physionomie de l’économie au Burkina.
Et les banques sont un indicateur de croissance. Certes, il y a des périodes de l’année, où nous sentons un ralentissement dans certains secteurs précis, mais cela reste une croissance tout de même», a déclaré le patron de UBA-Burkina.
Il affirme qu’au niveau des banques «on ne parle pas de conjoncture», parce que «le portefeuille des déposants est en croissance, de même que le portefeuille des crédits. Pour nous, ce sont les indicateurs qui tirent la croissance au niveau des banques», a poursuivi M.Touré. Luanga Charles Ki-Zerbo, pour sa part, a annoncé que «la croissance au Burkina, sur les trois dernières années, se renforce. Nous étions en dessous de 6% en 2016, en 2017, on est au-dessus de 6% et en 2018 on prévoit 6,7% du PIB. Je sais que pour le public, ces chiffres ne sont pas toujours perceptibles. Mais il y a deux choses qui le sont. C’est d’une part l’activité minière qui se développe de plus en plus, avec des augmentations des quantités d’or extrait et exporté. L’autre point perceptible, c’est la bonne campagne agricole. Il y a aussi les activités bancaires qui ont progressé».
Pour le directeur national de la Banque centrale, c’est le contexte sécuritaire qui peut susiter des inquiétudes, mais l’ensemble de l’Union est dans la dynamique de renforcer les politiques publiques et fiscales. La tendance économique au Burkina n’est pas divergente de celle de l’Union.
L’autre point de la conférence de presse a porté sur le Bureau d’information sur le crédit (BIC). L’on se souvient que le Conseil des ministres du 19 septembre 2018 a marqué son accord pour la transmission d’un projet de loi portant modification de la loi n°013-2016/AN du 03 mai 2016, portant réglementation des BIC au Burkina Faso, à l’Assemblée nationale.
Quel est l’objectif d’une telle modification de la loi ?
Selon les explications du Directeur national de la BCEAO, ce projet de loi vise «à lever l’obligation d’obtention du consentement préalable du client sur les anciens prêts afin de permettre au BIC de collecter, d’utiliser, de partager et de diffuser les informations sur les antécédents de crédit des clients». Selon les propos de M. Ki-Zerbo, l’adoption de cette loi permettra au BIC de disposer d’une base mieux alimentée, qui pourrait induire une amélioration du taux de consultation.
En clair, le BIC est un dispositif qui permet à l’ensemble des acteurs, les banques, les grandes entités de micro-finance, de partager toutes les informations sur leurs clients emprunteurs. Cette disposition va concerner aussi les grands facturiers (à savoir les fournisseurs d’eau, d’électricité, etc.) qui seront sur la même plateforme pour donner le point sur les engagements des clients.
«Cela permet de déterminer les bons clients. Ce qui permettra aux banques d’accorder du crédit plus facilement», explique le directeur national de la BCEAO.
Et il poursuit: «pour ce faire, il faut que la base de la plateforme soit la plus large possible. Il y a un cadre réglementaire qui pose cela. Mais techniquement cela prend du temps pour la mobilisation des données et s’assurer qu’elles sont correctes». Qu’est-ce qui ralentit le processus? Du point de vue de la protection des personnes et des données, on doit recueillir le consentement des clients pour que leurs données puissent être retransmises de manière sécurisée au Bureau, sous le contrôle de la Banque centrale. Un processus long qui ralentit. Donc la modification de la loi permet d’aller plus vite. Le consentement sera garanti par les nouveaux clients, et pour les anciens, on peut contourner cet obstacle juridique en disant que le recueil du consentement juridique n’est pas requis.
NK
Stratégie régionale d’inclusion financière: la naissance d’un comité national de suivi de la mise en œuvre
Au cours de la semaine de l’inclusion financière de l’UEMOA, la stratégie régionale d’inclusion financière dans l’UEMOA a été présentée. Une session de travail y a été consacrée à cet effet et elle a permis de mettre en exergue le rôle des parties prenantes dans la mise en œuvre de son plan d’action. A la fin de la session, il a été décidé de la mise en place d’un Comité national de suivi de la mise en œuvre de la stratégie régionale d’inclusion financière. Pour le compte du Burkina Faso, ce comité est présidé par Wilfried Kientega Kaongo. Cette stratégie régionale d’inclusion financière qu’il va piloter au niveau national tourne autour de 5 axes que sont: la promotion d’un cadre légal et réglementaire; l’assainissement et la sécurisation du secteur de la microfinance; la promotion des innovations favorables à l’inclusion financière des populations mal desservies; le renforcement de l’éducation financière et la protection des clients.
Le budget régional voté pour l’atteinte de ces objectifs est de 2,205 milliards de F CFA, financé par la BCEAO et ses partenaires techniques et financiers.