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Entrepreneuriat des jeunes : Ces talents qui ont osé

Qui l’eût cru ? Le Burkina Faso regorge d’incroyables talents. C’est, en tout cas, ce que notre équipe a constaté à l’occasion d’une tournée effectuée les 25, 26 et 29 mai 2018 dans la région du Plateau central. C’était en compagnie du ministre de la Jeunesse, de la Formation et de l’Insertion professionnelle, Dr Smaïla Ouédraogo, qui a voulu rencontrer les jeunes ayant bénéficié de fonds pour lancer leurs activités respectives. Entre émerveillement, satisfaction et encouragements, le membre du gouvernement a également pris connaissance des difficultés rencontrées par cette frange de la population.

Un art inné
Mahamoudou Kaboré, plus connu sous le pseudonyme Maha Décor, a découvert très tôt son talent. Tenez-vous bien ! Il a la faculté d’observer et de représenter avec justesse des personnages, des paysages et des objets ; un art qui lui est inné. En effet, c’est en classe de CP1 qu’il commence à faire quelques esquisses.
Au CP2, il dessine une P50 ; un modèle d’engin à deux roues très prisé il y a encore quelques années. «Ma maîtresse était tellement impressionnée par l’œuvre qu’elle a décidé de l’afficher dans un coin de la classe», explique l’artiste. A partir de la classe de CM1, il réalisait les schémas de science pour ses aînés des classes supérieures.
Conscient de son «don» et considérant le fait qu’il soit de plus en plus difficile pour les diplômés de trouver du travail de nos jours, il décide, en classe de 5e, de suspendre définitivement son cursus scolaire pour se tourner exclusivement vers la peinture ; un choix qu’il a probablement eu raison de faire, car, en 2014, Mahamoudou ouvre son atelier qu’il appellera «Maha Décor» et où il propose plusieurs services comme le portrait, le dessin, la calligraphie et la peinture bâtiment, voiture, engin deux roues, etc.
Dynamique et rigoureux, il prouvera à tous ceux qui croyaient le contraire que ce travail nourrit son homme, tant et si bien que d’autres jeunes décident de lui emboîter le pas. Dès lors, son art fait de lui une célébrité à Zorgho, et les parents commencent à lui envoyer leurs progénitures afin qu’il leur transmette son savoir-faire. Aujourd’hui, Maha Décor compte neuf apprentis dont trois filles et il se rend régulièrement à Ouagadougou pour exécuter des marchés.

Innover pour survivre
Mais, contrairement à lui, Guy Hyacinthe Ouibga n’a pas voulu s’abandonner à sa passion. En effet, avec son Certificat de qualification professionnelle (CQP) en électricité-bâtiment obtenu après la classe de 3e, il a préféré ouvrir une boutique de quincaillerie et de maintenance en électricité. Mais, manque de bol, il sera confronté à l’absence de moyens et à la concurrence déjà très rude.
Le jeune homme se convainc alors que, pour survivre, il faut innover. A partir de 2015, il associe la création et la vente d’œuvres d’art à son activité. Dès lors, il reçoit beaucoup de commandes qui lui permettent d’assurer ses besoins. Le trentenaire qui réside à Ziniaré confectionne des statuettes, des porte-clés, des tableaux de mariage ou d’anniversaire, des bijoux, des cartables, des chaussures, des veilleuses, des bracelets, etc. Aujourd’hui, la quincaillerie a totalement disparu de son entreprise appelée «Yasco Décor».
Mahamoudou et Hyacinthe ne sont pas des cas isolés. Au cours de cette tournée avec le ministre et sa délégation, nous avons découvert beaucoup d’autres personnes et associations qui, ne serait-ce qu’à leur petit niveau, contribuent au développement dans le Ganzourgou, l’Oubritenga et le Kourwéogo.
Pour le gouvernement, il s’agit d’encourager d’autres acteurs de cette génération à suivre leur exemple. Raison pour laquelle ceux-ci ont été conviés à une rencontre d’échanges le 29 mai 2018 à Ziniaré. A la fin des discussions, le patron de la séance, Smaïla Ouédraogo, a indiqué que la jeunesse est très engagée. «Malheureusement, elle est confrontée à des difficultés comme le manque de formation. De plus, elle n’est pas orientée vers l’apprentissage des métiers.
Cependant, les participants ont compris que, de nos jours, il est préférable de se tourner vers ces filières», a expliqué le chef du département. Par ailleurs, le ministre a reconnu que des efforts doivent être faits à leur niveau, notamment en matière de centres de formation disposant de formateurs qualifiés. Cette rencontre a également permis au ministère d’apporter un soutien matériel à ces entrepreneurs qui ont utilisé à bon escient le crédit mis à leur disposition.
Entre autres, Georgette Kaboré, coiffeuse à Boussé, a reçu du matériel complet pour son salon ; l’association Kabeela des femmes de Guiloungou a reçu un soutien financier de 350.000 francs CFA pour la construction d’un puits et le promoteur de Maha Décor a, lui aussi, obtenu un chèque de 500.000 FCFA pour l’acquisition d’une machine devant lui permettre de perfectionner son travail.

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Des actions multiformes

Cette sortie de terrain entre dans le cadre du projet «Jeunesse en mouvement», lancé par le ministère. Il comporte plusieurs volets, à savoir «Repère des jeunes», une émission radiophonique qui sera réalisée dans les 45 provinces et qui vise à mettre en lumière des exemples. Il y a par exemple «Modèle», une émission télé avec le même objectif que le premier, le «Jeune de la semaine» qui vise à valoriser la jeunesse, «L’association du mois» et «Rendez-vous avec les jeunes» qui vise à échanger avec la nouvelle génération et leur présenter les potentialités des régions dont ils sont originaires.

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