Quelles seront les prochaines innovations que le ministère de la communication compte apporter aux prochaines Universités africaines de la communication de Ouagadougou (UACO)? Quelles sont les possibilités de financement de la presse privée ? Le ministre de la Communication et des Relations avec le parlement, Porte-parole du gouvernement, Rémis Fulgance Dandjinou, donne des éléments de réponses.
L’Economiste du Faso : Quelles sont les perspectives de financement de la presse privée, avec la mise en place du Fonds d’appui ?
Rémis Fulgance Dandjinou, ministre de la Communication et des Relations avec le parlement, Porte-parole du gouvernement: Il faut rappeler que le Fonds d’appui à la presse privée (FAPP) a été mis en place par la loi de finances 2016 votée par le Conseil national de la transition (CNT). Les 2 lois de finances rectificatives qui sont intervenues l’ont maintenu. Il est financé à hauteur de 700 millions de FCFA. Le seul problème, c’est que le FAPP, dans le texte, n’est pas un fonds national de financement. Il ne peut pas faire des crédits ou mettre à la disposition des médias de l’argent. Des études que nous avons menées, il est ressorti que la subvention à la presse privée étant de 400 millions de FCFA, la loi interdit d’avoir en même temps le crédit et la subvention à cette hauteur. Nous étions pour le renvoi de la subvention à la direction générale des médias. Aussi, un certain nombre d’inquiétudes a été soulevé en lien avec la capacité de pérennisation de ce fonds. Nous sommes dans une situation qui nous amène à garder le fonds, et les patrons de presse suivent la gestion. Une option est d’ouvrir un compte dans une banque de la place qui permettra d’assurer le remboursement de l’emprunt contracté par un organe de presse. Les discussions avec les banques doivent nous amener à avoir le taux d’intérêt le plus bas possible après avoir prélevé les frais de dossiers, les frais d’assurance. Nous ne demandons pas à être rétribués. C’est vers ce modèle que nous nous acheminons. Notre souci est de faire augmenter les 700 millions de FCFA les prochaines années. Le gouvernement était prêt pour une augmentation de ce montant, mais compte tenu de la situation difficile actuelle, on se demande si nous aurons une capacité à garantir le remboursement de la somme.
Les discussions sont en cours avec les banques, et nous voulons finaliser le dossier très rapidement. Les patrons de presse privée semblent favorables à cette initiative. Il reste à définir les critères d’éligibilité au fonds, parce qu’il ne faut pas qu’une seule entreprise prenne 100 millions de FCFA sur les 700 millions de FCFA disponibles et empêche les autres d’en avoir accès pour faire face aux besoins de trésorerie et réaliser des investissements. Ce fonds ne doit pas disparaitre. Mais, il faut qu’on aille au-delà du fonds pour trouver d’autres moyens de financement. Des lignes existent dans certaines banques. Il nous faut voir avec le ministère des Finances pour que, petit à petit, les médias puissent se passer de la subvention.
Qui joue au gendarme par rapport à l’application de la convention collective et à l’accès au fonds ?
Nous avons voulu, cette année, mener une étude sur l’application de la convention collective, mais les arbitrages budgétaires, liés aux questions défense et à la faiblesse du recouvrement avec les mouvements sociaux dans certains ministère, ne l’ont pas permis. Il est pourtant important de savoir quelle est la situation de la convention collective aujourd’hui. J’en parle avec aisance, parce que je fais partie de ceux qui ont discuté de cette convention collective. 12 années après, on peut dire que cette convention collective est dépassée. Les salaires de 2006 ne sont pas applicables en 2018, car les autres corps ont connu des évolutions sur leurs salaires. Il est donc nécessaire de revoir cette convention collective. Mais, si les entreprises appliquaient cette convention, le problème ne se poserait pas. Nous avons 157 radios d’une grande utilité, mais est-ce qu’il ne faut pas revoir les modalités de la convention au profit de ces radios ? C’est aux acteurs de décider. Ce sont les limites de l’organisation au niveau du monde des médias. La même situation prévaut pour la carte de presse. Aujourd’hui, cette carte de presse n’est pas obligatoire et ne permet pas d’identifier un journaliste. Dans une cérémonie, on ne sait pas qui est «activiste» et qui est journaliste. La carte de presse devait au moins permettre de privilégier les journalistes. Je salue au passage le travail qui est fait à l’ONI pour donner plus de crédit à la carte de presse.
E K
Quelles seront les innovations de la prochaine édition des UACO ?
Les UACO sont un cadre important de réflexions. La prochaine édition aura lieu en novembre 2019 sous le thème: «La communication géopolitique de l’Afrique et des pays africains : construire une autre image». Nous avons voulu recentrer cette année le thème sur l’image du continent africain qui a besoin d’être réécrite par nos médias. Je reconnais le mérite de ceux qui ont créé les UCAO et qui les portent, mais l’une des innovations à apporter, c’est de sortir des UACO réalisées par les «amis des amis». Il faut recentrer les UACO sur les acteurs que sont les médias et les universitaires, pour qu’elles deviennent un lieu de rayonnement de la réflexion sur la communication en Afrique, de manière générale, et au Burkina, en particulier. Pour l’édition 2019, nous avons comme pays invité la Côte d’Ivoire, pour élargir les UCAO. Nous allons à notre tour apporter notre touche en mettant en place un réseau structurant moins lié aux personnes qui dirigent ce ministère ou qui se trouvent dans le gouvernement. Il faut que les UCAO contribuent à la visibilité du Burkina et aident les médias en termes de réflexions.