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Vallée du Sourou: que devient l’héritage de Sankara ?

Le 26 avril 1984, Thomas Sankara donnait le coup d’envoi des travaux d’aménagement de la vallée du Sourou dont l’objectif était l’irrigation de 16.000 hectares. Dans la même foulée, il lançait la construction d’un campement dans les environs de la jonction entre le fleuve Mouhoun et le cours d’eau Sourou. Il s’agit essentiellement du barrage, du chenal et des vannes qui servent aujourd’hui à gérer et à contrôler le flux d’eau du Mouhoun et du Sourou (cours d’eau), et à alimenter la vallée de la province du Sourou en eau suffisante pour les cultures irriguées. Pour le président Thomas Sankara, très attaché à l’autosuffisance alimentaire par une production intérieure accrue, il était primordial que ces genres d’ouvrages soient mieux construits, au regard des enjeux socioéconomiques et géostratégiques qu’ils incarnent. Aujourd’hui, la vallée du Sourou, c’est un potentiel de 30.000 hectares aménageables. Seulement 1/10e des terres, représentant environ 3.000 hectares, est exploité. Ces périmètres aménagés sont exploités en paysannat et en privé par plus de 3.000 producteurs organisés en 11 coopératives agricoles, 4 groupements de producteurs et 17 entrepreneurs agricoles ou acteurs de l’agrobusiness. Mais, la vallée du Sourou, c’est aussi cette difficulté d’accès. Le manque de voies d’accès pèse lourdement sur le rendement des producteurs. L’exemple illustratif est le prix d’achat des spéculations qui varie au gré des saisons. Si, en décembre, lors des premières récoles, le sac de 125 kg d’oignons s’achetait à 50.000 FCFA ; dès avril, le même sac s’échange contre 7.500 FCFA. Des échelles de prix qui impliquent aussi la tomate et les cultures céréalières. «Si on arrivait à utiliser tout son potentiel, la vallée du Sourou dépasserait en production Bagré», foi du directeur régional de l’Agriculture de la Boucle du Mouhoun avec qui nous nous sommes entretenus. Celui-ci reste confiant quant à l’avenir de la vallée. Pour lui, les autorités du pays ont en projet de transformer la vallée en un agropole. Il s’agira de promouvoir la production en amont et en aval, mais aussi la transformation et la commercialisation. En témoigne la construction avancée d’une unité de transformation de la tomate dans la vallée. De belles perspectives donc pour la région de la Boucle du Mouhoun.

NK


La vallée du Sourou

Le Sourou, affluent de la Mouhoun à son coude, au Nord-Ouest du Burkina Faso, est une rivière paradoxale ; puisque parcourue d’aval en amont par les eaux du fleuve lors de sa crue annuelle. Il a suffi d’établir en 1983 un petit barrage sur son confluence pour créer une réserve d’eau d’une capacité de 600 millions de m3. Depuis, il y a toujours de l’eau dans la vallée du Sourou. Pour profiter de cette eau, d’importants travaux ont été réalisés afin d’irriguer les rives de la vallée.
Plus de 3.000 ha y sont ainsi aménagés. Chaque année, les producteurs de riz y font deux saisons de cultures: une pendant la saison sèche (de janvier à juin) et une autre pendant l’hivernage, de juillet à novembre-décembre. Les magasins des différentes coopératives du Sourou témoignent des potentialités de la vallée. Mais, presque toujours pleins, ces magasins témoignent également des difficultés actuelles des producteurs.


 

Oignons et tomates

Surproduction, enclavement de la vallée et état défectueux de la voie. Ce sont là les principales difficultés que dénoncent les producteurs de la vallée du Sourou. Ces derniers produisent en abondance de l’oignon, du maïs, du riz et de la tomate pendant la contre-saison. En 2017, la vallée a produit 70.000 tonnes d’oignons sur un total de 120.000 tonnes de production pour la région de la Boucle du Mouhoun. Entre décembre et février, le prix du sac de plus de 125kg d’oignons a chuté vertigineusement de 50.000 à 10.000 FCFA. A partir d’avril, le même sac se vendait à 7.500 F CFA. Ainsi, tout comme celle de la tomate (plus de 10.000 tonnes par saison), la commercialisation de l’oignon reste un casse-tête chinois du fait de la rareté des clients qui redoutent l’état des routes qui mènent à la vallée. Les producteurs accusent d’énormes pertes, obligeant certains à réduire les surfaces culturales ou à abandonner la production.


 

La pêche dans la vallée

En termes de pêche, la vallée du Sourou est classée 3e au rang nationale de la production de poissons, après la Kompienga et Bagré. Le potentiel de la pêche dans cette zone est estimé entre 600 et 1.000 tonnes par an. La pêche traditionnelle est généralement pratiquée par les pêcheurs autochtones : les Dafing. Les espèces les plus répandues dans cette vallée sont le Tilapia et le Silure. En 2010, on estimait la valeur économique de cette activité à plus de 550 millions de F CFA.

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