Depuis le 12 juillet 2018, la République populaire de Chine a inauguré son ambassade au Burkina Faso. Cet évènement intervient après la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays. Depuis cette date, de gros investissements chinois sont annoncés au profit du Burkina Faso. Mais, quel intérêt a la Chine à intervenir au Burkina Faso ? Qu’est-ce que le Burkina Faso compte tirer en retour?
En attendant la formalisation des accords de coopération et d’investissement entre les 2 pays, il y a lieu d’attirer l’attention des décideurs sur le fait que le Burkina Faso pourrait mieux tirer parti des accords et conventions internationaux qu’il signe avec d’autres pays. Intéressons-nous aux conventions pour la promotion des investissements. L’Economiste du Faso en a dénombré une quinzaine dont celles ratifiées avec le Canada, la Suisse, le Bénin, la Guinée, les Iles Comores, la Corée du Sud, le Malaisie, le Ghana, l’union économique belgo-luxembourgeoise, l’Allemagne, la Tunisie, le Maroc, la Chine Taïwan, etc. Quant à la dénomination de ces accords et en relation avec leurs domaines, on peut lire: «Convention de protection mutuelle des investissements ; convention de promotion et de protection réciproques des investissements ou conventions d’encouragement et la protection mutuelle des investissements». Mais, les contenues restent pratiquement les mêmes. Celle avec le Canada est la dernière en date. Elle a été signée le 20 avril 2015 entre le gouvernement du Burkina Faso, représenté par le ministre du Commerce et de l’Artisanat, Hyppolyte Dah, et le ministre canadien du Commerce international, Ed Fast. Elle accorde des avantages aux entreprises des 2 pays qui désirent faire des affaires dans l’un ou l’autre pays. Cette convention, qui ne diffère pas des autres, précise que chaque pays encourage la création de conditions favorables permettant aux investisseurs de l’autre pays de faire des investissements sur son territoire. Chaque pays promeut, dans la mesure du possible, les investissements sur son territoire par les investisseurs de l’autre pays.
En plus, chaque pays permet que tous les transferts se rapportant à un investissement visé soient effectués librement et promptement vers son territoire et à partir de celui-ci.
Ces transferts comprennent : les contributions aux capitaux, les bénéfices, les dividendes, les intérêts, les gains en capital, les paiements de redevances, les frais de gestion, d’assistance technique et autres frais, les bénéfices en nature, ainsi que toute autre somme provenant de l’investissement visé. A y voir de près, les entreprises canadiennes profiteront plus de cette convention. Combien d’entreprises burkinabè investissement au Canada ? Par contre, elles sont nombreuses les entreprises canadiennes établies au Burkina Faso. Rien que dans le domaine minier, IAMGOLD Essakane, SEMAFO, ROXGOLD, ENDEAVOUR et, dernièrement, TERANGA GOLD exploitent des mines industrielles au Burkina Faso. En contrepartie, le Burkina Faso pouvait négocier, entre autres, un certain nombre de bourses pour ses étudiants canadiens, comme le fait le Maroc d’une manière volontaire.
En lien avec le secteur minier, le Burkina pouvait négocier avec le Canada un renforcement des capacités des petites et moyennes entreprises sur les standards internationaux afin qu’elles soient aussi compétitives que les entreprises canadiennes dans la fourniture des biens et services miniers. Au regard du fait que le pays ait toujours, et jusque-là, tiré une contrepartie insignifiante de ses engagements, il devrait prendre les précautions nécessaires dans sa nouvelle relation avec la Chine afin d’exploiter au mieux les opportunités qui s’offriront à lui, pour en capter le maximum de bénéfices pour sa population.
Le Canada est le plus gros investisseur au Burkina
Le Canada est le principal pourvoyeur d’Investissements directs étrangers (IDE) au Burkina Faso, ces dernières années. Selon le Fonds monétaire international (FMI), sur 1.660 milliards de FCFA d’investissements étrangers en 2014, 444 milliards de FCFA, représentant 26,8% des IDE, proviendraient de ce pays. Ces investissements ont été faits dans le secteur extractif. Après le Canada, viennent les Iles Barbades considérées comme un paradis fiscal avec 272 milliards de FCFA, représentant 16,4% des IDE, et la France avec 220 milliards de FCFA, soit 13,3% des IDE.
Elie KABORE