Les prix à la pompe du gasoil et du Super, affichés dans les stations-service, n’ont pas connu de changement depuis 2016. Depuis cette date où l’Etat avait consenti une baisse de 50 FCFA sur ces deux principaux produits, c’est un statut quo. Pourtant, les clignotants sont en train de virer progressivement au rouge. La facture de la subvention risque de frôler les 100 milliards de F CFA d’ici à la fin de l’année, si la tendance générale haussière qui est observée sur le cours du Brent et sur le Dollar est maintenue (voir tableau 1).
Ces deux indicateurs qui permettent de déterminer le prix d’achat et son trend actuel ont une conséquence directe sur le prix réel des produits pétroliers. Le prix réel, c’est le prix auquel le litre de carburant devrait être vendu à la pompe sans la subvention de l’Etat. Pour le mois de septembre, les calculs du Comité interministériel sur les prix des hydrocarbures (CIDPH) font ressortir le prix réel du litre du Super 730,61 F CFA et celui du gasoil à 656,34 FCFA, soit respectivement une subvention de 128,61 FCFA et de 130,34 FCFA. Vu la tendance à la hausse du cours du Brent et du Dollar, la facture de la subvention évolue dans le même sens afin de permettre aux Burkinabè de s’approvisionner à un prix abordable. La question est de savoir jusqu’où l’Etat peut tenir cette subvention des prix à la pompe. Selon le CIDPH, «les efforts cumulés de l’Etat pour le maintien des prix à la pompe en septembre 2018 sont estimés à 9.054.000.256 FCFA; soit près de 60 milliards de FCFA depuis le début de l’année 2018».
Si la tendance actuelle se maintient, la subvention avoisinera les 100 milliards de FCFA. Elle représente une charge importante pour le budget de l’Etat et n’est pas du goût de certaines institutions de Brettons Woods qui invitent l’Etat à faire jouer la vérité des prix et du marché. Le gouvernement était dans ces dispositions avec la baisse des prix de 2016. Mais, depuis cette date, il a fait le mort.
Le nouveau pouvoir, sachant le sujet sensible, hésite au vu des répercussions possibles sur la chaine économique et des possibles remous sociaux. Difficile donc d’appliquer la vérité des prix dans cette situation. En attendant, le gouvernement joue la montre, guettant une fenêtre pour laisser s’exprimer la vérité des prix.
FW
CIDPH, le conseil du gouvernement
Le CIDPH est le Comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures. C’est une structure d’aide à la décision que le gouvernement a mise en place pour lui faire des propositions pertinentes afin de déterminer le prix des hydrocarbures mois après mois au Burkina. Il est chargé de collecter toute documentation et toute information relatives au marché pétrolier international, de les exploiter en vue de retenir des éléments d’informations qui puissent être nécessaires à la détermination des prix des hydrocarbures. Il est également chargé de proposer la structure des prix au gouvernement.