Pour Assita Ouédraogo, la vie n’a pas toujours été facile. Avec les moments de tristesse et de désespoir qu’elle a connus, l’on peut dire que son existence, à un moment donné, ressemblait à une mer avec des vagues qui la tenaient en déséquilibre. Tout a commencé quand elle a perdu son époux. Sans emploi, sans revenu et sans aucune formation professionnelle, elle se vit obligée de mendier pour nourrir ses enfants. Mais heureusement pour elle, son chemin va croiser celui d’Adaja.
C’est cette dernière qui va lui redonner de l’espoir et une situation valorisante. Et comme ce fut le cas pour de nombreuses autres femmes, la veuve apprend gratuitement le métier de tissage. Aujourd’hui, Assita Ouédraogo est devenue le pilier de sa famille, car elle arrive à subvenir aux besoins des 16 personnes qui sont à sa charge. Mieux, elle est devenue une cheffe d’entreprise qui emploie à son tour six personnes.
Cet exemple illustre bien le rôle important que joue Adaja, cette société de tisseuses de pagnes qui s’est donné pour mission d’aider les plus démunies à devenir financièrement autonomes en leur apprenant gratuitement le métier de tissage. Et c’est pour impacter davantage la société dans laquelle il évolue que le centre a fait appel à La Fabrique, un incubateur d’entreprises qui a ouvert ses portes au Burkina Faso en 2014, pour l’aider à se professionnaliser et à restructurer ses activités.
Cela devrait aussi lui permettre de satisfaire au mieux les besoins de sa clientèle et donc de mieux se positionner sur le marché. Après dix-huit mois de dur labeur, l’accélérateur de start-up a organisé un défilé de mode dans la nuit du vendredi 8 juin 2018 pour montrer le savoir-faire d’Adaja. C’est du moins ce qu’a déclaré Lisa Tietiembou, directrice générale de La Fabrique, à l’occasion de cette soirée très glamour organisée au Centre aérée de la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) à Ouagadougou.
Pari réussi pour La Fabrique et la fondation L’Occitane
Elle a réuni des invités de toutes catégories. En effet, hommes et femmes, Occidentaux et Africains, jeunes et moins jeunes, sans parler des autorités comme le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Siméon Sawadogo, ont tous probablement eu raison de faire le déplacement, car le savoir-faire des femmes de l’association, allié à la créativité des stylistes de marque comme TBonty ou Koro Deka style, les a tenus en haleine tout au long du défilé. Cette première collection que les organisateurs ont voulue tradi-moderne, était caractérisée par la simplicité des motifs et des couleurs, la légèreté et la finesse des pagnes et la précision du tissage. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le public qui n’a pas été avare en applaudissement a été accroché par le spectacle, tant et si bien que certains n’ont pas vu le temps passer.
Cette activité, rappelons-le, a été organisée à l’occasion des Journées de l’entrepreneuriat social, une initiative de La Fabrique qui a eu lieu les 7, 8 et 9 juin 2018 à Ouagadougou. Ce fut l’occasion pour la promotrice de cette structure, Lisa Tietiembou, d’exprimer sa gratitude aux différents partenaires d’Adaja. Il s’agit en l’occurrence de la fondation L’Occitane qui a également accompagné le centre pendant ces deux années de professionnalisation. Selon les explications de Kadi Traoré, qui a pris la parole au nom de cette institution, c’est en 2016 que les responsables du centre Adaja ont proposé un programme devant permettre d’améliorer les conditions de travail des femmes qui y pratiquent le tissage. Il s’agit de la mise en place d’un atelier entièrement équipé et de l’amélioration du cadre environnemental à travers l’élaboration d’un système de traitement des eaux usées issues de la teinturerie. «C’est au regard de la responsabilité sociale et environnementale de ce projet que nous avons sélectionné cette structure pour lui apporter notre appui. Aujourd’hui, nous sommes fiers de ce que nous avons accompli avec Adaja», a indiqué la jeune femme. Elle a également dit tout le bien de la fondatrice de cette association, Elisabeth Delma. A son avis, cette dernière a réussi à créer une plateforme qui, non seulement, permet aux bénéficiaires d’améliorer leurs conditions de vie, mais aussi d’être épanouies dans le travail qu’elles font au quotidien.
ZS
Une collection baptisée «Renaissance»
Pour ceux qui se poseraient la question, Adaja est un prénom biblique qui signifie en hébreux bénédiction. Elle a choisi de baptiser cette première collection «Renaissance», parce que le centre, après ses quarante années d’existence, a réussi à se professionnaliser. La prochaine étape sera de changer son statut juridique pour prendre officiellement le titre de fondation.
En rappel, depuis sa création par Elisabeth Delma, Adaja s’est engagé aux côtés des femmes en situation d’extrême vulnérabilité pour faciliter leur insertion professionnelle. Le centre agit de trois manières, à savoir les actions de solidarité et de protection des couches vulnérables à travers l’hébergement d’urgence, la médiation dans les conflits familiaux et l’alphabétisation. Il intervient également dans la formation professionnelle de ces personnes et enfin dans l’accompagnement pour le démarrage de leurs nouvelles activités (mise à disposition de matériel nécessaire, don de premier fonds de roulement et la contribution à la vente des produits grâce à la mise à disposition de son réseau). Pour ce qui est de ses services, la société propose une collection de cinquante pagnes, renouvelée chaque six mois, une collection d’accessoires faite à partir du Faso Danfani, une gamme de produits de fil teinté et le service tailleur spécialisé en collaboration avec de grands stylistes, entre autres.