A l’issue de deux jours et une nuit en garde à vue dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, à Nanterre, l’industriel français Vincent Bolloré a été présenté aux magistrats du pôle financier, qui ont décidé de le mettre en examen, le 25 avril, pour «corruption d’agents publics étrangers», «complicité d’abus de confiance» et «faux et usage de faux».
Dans un communiqué, le groupe Bolloré a nié le 25 avril dernier toute irrégularité. Une position réitérée après la mise en examen de Vincent Bolloré, dans un autre communiqué. «M. Vincent Bolloré, qui reste présumé innocent, pourra avoir enfin accès à ce dossier dont il n’a jamais eu connaissance et répondre à ces accusations infondées», ajoute le groupe dans ce communiqué.
Il est soupçonné d’avoir financé la campagne électorale de dirigeants africains qui, par la suite, lui ont accordé des concessions portuaires. Deux pays sont dans le collimateur: la Guinée d’Alpha Condé et le Togo de Faure Gnassingbé, qui ont tous les deux bénéficié des conseils de l’agence Havas durant leurs campagnes en 2010.
Une accusation qui survient après la saisie de nombreuses pièces comptables lors de perquisitions chez Havas, en 2014 et 2015, puis au siège de Bolloré, à Puteaux, en avril 2016. Pour les enquêteurs, des dépenses électorales des deux présidents ont été prises en charge par le groupe Bolloré. Après l’annonce de la nouvelle, le titre Bolloré, qui était en hausse, a cédé 3,7% à 4,25 Euros. Vivendi, dont Vincent Bolloré est le premier actionnaire, a aussi basculé dans le rouge et perd 0,81% à 20,83 Euros. Selon le site d’information Challenges, cette affaire n’a rebondi que récemment, de façon incidente, suite aux investigations des enquêteurs de l’OCLCIFF dans une autre enquête visant la société Pefaco. Basée en Espagne, cette entreprise est dirigée par Francis Pérez, un proche de plusieurs chefs d’Etat africains, qui a beaucoup investi dans l’hôtellerie et les jeux en Afrique. C’est en examinant les relations entre Francis Pérez et Jean-Philippe Dorent, responsable du pôle international de Havas Paris, que les policiers sont remontés jusqu’à Bolloré. Francis Pérez avait d’ailleurs, lui aussi, été placé en garde à vue en même temps que les dirigeants de Bolloré. Le groupe Bolloré est présent dans 46 pays sur le continent et exploite 16 terminaux à conteneurs ainsi que trois concessions ferroviaires. Il emploie 25.000 personnes en Afrique. En Afrique, ses activités ont dégagé un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’Euros l’an dernier.
NK
L’empire Bolloré
Vincent Marie Claude Bolloré est président du conseil de surveillance de Vivendi SA ; président de Blue Solutions; président de la Financière de l’Odet SA ; président-directeur général de Bolloré SA ; président de BB Group GmbH ; président de Somabol ; président-directeur général de la Financière du Champ de Mars SA; président du conseil de surveillance du Groupe Canal + SA ; directeur général et administrateur de la Financière V SAS et directeur général d’Omnium Bolloré SAS. Il est membre du conseil d’administration de Socfinaf SA ; de Socfinasia SA; de la Société financière des caoutchoucs SA; de la Financière V SAS; d’Omnium Bolloré SAS; d’Agro products investment Co.; de Boeren Bond; de Bolloré Africa Logistics Congo; de Brabanta et de Coviphama. Moncey; de Fred & Farid Group SAS ; d’Immobilière de la Pépinière SA ; d’Induservices SA; de Liberian Agricultural Co.; de Plantations des Terres Rouges SA; de Plantations Socfinaf Ghana Ltd. ; de SAFA Cameroun SA; de SFA SA; de Socfin Agricultural Co. Ltd.; de Socfin KCD Socfinde SA; de Socfindo; de la Société Camerounaise de Palmeraies SA ; de la Société Industrielle et Financière de l’Artois SA; de Terrasia; de la Compagnie du Cambodge SA ; de StudioCanal SA ; de Canal Group LLC; de Bereby-Finances SA et de la Société de Caoutchoucs de Grand-Bereby.