A mesure que les inculpés du procès du putsch défilent à la barre, on a le sentiment d’une partie de poker entre les acteurs ; partie de poker où les coups sont bien calculés entre la partie civile, le parquet et la défense.
Mais, ces dernières semaines, les avocats des inculpés sont dans une logique de défense en ligne concernant le rapport d’expertise des SMS. Rares sont ceux qui ont reconnu les leurs, mettant parfois en doute l’intégrité de l’expertise. Le parquet ne s’est, certes, pas laissé déstabiliser par cette attaque en règle d’une pièce aussi importante du dossier.
Le doute est semé dans l’esprit de l’opinion et, peut-être, dans la tête des jurés. Tel est le but du jeu, et c’est un moyen de défense comme tout autre que de dénoncer l’authenticité d’une pièce à la barre.
Mais, sans une contre-expertise qui aurait pu être exigée en son temps par les conseils des accusés, que va décider le tribunal quand il entrera en délibération ?
Est-ce une méprise de la part des avocats de la défense ou bien n’ont-ils jamais eu communication de cette pièce ci-décisive dans l’accusation?
Après avoir bataillé contre la question de la légitimité du président et celle du tribunal, la défense poursuit son travail de sape des pièces clés du procès : les SMS entre les présumés putschistes, indices ou preuve de leur implication. Et, il n’est pas exclu qu’elle ait marqué des points au sein de l’opinion. Mais, en la matière, ce n’est pas l’opinion qu’il faut convaincre, mais les jurés.
D’ailleurs, l’opinion se pose la question aujourd’hui de savoir pourquoi les écoutes téléphoniques impliquant Guillaume Soro, Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolet ont pu faire l’objet d’une contre-expertise à la demande des accusés et pas ces SMS ? Une question à laquelle seule la défense pourrait répondre.
Par Abdoulaye TAO